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Sorties de la Semaine - Page 151

  • Grand écran: "L'intrusa" évoque la résistance dans une société gangrénée par la Mafia

    lintrusa_cinelapsus.jpgTravailleuse sociale combative de 60 ans, Giovanna fait face à une criminalité omniprésente. Elle gère un centre dans un quartier populaire de Naples qui s’occupe, en dehors des heures de classe, de gosses défavorisés et d’orphelins victimes de la pègre, offrant ainsi une alternative à la domination mafieuse de la ville.

    Un jour Maria, l’épouse en cavale d’un tueur qui vient de commettre un meurtre en se trompant de cible, se réfugie dans ce centre avec ses deux enfants. Bien qu'elle lui ait menti, Giovanna lui permet de rester dans un petit appartement d’accueil, mais se retrouve du coup confrontée à un dilemme car elle met en péril la cohésion de la petite communauté.

    Comme la jeune femme a fait partie de l’organisation criminelle qui a détruit leurs foyers, elle est en effet rejetée, jugée et condamnée par les parents qui craignent pour leur progéniture. Ils ne veulent pas d’elle, de l’autre, étrangère suspecte.

    Ils font d'elle une paria et lui dénient le droit d’être là, redoutant qu’elle n’amène la mort dans ce havre de paix où ils se sentaient jusque là à l’abri. D’où un sentiment de danger désormais permanent, Même si la Camorra est hors champ, il ne s’agit pas d’un film sur elle, mais sur des gens qui vivent à côté d’elle, elle reste présente. Y compris dans des scènes où il ne se passe rien. Par exemple celles où Giovanna rentre seule le soir chez elle. .

    Poussée par sa générosité, sa tolérance, sa foi en de meilleurs rapports humains, Giovanna se retrouve dans une position de plus en plus difficile, la peur des familles le disputant à sa volonté farouche de protéger la jeune femme.

    Formidables conédiens

    Le réalisateur Leonardo Di Costanzo pose un regard sensible, intelligent et grave sur la complexité de cette société gangrenée par la Mafia, sur ces banlieues où s’entassent les laissés pour compte, sur les limites du désir utopique de Giovanna de tenter la conciliation. 

    Le réussite de L’intrusa tient aussi à ses comédiens en majorité non professionnels. Les enfants sont formidables, à l’image de Valentina Vannino dans le rôle de Maria. Et surtout de Giovanna, interprétée par la danseuse et chorégraphe Raffaella Giordano (photo). Elégante, le regard intense, elle porte le film de bout en bout, incarnant magnifiquement un idéal de résistance dans un monde impitoyable.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande depuis le 31 janvier.

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  • Grand écran: "Wonder Wheel", plongée nostalgique de Woody Allen dans les années 50

    kate-winslet-in-wonder-wheel-di-woody-allen-prima-foto-news.jpgAlors que Woody Allen est en pleine tourmente avec les accusations réitérées d’abus sexuel de Dylan Farrow, sa fille adoptive (le cinéaste n’a cessé de démentir), sort Wonder Wheel, son 47e long-métrage. Une comédie pimentée de noir qui nous ramène à la célèbre plage new-yorkaise de Coney Island, où se déroulait la scène d’ouverture d’Annie Hall il y a 40 ans.

    Pour cette nouvelle plongée nostalgique dans les années 50 en hommage à Big Apple, l’auteur met en scène quatre personnages fuyant la réalité dans l’agitation et le bruit du parc d’attraction. Ginny, la quarantaine n'a pas renoncé à ses rêves d’actrice. Mais pour l'heure elle est serveuse dans un "diner" et vit avec Humpty, un opérateur de manège peu gâté par la nature qu’elle n’aime pas.

    Elle entame une liaison avec Mickey, un jeune et séduisant maître-nageur, poète et aspirant à devenir dramaturge. Débarque alors Carolina, la charmante fille de Humpty, qui ne voulait plus entendre parler de son père, mais qui se réfugie soudain chez lui pour fuir des gangsters lancés à ses trousses. La fin de l'illusion pour Ginny... 

    "Une métaphore de la vie"

    Avec sa mise en scène théâtrale, même très assumée, Wonder Wheel n’est pas le meilleur film de Woody Allen. Il a tendance à ronronner et, à l’image du titre de son film (en français La grande roue), tourne un peu en rond. Même si pour lui, ce mouvement reflète plutôt l’enfermement de ses personnages dans une sorte de boucle comportementale qui se répète indéfiniment. "C’est une métaphore de la vie. Passion, jalousie, haine, solitude, frustration, trahison, rien n’a changé depuis 5000 ans et ce sera pareil dans 5000 ans…", dit-il en substance au gré de ses interviews. 

    A son habitude donc, il mêle tous ces sentiments dans une relation à trois compliquée, source de tension et de conflits. Pourtant, en dépit de son manque de renouvellement, on suit avec plaisir les péripéties fofolles très alléniennes de ses héros dans une intrigue qui ne l’est pas moins. Et surtout, on est séduit par la reconstitution par infographie du lieu, l’image aux couleurs éclatantes, intenses, changeantes, absolument magnifiques. On les doit au chef opérateur Vittotio Storao, qui collabore pour la deuxième fois avec le maestro après Café Society.

    Bouleversante Kate Winslet

    Autre motif d’aimer le film, son interprétation. A commencer par Kate Winslet pour laquelle Woody Allen a écrit le rôle et qu'il dirige pour la première fois. Elle est parfaite en quadra émouvante, jalouse, complexe, perturbée, vulnérable, angoissée, en pleine confusion. Pathétique et frustrée aussi, à l’image de Jim Belushi, ancré dans son quotidien sordide. De son côté l'inattendu Justin Timberlake, looké star de l’époque, se révèle très crédible en maître-nageur tombeur des filles sur la plage. Tout comme la ravissante et sexy Juno Temple, qui fait merveille en jolie fille du coin issue d’un milieu modeste.

    Un mot encore sur A Rainy Day In New York, le successeur de Wonder Wheel achevé il y a quelques mois. En raison du scandale dans lequel Woody Allen est englué, Amazon, qui le produit, pourrait annuler sa sortie en salles aux Etats-Unis, ou la minimiser en se contentant de le rendre visible uniquement en VOD. Par ailleurs le réalisateur a été lâché par ses acteurs. Rebecca Hall et Timothée Chalamet regrettent même d’avoir travaillé avec lui au point de reverser leur cachet au mouvement Time Up.

    Wonder Wheel à l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 31 janvier.

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  • Grand écran: "Sparring" avec Mathieu Kassovitz dans la peau d'un tâcheron du ring

    maxresdefault.jpgLa boxe n’a cessé d’inspirer les cinéastes et on serait tenté de dire que n’est pas Martin Scorsese (Raging Bull) ou Clint Eastwood (Million Dollar Baby) qui veut. Mais en réalité là n’est pas le sujet. L’intention du comédien français Samuel Jouy n’est à l'évidence  pas de se mesurer aux tout grands pour son premier passage derrière la caméra. Loin de la saga prestigieuse, il joue sa propre partition avec modestie.

    Il ne réinvente donc pas le genre dans Sparring, où il raconte l’histoire de Steve Landry (Mathieu Kassovitz). A 45 ans, il a perdu plus de combats qu’il n’en a gagnés, Avant de raccrocher définitivement les gants, il se voit offrir une dernière occasion de briller auprès de sa femme et de ses enfants, plus particulièrement de sa fille Aurore qui lui voue une admiration sans borne.

    Elle représente également tout pour lui et, comme elle a l’air de se débrouiller au piano, sa passion, il veut lui en acheter un. C’est cher, mais quand on aime on ne compte pas. Pour le payer, il accepte de devenir le sparring partner de la vedette Tarek M’Bareck (interprété par l’ancien champion du monde des super-légers Souleymane M’Baye). Autrement dit, Steve, tâcheron du ring, boxeur de l’ombre comme il y en a tant, est engagé pour se faire copieusement casser la gueule.

    Pourtant s’il déguste, il est dur au mal en dépit des marques laissées par ce sport violent dit noble art, comme en témoignent son visage amoché et son corps fatigué. Sans oublier les humiliations publiques, les souffrances autant psychologiques que physiques inhérentes à sa fonction de sac à frappes humain, souvent plus dangereuse qu’un vrai combat. Mais pour lui, l’essentiel est de tenir pour apporter ce qu’il peut de mieux aux siens.

    Dès lors, plus que le portrait d’un sans-grade martyrisé et condamné à perdre dont il nous montre certes le quotidien, les entraînements, la solitude, les coulisses de son univers particulier, Samuel Jouy dresse celui d’un homme aimant, tendre, blagueur. Parallèlement à la redoutable brutalité des pugilats, il évoque des instants intimistes, la relation privilégiée père-fille, des scènes familiales joyeuses entre repas à la cuisine et courses au supermarché, où Steve triche avec la balance en pesant les fruits et légumes.

    En forme pour ses cinquante ans, Mathieu Kassovitz qui s’est longuement entraîné et a pris de vrais coups, se révèle convaincant dans le costume de ce boxeur humble, tendu, plus ou moins dans les cordes, mais tenace, encore coriace. Un personnage aussi fier que cabossé auquel le comédien au regard triste donne une certaine grandeur. A ses côtés on découvre la touchante Billie Blain dans le rôle de sa fille et la chanteuse Olivia Merilahti du groupe The Do dans celui de sa femme. Toutes deux font leurs premiers pas sur grand écran.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 31 janvier.

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