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le blog d'Edmée - Page 140

  • Invitée spéciale, Jodie Foster recevra une Palme d'or d'honneur au 74e Festival de Cannes

    Habituée de Cannes depuis plus de quarante ans, elle y a présenté sept films en tant que comédienne et réalisatrice, Jodie Foster sera l’invitée spéciale de la Cérémonie d’ouverture qui se déroulera le 6 juillet- Elle  donnera le coup d’envoi de la 74e édition du festival (qui, a-t-elle déclaré, a totalement changé sa vie), et  s’achèvera le  17 juillet avec le palmarès délivré par Spike Lee, président du président du jury,

    Après Jeanne Moreau, Bernardo Bertolucci, Jane Fonda, Jean-Paul Belmondo, Manoel de Oliveira, Jean-Pierre Léaud, Agnès Varda et Alain Delon, nous rappelle le communiqué de presse, Jodie Foster recevra la Palme d’or d’honneur qui salue un parcours artistique brillant, une personnalité rare et un engagement discret mais affirmé pour les grands sujets de notre époque.

    Jodie Foster a 13 ans quand, en mai 1976, elle monte les marches du Palais Croisette. pour présentre Taxi Driver de Martin Scorsese, qui repart avec une Palme d’or. Quarante-cinq ans plus tard, elle viendra chercher la sienne, de médaille..  

    Entre ces deux dates, sa filmographie concilie industrie hollywoodienne et cinéma d’auteur. Eelle est partagée entre l’interprétation de quelque 50 œuvres et la réalisation de quatre autres. Elle a aussi gagné deux Oscars pour Les Accusés en 1989, et Le Silence des agneaux en 1992) joué avec les plus grands-des, Robert de Niro, Anthony Hopkins, Mel Gibson, Kristen Stewart, Denzel Washington, devant la caméra de  David Fincher, Robert Zemeckis, Spike Lee, Alan Parker ou Claude Chabrol,

    On l’attend avec impatience en avocate dans le passionnant Désigné coupable (The Mauritanian), drame biographique américano-britannique de Kevin McDonald, où elle donne la réplique à Tahar Rahim. Le film doit sortir le 14 juillet dans les salles de Suisse romande. 

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  • Grand écran: avec "Petite maman", Céline Sciamma livre un conte onirique, fantastique et déroutant

    Son sublime  Portrait d’une jeune fille en feu  lui avait valu le prix du scénario et la Queer Palme à Cannes en  2019.  Céline Sciamma, cinéaste de l’enfance et de l’adolescence  (La naissance des pieuvres, Tomboy , Bande de filles), revient aux sources avec son cinquième long métrage  Petite maman, où une fillette de 8 ans devient l’amie de sa propre mère, Marion, quand elle avait son âge.

    Cette gamine, c’est Nelly. Après être passée de chambre en chambre pour dire adieu aux pensionnaires de la maison de retraite où sa grand-mère adorée vient de mourir, elle part ranger les affaires et  vider la demeure de la disparue avec son père et sa mère. Cette dernière a passé dans cet endroit chargé d’émotion et de souvenirs, les moments sans doute les plus beaux et insouciants de sa vie. Elle a aussi construit une cabane au pied d’un arbre pour s’y réfugier.  

    Nelly voudrait tellement qu’on lui raconte tout cela.  Mais sa mère, poussée par la tristesse, s’en va brusquement. L’enfant restée seule avec son père qui ne se souvient de rien, part explorer la forêt environnante, découvre la cabane et rencontre une petite fille comme elle, qui s’appelle Marion... comme sa mère et se transforme en sa petite maman. Quelques mots échangés et le courant passe immédiatement entre elles. Elles courent dans les bois, racontent et inventent des histoires et mangent des crêpes chez Marion, qui habite une maison étrangement  identique à celle de la grand-mère de Nelly. 

    Ce film épuré, intimiste, bascule alors vers le surnaturel, le rêve et l’imaginaire. Céline Sciamma,, nous perdant parfois en jouant d’allers et retours avec cette relation fille-mère inversée, nous emmène pour un voyage de 72 minutes dans le temps, sans machine ni effets spéciaux pour le remonter. Tout en évoquant avec finesse et sobriété de grands thèmes comme le deuil, la reconstruction, la transmission, elle livre un conte délicat,  réaliste, fantastique, onirique, poétique, touchant et troublant. Surfant sur le double, il est joliment porté par deux sœurs jumelles Gabrielle et Joséphine Sanz. Sans oublier Nina Meurisse, dans le rôle de Marion adulte,

    Fable à la fois ambitieuse et minimaliste, Petite maman est largement plébiscitée par les critiques français, certains voyant même Céline Sciamma à son tout meilleur. Elle n'atteint pourtant au bouleversement provoqué par Portait d’une jeune fille en feu, film fascinant et envoûtant sur le regard, les sentiments et le désir.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 2 juin

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  • Grand écran: "Réveil sur Mars", émouvant portrait de famille sur fond d'étrange énigme médicale

    Dans le village de Horndal, au centre de la Suède, Furkan Demiri et sa famille, réfugiés du Kosovo, sont confrontés à une énigme médicale qui bouleverse leur existence. Les deux aînées, Ibadeta et Djeneta ont sombré dans le coma l’une après l’autre, atteintes du “Syndrome de résignation” lorsque la demande d’asile de leurs parents a été rejetée.

    La cinéaste Dea Gjinovci s’intéresse à cette mystérieuse histoire. Abonnée au New Yorker, elle lit, en avril 2017, un reportage évoquant des enfants terrassés par ce mal singulier en apprenant qu’ils allaient être expulsés de Suède. Le texte est illustré par la photo (ci-dessus) des filles endormies de la famille interwievèe.  Dea est fascinée et bouleversée. Il faut dire que cette affaire et ses protagonistes lui parlent. Née à Genève en 1993 d’un père kosovare et d’une mère albanaise, elle connaît leur culture et les traumatismes provoqués par la guerre. Elle décide donc aussitôt de partir pour la Suède et d’y tourner son documentaire, Réveil sur Mars. 

    Le film débute  par l’image des deux adolescentes alors âgées de 17 et 16 ans, allongées côte à côte dans leur lit. Elles y restent la plupart du temps ou sont transportées dans des fauteuils roulants. Jamais elles ne sortent de leur léthargie que les médecins comparent à l’hibernation des animaux. Suspendue, la vie du père, de la mère et des deux frères cadets tourne autour d’elles. Ils leur accordent une attention constante, à laquelle s'ajoutent l’attente anxieuse de leur réveil et celle de l’obtention du précieux sésame leur garantissant l’asile.  

    Petit à petit, Dea Gjinovci  nous fait pénétrer dans leur intimité, recréant leur univers si particulier, si compliqué, à l'atmosphère pesante, plombée par l'absence.  Elle a toutefois choisi de demeurer dans l’èvocation du "Syndrome de résignation"  dont les premières victimes sont apparues début 2000 en Suède, sans se perdre dans des investigations ou des explications médicales sur ses causes et ses conséquences sociales. Elle privilégie ainsi la métaphore, l’imaginaire, saupoudrés d'un zeste de science-fiction.    

    Mais Dea nous en dit plus elle-même lors d’une rencontre à Genève,  sur ce premier long métrage. Il est né d’un amour du cinéma, découvert à 15 ans avec Apocalypse Now de Francis Ford Coppola. Trois ans plus tard, à Londres, elle tente la fiction, mais sent qu’elle a besoin de davantage de matière pour s’exprimer. Elle fait alors un détour par l’économie, les sciences politiques et l’anthropologie dans le but de  mieux comprendre le monde, puis trouve un entre-deux parfait en se lançant dans le documentaire. Après Sans le Kosovo, un court sur son père exilé en Suisse en 1972. « Réveil sur Mars », émouvant portrait de famille, reflète  également  son besoin humaniste d’être à l’écoute des autres. 

    Comment êtes-vous entrée en contact avec les Demiri ?

    J’ai appelé la médecin qui s’en occupait. Elle n’était pas très encline à m’accepter jusqu’à ce que je lui montre mon court métrage, qui l’a touchée. De mon côté, je devais trouver une bonne manière de communiquer avec eux. Mais comme je parle albanais, très vite il y a eu une véritable connexion et j’ai senti une grande confiance de leur part. Je les ai vus en juillet 2017 pour les premiers repérages et je les ai suivis pendant des semaines, en retournant plusieurs fois en Suède jusqu’en octobre 2019.

    Vous donnez beaucoup d’importance à  Furkan, le petit frère de 10 ans, qui  s’est donné pour mission de construire une fusée devant emmener Ibadeta et Djeneta sur Mars, loin de leurs souffrances. D’où le titre du film. 

    En effet. Triste, déprimé, il représentait de façon intériorisée le vécu de ses sœurs. En même temps, il apporte de l’espoir. C’est en le rencontrant que j’ai développé cette idée de Mars car il voulait devenir astronaute. En récupérant des pièces détachées dans un cimetière de voitures pour réaliser son rêve, c’était pour lui une manière de s’échapper, d’oublier la situation.

    Si le film se termine par la photo de ses héroïnes sorties de leur apathie,  Dea Gjinovci n’a pas assisté à leur réveil à six mois d’intervalle, après cinq ans de coma pour l’une et trois pour l’autre.  Mais elle est retournée en Suède début 2020. «Ibadeta m’a reconnue à ma voix. Je lui ai montré un élément, le décollement de la fusée... »

    La réussite de Réveil sur Mars laisse bien augurer du prochain. Toujours passionnée par la thématique de l’exil, la réalisatrice projette une suite à Sans le Kosovo et tournera dans le village natal de son père en mettant en scène ses souvenirs. 

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 26 mai.

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