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Sorties de la Semaine - Page 253

  • Grand écran: "Dheepan", de l'horreur de la guerre civile à la jungle urbaine

    2048x1536-fit_dheepan-jacques-audiard[2].jpgPalme d'Or au dernier Festival de Cannes pour Dheepan, Jacques Audiard, surfant sur le problème de l'immigration et de l'intégration, raconte l'histoire de trois réfugiés tamouls qui passent de l'horreur de la guerre civile à la violence de la jungle urbaine.
     
    Dheepan, c'est aussi le nom du héros, un ancien soldat tamoul. Avec Yalini, une jeune femme et Illayaal une orpheline de 9 ans, ils récupèrent les passeports de morts pour fuir le Sri Lanka. Ils ne se connaissent pas mais se font passer pour une vraie famille, suffisamment convaincante pour leur permettre de gagner l'Europe.
     
    Ils se retrouvent dans une cité de la banlieue parisienne, Pendant un temps on suit ces trois réfugiés qui tentent de se construire un foyer, une nouvelle vie, après tracasseries administratives et ballotage d'un foyer d'accueil à l'autre. Tandis que Yalini s'occupe d'un vieux caïd handicapé, qu'Illayal s'est intégrée dans son école, Dheepan a décroché un boulot de gardien.
     
    Il pense alors que le pire est derrière lui, Mais le quotidien de la cité est miné par le trafic de drogue, la rivalité brutale entre gangs. Et le malheureux ne va pas tarder à connaître un autre conflit en se heurtant violemment aux dealers dans cette zone de non droit sous haute tension où, laissant les gens s'entretuer, pas un seul flic ne met les pieds.
     
    Virage vers le thriller
     
    Une situation abusivement présentée comme  l'équivalent de la véritable guerre qu'a fuie le survivant tamoul et qui le pousse, sinon l'autorise à  rendre la justice lui-même. C'est là que le film change de trajectoire en virant vers le thriller conventionnel avec fusillades et réglements de comptes à l'appui.
     
    467e511657140cbe80989bcc804803e8bc2c2d15[1].jpgFracturé ainsi entre chronique sociale, voire sociologique et polar noir, Dheepan déçoit. Et cela en dépit d'une mise en scène impeccable et l'interprétation de ses trois principaux protagonistes non professionnels, Jesuthassan Anthonythasan, un ancien émigré tamoul en France, Kalieaswari Srinivasan et Claudine Vinasithamby.
     
    Ce n'est en effet pas du grand Audiard. Il lui manque cette puissance, cette ampleur qui avaient tant séduit dans Un prophète. Outre le basculement peu heureux du dernier tiers où Dheepan retrouve sa posture de combattant et ses instincts guerriers, l'épilogue idyllique, fleur bleue et attendu laisse également très songeur. Un euphémisme.

    Voici qui nous donne au final une Palme d'Or pour le moins discutable. Presque en forme de lot de consolation. De luxe certes, le lot...

    Film à l'affiche dans les salles de Suisse romande dès le mercredi 26 août.
     

     

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  • Grand écran: Gaspar Noé rate son coup avec "Love", premier porno en 3D

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    Affiche libertine pour cet opus labellisé hot, signé du dérageant Gapar Noé ou en tout cas se voulant tel, il n'en fallait pas davantage pour émoustiller le client accouru en masse lors de sa présentation cannoise de mai dernier. Beaucoup de bousculades pour pas grand-chose, si l'on se réfère aux maigres applaudissements à l'issue de la projection.

    Pour résumer brièvement l'affaire, le pauvre Murphy, 25 ans, étudiant en cinéma, au trente-sixième dessous suite à un coup de fil inquiétant, se retrouve seul dans son appartement. Il se souvient alors douloureusement de la folle passion dopée en drogues et excès en tous genres, vécue pendant deux ans avec Electra, femme fatale qui a mystérieusement disparu. Flash-backs...

    Entre décomposition du couple, déception sentimentale et désespoir existentiel, nous voici partis pour un mélo porno mélancolique, dégoulinant de sperme et de larmes destiné à faire bander les mecs et pleurer les filles.

    Le moins qu'on puisse dire c'est que Gaspar Noé a raté son coup, la principale originalité de Love étant d'être le premier porno en 3D et dont l'utilité, histoire de nous en foutre plein les yeux, ne se manifeste qu'à l'occasion d'une éjaculation face caméra!

    Le film ouvre sur une interminable séquence de branlette, prélude à une profusion de scènes de cul non simulées dont on relèvera certes une certaine douceur, la beauté et le côté statuaire. Trop esthétisantes toutefois pour provoquer une quelconque excitation. D'autant que les acteurs de la chose ont l'air de s'ennuyer comme des rats morts.

    Et que dire du fond, navrant. Par exemple le discours d'une rare banalité de Gaspar Noé et sa manière d'aligner sans complexes des platitudes comme "la bite n'a pas de cerveau, la vie c'est ce que tu en fais, elle n'est pas facile, en naissant on sait qu'on va mourir, je n'ai pas peur de mourir je ne veux pas souffrir…et autres lieux communs du genre.

    Sans oublier surtout Murphy, alias Karl Glusman, le héros de l'histoire. Un Américain plutôt belle gueule mais fruste, père suite à un accident de capote, constamment renfrogné, dont le vocabulaire se résume à "fucking" et "you are a piece of shit". Ce qui serait un moindre mal s'il n'était pas par ailleurs beaufissime, macho et homophobe.

    Film à l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 26 août

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  • Grand écran: "Amnesia" agite de vieux démons. Avec Marthe Keller

    amnesia[1].jpgPrésenté en séance spéciale à Cannes en mai dernier, Amnesia a eu tout récemment les honneurs de la Piazza Grande au Festival de Locarno. C'est sans doute le film le plus personnel du Suisse Barbet Schroeder qui le voit revenir à Ibiza. Non seulement le lieu où sa mère, dont il s'inspire, a vécu, mais qui est aussi celui de ses débuts cinématographiques en 1969 avec More, son long-métrage sur la drogue. 

    En bouclant ainsi  la boucle, Barbet Schroeder, tout en évoquant la naissance de la techno à Ibiza futur temple de la chose, se livre à une réflexion sur la barbarie nazie. Il agite de vieux démons en racontant l'histoire de Martha. Cette mystérieuse et intrigante Allemande s'est installée seule sur l'ïle en 1990, dans une belle maison blanche avec vue imprenable sur la mer. Symbole d'une génération qui a connu la guerre, elle a renié sa patrie depuis 1945, ne lui pardonnant pas son crime contre l'humanité.

    Elle s’interdit ainsi de parler dans sa langue maternelle, d'utiliser un quelconque objet fabriqué en Allemagne. Ou de jouer du violoncelle qui lui rappelle de trop douloureux souvenirs. Jusqu'au jour où débarque son voisin Jo, un Berlinois exubérant d'une vingtaine d'années (Max Riemelt), dingue de techno et rêvant d’être engagé comme DJ à l’Amnesia, le fameux club électro (véritablement existant) de l’île. Une amitié ambiguë naît alors entre le jeune homme et sa compatriote Martha, son aînée de 40 ans (photo), qu’il finit par entraîner dans son monde. Avec le violoncelle…

    Relation complexe sinon transgressive, dénonciation de l’amnésie allemande face à l’impossible oubli, refus d’assumer les atrocités commises forment la trame d’un film qui promettait beaucoup. Pourtant, à l‘exception de paysages sublimes inratables, rien ne va vraiment, du scénario bancal à la mise en scène maladroite.

    Sans oublier l’interprétation. Car si l’irrésistible Marthe Keller assure comme toujours, on n’en dira pas autant de ses partenaires qui se contentent d’un jeu approximatif. Il vire même carrément au gênant lors de l’apparition de Bruno Ganz dans le rôle du grand-père de Jo, se lançant dans un long monologue de repenti en pleurant sur son passé criminel.

    Film à l’affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 19 août.
     

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