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le blog d'Edmée - Page 182

  • Grand écran: "Sibel" traque le loup pour échapper à la meute villageoise...

    image.jpgFilm franco-germano-turc signé Cagla Zencirci et Guillaume Giovanetti, notamment centré sur l'exclusion, Sibel suit une femme de 25 ans. Cette sauvageonne habite avec son père et sa sœur dans un village isolé des montagnes qui dominent la Mer noire en Turquie. Muette, elle s’exprime dans l’ancestral langage sifflé de la région, moyen de communication de vallée en vallée, retranscrivant à travers les sons toutes les syllabes de la langue turque.

    Son handicap provoque le rejet des habitants, mais en même temps, il lui a permis d'être élevée plus librement par un père lui autorisant quelques escapades. Et de vivre ainsi de manière plus indépendante que les autres femmes qui ont abandonné leurs rêves et vivent sous la domination des mâles décidant de leur destin et de leur existence.

    Ne correspondant à aucune d’entre elles, Sibel achève en quelque sorte de s’affranchir de cette société patriarcale que forme la meute villageoise, en traquant… un loup mystérieux, objet de fantasmes et de craintes des femmes qui n’osent plus sortir de la commune. Alors qu’elle parcourt les bois en quête de la mystérieuse et redoutable créature, elle tombe sur un fugitif blessé, un personnage vulnérable différent de ceux qu’elle connaît et qui va lui ouvrir des portes.

    Sans juger, les réalisateurs proposent un film flirtant avec le thriller et le mysticisme, porté de bout en bout par la belle, solaire et touchante Damia Sönmez. Elle se révèle très convaincante dans son rôle de rebelle, façon Jeanne d’Arc moderne. Voire louve finalement dominante...

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès le mercredi 20 février.

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  • Grand écran: "Les héritières", l'émancipation d'une bourgeoise paraguayenne déchue

    2670925.jpg-r_1920_1080-f_jpg-q_x-xxyxx_0.jpgPendant trente ans, Chela (Ana Brun), une riche héritière paraguayenne, a mené la grande vie avec sa compagne Chiquita (Margarita Irun). Mais les choses ont changé pour elles à Asuncion, au sein d’une société en pleine mutation. C’est d’ailleurs à ce moment-là que l’histoire commence, dans un appartement qui va petit à petit se vider de ses meubles. Au bord de la faillite, les deux femmes doivent en effet vendre leurs biens et tenter de s’adapter à une nouvelle vie.

    Chela, bourgeoise apathique qui n’a jamais rien fait de ses dix doigts, s’accroche encore à ses privilèges et n’imagine pas se passer d’une domestique. Passant son temps à peindre et à dormir, elle laisse Chiquita s’occuper des affaires du couple et le garder à flot, jusqu’au jour où elle se retrouve en prison pour fraude fiscale.

    Dès lors Chela va devoir se débrouiller seule et, alors qu’elle n’a pas conduit depuis longtemps, sort sa vieille voiture et décide de faire le taxi pour un groupe de femmes aussi âgées que fortunées de son quartier. C’est à cette occasion qu’elle rencontre la jeune Angy (Ana Ivanona), qui non seulement provoque chez elle des sentiments troublants, mais la pousse enfin à s’ouvrir aux autres.

    Avec Les héritières le Paraguayen Marcelo Martinessi livre un premier film dont les hommes sont pratiquement exclus, à la fois mélancolique, pudique, non dénué d’humour et d’optimisme en dépit de la situation. Il brosse le portrait d’une sexagénaire déchue après avoir fait partie d’une caste bichonnée par la dictature. Une héroïne rondelette peu gâtée par la nature qui s’émancipe et va audacieusement découvrir la liberté dans un contexte dont le réalisateur dénonce aussi la survivance d’un conservatisme démodé.

    Cette chronique intime surfant sur le politique et le social a valu deux prix à son auteur lors de la dernière Berlinale, dont un Ours d’argent à son interprète principale Ana Brun.

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 13 février.

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  • Grand écran: "La Favorite", sulfureuses intrigues de cour entre sexe et course au pouvoir

    a-favorite_0.jpgYorgos Lanthimos, inclassable et inventif auteur grec  de CanineThe Lobster et Mise à mort du cerf sacré, a choisi cette fois une œuvre en costumes, dont il brise évidemment les codes dans une réalisation très enlevée. Loufoque, décomplexée, provocante et fantasque, La Favorite se déroule au début du XVIIIe siècle. La guerre fait alors rage entre l’Angleterre et la France durant le règne d’Anne (Olivia Colman), la dernière des Stuart, sans héritier malgré ses 17 grossesses.

    Empâtée, de caractère instable et de santé fragile (elle souffre de la goutte), la souveraine est nettement plus intéressée par les courses de canards, ses lapins chéris (devenus ses enfants) et ses petites turpitudes personnelles que par les affaires du pays.

    Elle laisse gouverner à sa place son amie Lady Sarah, la duchesse de Marlborough (Rachel Weisz), à l’origine de la lignée Spencer-Churchill dont sont issus la princesse Diana et Winston Churchill. Tout se passe à merveille entre les deux femmes très complices, jusqu’à l’arrivée d’Abigail Hill-Masham (Emma Stone), destituée de son titre de baronne suite aux spéculations de son père et que Sarah, sa cousine, accepte de prendre comme servante.

    Excellentes comédiennes

    Mais la belle et ambitieuse Abigail n'a pas la moindre intention de rester au bas de l'échelle. Bien décidée à renouer avec ses racines aristocratiques, elle parvient à gagner la confiance de la reine, devient sa nouvelle confidente et provoque la jalousie de Sarah.

    Formant un triangle amoureux cruel, nos guerrières sexuellement libérées et révélant des traits de caractère insoupçonnés, s’opposent dès lors dans une course dévastatrice au pouvoir. C’est le péché mignon du réalisateur qui aime évoquer dans ses films les luttes d’influence au sein d’un groupe, en privilégiant le côté psychologique

    Les trois actrices  sont excellentes, Olivia Colman (photo), qui a pris 16 kilos pour le rôle, plaisant plus particulièrement au jury de la Mostra de Venise, en décrochant le prix d’interprétation. Quant à l’auteur de cet irrévérencieux film de femmes qui ont le contrôle sur les hommes, basé sur une réalité historique dont il joue, il a remporté le Grand Prix. La comédie  est par ailleurs, avec Roma, une grande... favorite des Oscars.   

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 6 février.

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