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le blog d'Edmée - Page 155

  • Grand écran: Dans "Police", Anne Fontaine met trois flics face à un terrible cas de conscience. Une réussite

    534426-police-de-anne-fontaine-avec-omar-sy-decouvrez-l-affiche-2.jpgTrois flics parisiens, Virginie (Virginie Efira) Aristide (Omar Sy) et Erik (Grégory Gadebois), se portent volontaires pour une mission inhabituelle. Il s’agit de reconduire un sans-papier à la frontière  Sur la route de l’aéroport, Virginie comprend qu’il risque la mort s’il retourne dans son pays. Face à cet insoutenable cas de conscience, elle tente de convaincre ses partenaires de le laisser s’échapper. 
     
    Police, excellent nouvel opus d’Anne Fontaine, l’un de ses meilleurs, n’est pas un ixième film sur l’institution. Tout en regroupant plusieurs problématiques, la réalisatrice se concentre sur son trio principal, confronté au quotidien sombre et sordide d’un métier usant moralement et physiquement. Qu’il s’agisse de récupérer les affaires d’une femme battue par son mari ou recueillir le cadavre d’un bébé dans un garage. 
     
    D’emblée, elle présente ses protagonistes principaux à travers la même journée montrée de trois points de vue différents. On découvre Virginie pleine de doutes, préoccupée par ses problèmes existentiels et domestiques, Aristide, fanfaron un peu lourdaud et macho, blagueur, aimant écouter Balavoine, ainsi qu’Erik, flic alcoolique, aigri, usé, qui n’en a plus grand-chose à foutre. Mais peut-être pas....    
     
    Après cette première partie, on passe à la reconduite sous grande tension du migrant à l’aéroport, où se situe le véritable enjeu de l’histoire. Dans le trajet en voiture propice au débordement d’émotions des policiers et de leur prisonnier,  Anne Fontaine évoque le redoutable dilemme entre l’obéissance aveugle à la hiérarchie et la transgression de l’ordre donné. C’est alors que Virginie tente de convaincre ses deux collègues de changer d’avis. 
     
    Servi par un scénario intelligent, une mise en scène habile et efficace, une belle photographie d’Yves Angelo, Police, un thriller qui touche, est en plus porté par trois comédiens formidables, très justes dans leur rôle respectif de héros du quotidien face aux misères du monde. 
     
    Anne Fontaine s’est plongée dans la vie d’un commissariat

    1583182442444_0620x0435_0x0x0x0_1583182464170.jpgRécemment de passage à Genève, Anne Fontaine nous en dit plus sur Police librement adapté (elle a notamment changé le dénouement) du roman éponyme d’Hugo Boris. L’élément déclencheur a été le fait qu’on lui désigne ce livre.

    "Cela m’a intriguée. J’ai imaginé que c’était du genre policier, ce qui n’est pas ma nature. Mais j’ai rapidement senti une proximité avec l’héroïne qui va faire une sorte de voyage intérieur. J’ai apprécié ce mélange chez elle entre l’intime et la fonction, ce que cache l’uniforme, sa fragilité qui l’amène à réfléchir sur l’inhumanité de leur mission".

    L’enjeu du film, c’est la question du libre arbitre

    Les règles sont strictes dans cette profession On ne donne pas la liberté de penser par soi-même. Cette rigidité est incarnée par Grégory Gadebois. Mais la désobéissance est vitale.

    Vos descriptions de la routine policière sont très réalistes. Avez-vous eu des contacts dans le milieu?

    Je me suis effectivement plongée dans la vie d’un commissariat. J’ai vu beaucoup de caractères différents. J’ai pu tous les observer grâce à un formateur de recrues qui a été mon guide. Le Roland Barthes de la police! J’ai retrouvé, comme dans Les Innocentes, un groupe socio-culturel enfermé dans la hiérarchie, des thèmes qui m’intéressent.

    Vous prenez votre temps pour installer vos personnages avec ces trois points de vue sur une même journée.

    J’avais le sentiment que cela créait une intimité. L’expérience les transforme. C’est le premier acte. On ne sait pas ce qui va se produire. Du coup, ils ne partent pas de la même façon vers Roissy.

    En chemin, Virginie doit persuader ses deux collègues de laisser leur prisonnier s’enfuir. 

    Aristide pense qu’elle débloque Mais on voit la faille chez lui. De son côté Erik se fait violence. J’ai beaucoup aimé traiter ce personnage opaque.

    Comment s’est opéré le choix des comédiens?

    J’ai tout de suite pensé à Virginie Efira et à Grégory Gadebois. Virginie a quelque chose de familier, tout en étant lumineuse, sensuelle, avec une vie derrière son masque. Quant à Gadebois, il est incroyable. Il a cette fibre populaire. Je l’adore.

    Et Omar Sy?

    Ce fut une rencontre un peu inhabituelle dans un hôtel. Nous sommes restés une heure ensemble. On a parlé de notre enfance. Aucun de nous deux ne se sent légitime à Paris. Nous partageons des sentiments identitaires complexes. Il a ce côté sexy, doux, vulnérable. Il m’a dit oui après avoir lu le scénario. Je lui ai demandé de se libérer de ses expressions trop appuyées. La direction d’acteurs, qui me passionne, joue sur des détails.

    Présidents, sa prochaine comédie politique

    Après Police, la cinéaste commence en octobre le tournage d’une comédie politique fantaisiste, Présidents. Sans le dire mais tout le monde le comprendra ils représentent Sarkozy et Hollande, se retrouvant tous les deux en Corrèze. Avec Jean Dujardin et Grégory Gadebois. Chanteuse lyrique, Dora Tiller sera la femme de Dujardin, tandis que Pascale Arbillot, une vétérinaire, jouera la compagne de Gadebois.

    Anne Fontaine envisage ensuite de s’attaquer à Ravel. Un gros défi. "J’ai toujours eu envie  d’écrire sur un grand compositeur. Mais Boléro sera financièrement un film dur à monter". On devrait y retrouver le charismatique et talentueux Swann Arlaud.

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 2 septembre.

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  • Grand écran: Avec "Tenet", attendu comme le Messie, Nolan espère le miracle

    tenet5choses.pngAttendu comme le Messie pour ramener les spectateurs dans les salles désertées à cause de la Covid, Tenet déboule aujourd’hui sur les écrans. Pour autant, Christopher Nolan, réalisateur de The Dark Knight, Insomnia, Inception ou Interstellar. maître du film d’auteur en forme de blockbuster, peut-il prétendre au miracle? Un peu moins qu’espéré.,,

    L’idée générale: remonter le temps pour prévenir une troisième guerre mondiale ,Voilà qui paraît simple dit comme ça. Sauf que c’est tout le contraire. Fidèle à son thème favori, donc le temps, son écoulement et sa perception, Christopher Nolan, seul auteur du scénario, propose une  histoire d'espionnage à la James Bond, aussi extraordinairement complexe que son concept, basé sur l’inversion.

    Par exemple, une balle inversée part de son point d’impact pour revenir dans le barillet. Fortiche! Cela posé, la scientifique qui explique la chose prévient qu'il ne faut pas essayer de comprendre. Il y a intérêt. Tenter de résumer Tenet, titre palindrome où le temps s'écoule dans les deux sens est vain. A moins de vouloir absolument se faire exploser les neurones. On se contentera de remarquer qu’on découvre une sombre affaire de déchets nucléaires, deux espions américains, un oligarque russe, une femme prisonnière et une mystérieuse Indienne apparemment au courant de tout. 

    4777274.jpgMise en scène virtuose, rythme d'enfer et bons comédiens

    Mais au-delà de son scénario dense et tordu griffé Nolan, Tenet, qui se déroule à un épuisant rythme d’enfer, a évidemment des atouts. A commencer par sa mise en scène virtuose et un travail formidable sur l’image et le son. Visuellement, c’est spectaculaire. Les scènes d’action, les voitures et les gens avançant à reculons, les fusillades, les affrontements musclés ont beaucoup pour plaire aux inconditionnels du cinéaste et aux amateurs du genre.

    Le film est par ailleurs porté par d’excellents comédiens. John David Washington qu’on avait beaucoup aimé dans BlacKkKlansman, se montre convaincant dans sa volonté purement altruiste de sauver le monde. Même s’il apparaît aussi paumé que le pékin, scotché ou non à son fauteuil.  

    C’est l'inverse chez le personnage incarné par Robert Pattinson qui semble bien maîtriser la situation. Très loin du héros translucide de Twilight qui a fait sa gloire, Pattinson conforte là son statut de grand acteur après ses partitions chez David Cronenberg et surtout dans The Lighthouse, qui avait fait courir les festivaliers comme des dératés sur la Croisette l’an dernier. En ce qui concerne Kenneth Branagh dans le rôle du méchant pouvant  inverser le temps, on a rarement vu plus odieux. Enfin, ne pas oublier la grande blonde Elizabeth Debicki oscillant sur des talons de vingt centimètres et dépassant tous les protagonistes masculins d’une bonne tête.

    En revanche, outre la complexité souvent inutile de l’intrigue, on reprochera le côté très (trop) verbeux de l’opus très (trop) long, rendu encore plus occulte par l’usage immodéré, déroutant d’un jargon scientifique confinant aufatras. Reste que c’est à voir. Deux fois pour mieux saisir la chose si vous avez… le temps. L'oeuvre  dure 2h30.

    A l’affiche dès mercredi 26 août.

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  • Grand écran: "Ema y Gaston", odyssée urbaine sauvage pour danseuse en quête de libération

    ema-gael-garcia-trailer.jpgAprès sa trilogie sur la dictature Pinochet et ses biopics sur Pablo Neruda et Jackie Kennedy, Pablo Larraín, le grand réalisateur chilien, revient au présent avec Ema Y Gaston. Ce film féministe, au récit complexe, se déroule sur fond de danse salvatrice.

    Ema (Mariana Di Girolamo), danseuse, professeur d’expression corporelle à Valparaíso, et Gaston (Gael García Bernal), son mari chorégraphe qui accompagne sa troupe expérimentale, ont adopté Polo un petit garçon colombien qui a vécu dix mois avec eux.

    Ces deux êtres aux caractères opposés sont visiblement débordés dans leur tâche de parents. Après que Polo  a mis le feu à la maison et gravement blessé sa  sœur, Ema se résout à le rendre aux services sociaux. Cet abandon et la tentative de le récupérer mettent le couple à rude épreuve.

    Sur fond de culpabilité, de malaise et de tension, Pablo Larraín nous plonge dans une mer de sons et d’images. Il nous entraîne dans une expérience sensorielle en forme de ballet sexuel et libertaire où la jeune Ema en feu, héroïne bouillonnante de passion et d’énergie danse de toutes ses forces, partant dans une sorte d’odyssée sauvage à travers la ville en quête de sa libération personnelle et éventuellement d’une nouvelle vie.

    Suivant Ema, les danseuses investissent les places publiques, se déhanchant et se pliant au rythme du reggaeton que Gaston déteste. Genre musical inspiré de la musique latine, qui a connu ses premiers succès internationaux en 2004, le reggaeton est aussi une danse urbaine qui exprime la liberté.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 19 juillet.

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