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le blog d'Edmée - Page 176

  • Grand écran: "Jessica Forever", l'amour pour vaincre la violence. Audacieux, étrange et fascinant

    jessica-forever-1024x554-4220981.jpgSaisissant, le début est d’une rare brutalité. Le jeune Kevin se jette contre la baie vitrée d’un pavillon de banlieue qui se brise, et s’écrase à l’intérieur de la pièce. Il est grièvement blessé. Surgissent alors une bande de garçons armés jusqu’aux dents sous la direction de Jessica, une divine guerrière aux yeux bleu-vert sublimes. Elle soigne ses blessures avant que ses petits soldats ne l’emportent, évitant de justesse un essaim de drones qui leur fonce dessus.

    On pourrait se croire dans une sorte de James Bond, mais Caroline Poggi et Jonathan Vinel, auteurs de ce premier long métrage plus que prometteur, vont très vite nous emmener ailleurs avec Jessica Forever..Dans un univers légèrement mais suffisamment futuriste pour qu’on y perde nos repères, où une frange de la population est impitoyablement traquée et tuée sans sommation par les dits drones.

    Les victimes sont les orphelins, des individus violents, dangereux qui auraient tous commis dans le passé, nous informe une voix off, des actes inavouables. Pour survivre. Une dizaine d’entre eux, à l’image de Kevin, ont eu la chance d’être recueillis par Jessica. Qui les a sauvés d’un destin tragique.

    Jeanne d’Arc vêtue de cuir, madone, sainte, grande sœur, mère, déesse, elle est incarnée par la troublante Tessinoise Aomi Muyock (photo), découverte en 2015 dans Love de Gaspar Noé. Magicienne à l’aura mystique, elle règne en douceur sur ses orphelins qui la vénèrent, leur offrant, pour les changer et leur redonner confiance en l’humanité, l’amour dont ils ont été privés dans une société qui les a rejetés et en a fait des monstres. 

    Plus ou moins asexués, un peu mutants, Michael, Lucas, Kevin, Dimitri et leurs potes sont comme des enfants, dont ils ont le vocabulaire. Ils aiment les gâteaux, les céréales, les glaces, les siestes collectives, jouer avec des chatons, tout en s’entraînant au combat, dans l’attente perpétuelle d’une attaque des redoutables forces spéciales.

    Une famille aussi bizarre qu'idéale

    Jessica subvient à leurs besoins, les protège. Ensemble ils forment une famille un monde dans lequel ils ont la possibilité et surtout le droit de vivre. C’est sur cette famille aussi bizarre qu’idéale que se concentre les deux réalisateurs, livrant un film hybride, inclassable, étrange, fascinant, envoûtant, hypnotique.

    Questionnement sur la violence actuelle, Jessica Forever est un objet cinématographique difficilement identifiable, qui peut séduire à la fois les ados et les cinéphiles. Déstabilisant, dépaysant, flirtant avec le jeu vidéo, l’action, la science-fiction, le fantastique, ce conte moderne à la frontière des genres n’appartient à aucun. Audacieux, radical, inventif, sensoriel, il invite au lâcher-prise. On s'abandonne à l’expérience avec plaisir.

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 8 mai.

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  • Grand écran: avec "Astrid", on découvre la mère de Fifi Brindacier. Joli portrait

    becoming_astrid_-_image_-_01_758_426_81_s_c1.jpg"Astrid, comment fais-tu pour écrire si bien sur ce que c’est d’être un enfant, quand tu n’en as pas été un depuis si longtemps?" demande un petit garçon dans une lettre à une vieille dame qu’on voit de dos, face à une fenêtre, et qui ouvre un sac plein de courrier. On est en 1987. La dame en question, qui fête son anniversaire n’est autre que le personnage d’Astrid Lindgren, l’écrivaine suédoise, notamment créatrice de la fameuse Fifi Brindacier. Mais aussi de Ronya fille de brigands, ou encore de Zozo la tornade.

    Ce n’est pourtant pas à la mère de l’héroïne qui l’a rendue célèbre que s’intéresse au premier chef Pernille Fischer Christensen. Les questions des jeunes lecteurs poussent Astrid à se souvenir. La réalisatrice danoise remonte ainsi jusqu’en 1920 pour nous laisser découvrir une adolescente déjà rebelle, bien qu’élevée dans une ferme au sein d’une société austère et moralisatrice par une mère dévote. Mais aussi par un papa étonnamment compréhensif qui la laisse libre d’aller travailler dans un journal local alors qu’elle n’a que 16 ans.

    Pleine d’imagination, elle ne tarde pas à se distinguer par ses talents d’écriture, tombe amoureuse de son patron marié, et se retrouve enceinte de cet homme dont on découvrira la lâcheté. Obligée de se rendre au Danemark, plus ouvert et libéral, pour accoucher, Astrid met au monde un garçon, Lasse, qu’elle confie à une mère d’accueil, avant de devoir s’en occuper elle-même à la mort de cette dernière.

    Un début fondateur

    Alors qu’il est atteint d’une pneumonie, elle commence à lui raconter des histoires pour enfants, C’est le début, fondateur, de sa carrière. Suite à une longue série d’épreuves, la talentueuse jeune femme indépendante va révéler son tempérament frondeur. Libre, elle est déterminée à s’en sortir envers et contre tout. Et puisera dans ses souffrances et ses combats pour inventer des héroïnes à son image, aventureuses, énergiques et casse-cou.

    En choisissant l’angle particulier de la période jeune de sa protagoniste, la réalisatrice livre ainsi le joli portrait d’une femme dont on ne connaissait pas grand-chose, interprétée par l’excellente Alba August, la fille de Bille. Toutefois, en dépit d’une certaine magie, on regrette le déroulé assez languissant du film et le classicisme convenu de la mise en scène.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 8 mai.

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  • Grand écran: en route pour les Gay Games avec "Les crevettes pailletées". Drôle, festif et émouvant

    les-crevettes-pailletees-affiche-critique-avis-film-660x330.jpgUn papa tiraillé entre sa passion du sport et sa vie de famille, un mec qui ne pense qu’au cul, une transgenre de choc au caractère explosif qui ne cesse de se mettre en scène, un puceau transi, un quinqua, doyen de la bande, affolé par les années qui passent… Voici un échantillon des Crevettes pailletées, une fine équipe de water-polo gay, que Mathias Legoff, vice-champion de natation, est condamné à entraîner pendant trois mois après avoir tenu des propos homophobes.

    Les crevettes doivent se rendre en Croatie pour participer aux Gay Games, le plus grand rassemblement sportif homosexuel du monde. Problème, elles sont bien davantage motivées par la fiesta que par la compétition. De son côté Mathias ne se donne pas franchement à fond dans ce job imposé, où il doit composer avec des gens dont  l’univers est tellement loin du sien. Mais on s’en doute,  tous ses repères seront bientôt bousculés, ce qui lui permettra de voir les choses différemment.

    Cette comédie à l'ambiance délirante entre le voyage en bus touristique, les péripéties, les entraînements, est signée Maxime Govare et Cédric Le Gallo. Ce dernier qui évoluait dans la vraie équipe, celle des Shiny Shrimps, a réellement participé aux Gay Games dont la dernière édition s’est tenue à Paris en 2018.

    Déjanté, décalé, drôle, festif, tout en ménageant des moments forts, dramatiques, émouvants, ce feel good movie qui multiplie les chorégraphies tient à la fois de Priscilla folle du désert et de Full Monty aquatiques. Ainsi que du Grand bain auquel il fait évidemment immédiatement penser, mais en plus cynique et audacieux, à l’instar d’un final aussi irrévérencieux que grandiose. Sans compter que les acteurs, nettement moins déprimés, sont autrement sexy en maillots que les Canet, Anglade, Poelvoorde et compagnie...

    une-equipe-anti-homophobie.jpgCertes, les deux auteurs n’évitent ni les clichés ni la caricature avec des personnages stéréotypés, mais leur but est d’amuser, de revendiquer le droit à la différence et à l’outrance, en faisant passer un message de tolérance, d’ouverture, de lutte contre toute forme de discrimination. Même au sein de la communauté, où on peut se détester cordialement comme dans n’importe quel milieu.

    Mission accomplie alors qu’on assiste à une recrudescence de violences anti-LGBT, notamment en France. Pour confirmer d'ailleurs que le film a son importance et ne se limite pas à la gaudriole, un baiser entre deux hommes dans la piscine a dernièrement fait la Une de l’Equipe. Le magazine a en effet consacré un numéro spécial autour de la question de l’homophobie dans le monde du sport qui peine à briser le tabou.  

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 8 mai. 

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