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Sorties de la Semaine - Page 254

  • Cinéma: le grand retour d'une magnifique Clotilde Courau dans "L'ombre des femmes"

    OMB0003[2].jpgAprès son mariage en 2003 avec le prince Emmanuel-Philibert de Savoie, Clotilde Courau squattait  davantage les pages people que le haut de l’affiche. La voici enfin, magnifique et émouvante, de retour dans un grand rôle chez Philippe Garrel. Qui, avec L’ombre des femmes, signe une petite perle en noir et blanc de 73 minutes.

    Ce drame sur un couple à l’épreuve de l l’infidélité présenté en ouverture de la Quinzaine des réalisateurs au dernier Festival de Cannes, revisite avec cruauté, tendresse et malice le trio ou plutôt le quatuor amoureux, en montrant que le désir est aussi puissant chez la femme que chez l’homme. (Lire  notre critique du 3 juin dernier) 

    Beaucoup d’actrices avouent qu’elles feraient n’importe quoi, réciter le bottin par exemple, pour jouer sous la direction de Jean-Luc Godard ou Woody Allen. Philippe Garrel fait cet effet-là à Clotilde Courau. "On lui dit oui sans hésiter. L’aventure dans son univers ne se refuse pas. C’était une rencontre exceptionnelle",  confie-t-elle lors d‘une interview réalisée à Genève.

    -Comment avez-vous débarqué dans son film ?

    -Grâce à Louis qui m’a présentée à son père. Philippe m’a d’abord demandé de lire le scénario, puis d'effectuer une seconde lecture avec Stanislas Merhar pour voir si notre couple était crédible.

    -Qu’est-ce qui vous fascine tant chez cet homme ?

    -Sa liberté, ses interrogations sur l'amour, sur les rapports entre l’homme et la femme.

    -Et chez Manon, le personnage principal qui vous était réservé ?

    -Ce n'est pas tellement Manon qui m'a séduite, mais surtout le fait d’être avec un cinéaste qui parle de son sujet d’une façon aussi profonde et épurée. Son enquête minutieuse du sentiment amoureux m’a beaucoup plu. En réalité, pour moi il n’y a pas de rôle, mais un metteur en scène qui filme des personnages dans l’histoire qu’il raconte. C’est un chef d’orchestre, tandis que le scénario représente une partition. Et le comédien se glisse à l’intérieur.

    -Quelle est sa manière de travailler ?

    -Une condition sine qua non, être disponible une fois par semaine et répéter pendant 14 semaines. Dès qu’on tourne, il n'y a qu'une prise. Il filme dans la chronologie et le montage s’effectue au fur et à mesure.

    -Vous êtes excellente dans "L’ombre des femmes". Une virtuose dit même son auteur. Une réaction à ce compliment particulièrement flatteur?

    -Je ferme les yeux et les oreilles. Evidemment cette appréciation me touche infiniment. En même temps, comme je suis très exigeante, je n’ai pas fini d’apprendre.

    -Vous voir chez un tel cinéaste peut paraître étonnant après ce qui s’apparente à une traversée du désert. En avez-vous souffert ?

    -C’était une période difficile mais également nécessaire et merveilleuse. Elle m’a permis de me remettre en question, de savoir ce qui était fondamental pour moi, de construire une famille et des amitiés profondes. Comme j’ai eu du temps, j’ai pu vraiment m’enrichir, approfondir ma cinéphilie, découvrir chez qui j’avais envie d’aller. Haneke, Cavalier, Godard. Ou encore le Danois Joachim Trier, dont j’ai trouvé Louder Than Bombs (réd: en compétition à Cannes) formidable.

    -Et si cela n’arrive pas?

    -Vous venez de parler de ma traversée du désert.  Eh bien aujourd’hui, je n’ai pas peur d’attendre.  Comme on dit, ce qui ne vous te pas vous rend plus fort...

    "L'ombre des femmes" est à l'affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 3 juin. 

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  • Grand écran: Philippe Garrel nous emmène à "L'ombre des femmes"

    468907[1].jpgManon et Pierre sont pauvres, mais ils s'aiment. Un couple d’artistes unis face à la précarité et vivant dans un vieil appartement délabré. Ils ont en outre une passion commune pour les documentaires qu'ils réalisent avec des bouts de ficelle et qui leur rapportent des clopinettes. En l’occurrence, ils travaillent à un métrage sur la Résistance. Inséparables dans la vie comme dans le travail pense leur entourage.

    Mais un jour Pierre trompe Manon avec Elisabeth, une jeune stagiaire. Un besoin purement physique pour lui. Sauf que la jeune femme veut plus. De son côté, Manon commence à se douter de quelque chose. Elle ne dit rien, mais se  sentant délaissée, elle prend un amant.

    Par hasard, Elisabeth le découvre. Elle hésite à le dire à Pierre, se demandant si c'est dans son intérêt. Mais frustrée de n’être qu’une amantei, elle finit par craquer. En macho blessé pour qui l'infidélité est le privilège des hommes, ce dernier en mal d’exclusivité et d’une parfaite mauvaise foi ne supporte pas la révélation. Alors Manon décide de se sacrifier… 

    Avec L’ombre des femmes, du Philippe Garrel pur sucre, l'auteur propose une variation sur l’amour, ses arrangements petits-bourgeois que ses héros méprisent pourtant, ses faux-fuyants, ses petites et grandes trahisons sur fond de lâcheté masculine et de lucidité féminine. Revisitant une situation pourtant rebattue sur un mode vaudevillesque en mettant un couple à l’épreuve d’un double adultère, il livre une comédie humaine espiègle en noir et blanc, au charme aussi inédit que singulier. Avec en off la voix de Louis Garrel.

    Le film est porté par d'excellents comédiens dont Stanislas Merhar (Pierre), Lena Paugam (Elisabeth) et surtout Clotilde Courau (Manon). Magnifique, la comédienne opère ainsi un retour très réussi au cinéma. On aura l’occasion d’en reparler lors de son interview. (Photo de gauche à droite Lena Paugam, Stanislas Merhar, Clotilde Courau)

    Film à l’affiche dans les salles de Suisse romande dès le mercredi 3 juin.

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  • Grand écran: Arnaud Depleschin livre "Trois souvenirs de ma jeunesse"

    trois-souvenirs-de-ma-jeunesse-5524f13fb4342[1].jpgDix-neuf ans après son romanesque long-métrage générationnel Comment je me suis disputé... (ma  vie sexuelle), où on suivait Paul Dédalus (référence à James Joyce), un maître-assistant trentenaire en pleine crise existentielle, le réalisateur livre Trois souvenirs de ma jeunesse.

    Il s’agit d’une préquelle où apparaît un Paul plus jeune, rôle principal joué par Quentin Dolmaire, un jeune homme aux relations chaotiques avec les filles, plaçant le sentiment amoureux au-dessus de tout, le respectant au point d’être infidèle, tentant constamment à être à la hauteur de ses exigences.

    C’est lui que se rappelle le Paul d'aujourd'hui, interprété par Mathieu Amalric. Il va quitter le Tadjikistan et se souvient de son enfance à Roubaix, de son adolescence, de la folie de sa mère, de la violence de son frère Ivan, de celle de son père, veuf inconsolable.

    Il évoque aussi son identité offerte à un jeune Russe lors d'une mission clandestine en Union soviétique, de ses 19 ans, des soirées avec ses amis dont l'un devait le trahir, de ses études à Paris, de sa vocation naissante pour l'anthropologie… Et surtout d'Esther (Lou-Roy-Lecollinet), son amour, le cœur de sa vie.  

    Conservant une approche très littéraire, maintenant parfois assez curieusement le spectateur entre l'agacement et la fascination, le film est un peu moins moins brillant qu'on l'attendait. Notamment en raison d'une première partie relativement faible, avec des comédiens pas toujours très convaincants. 

    Des réserves toutefois mineures en regard de la qualité de l'œuvre dans son ensemble. Reste que le film s’est retrouvé en Quinzaine des réalisateurs à Cannes après avoir été refusé en compétition. Pourtant, comparé à trois de ses compatriotes qui n’avaient rien à y faire, Valérie Donzelli avec Marguerite et Julien, Guillaume Nicloux avec The Valley of Love et Maïwenn avec Mon Roi, Arnaud Depleschin propose carrément un chef d’œuvre!

    Film à l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 3 juin.

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