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Sorties de la Semaine - Page 147

  • Grand écran: "Call Me By Your Name", passion gay sous le soleil d'Italie

    1_GztZLH6Ygs0CxwMfyC44Ww.jpegAprès A Bigger Splash (remake raté de La Piscine), le réalisateur italien Luca Guadagnino revient avec Call Me By Your Name, l’histoire d’une brève et intense passion gay qui transformera la vie de ses héros. James Ivory, dont on sent la patte, en a écrit le scénario adapté du roman d’André Aciman,

    On est en été 1983. Elio (Timothée Chalamet), 17 ans, rejeton de parents intellos et multilingues, passe des vacances dans la grande demeure familiale des Perlman, sous le chaud soleil de Lombardie. Chaque année un universitaire est accueilli pendant six semaines au sein de cette maison vouée à la culture, pour assister le père d’Elio dans son travail d’archéologue. Là, il s’agit d’Oliver (Armie Hammer), un séduisant Américain de 24 ans.

    Elio et Oliver s’attirent irrésistiblement. Une attirance toutefois soumise aux codes d’une époque où il était difficile de vivre ouvertement son homosexualité. Le film montre ainsi l’éveil et la montée du désir chez ces deux êtres, évoquant avec finesse l’approche amoureuse avec ses tentations, ses hésitations, ses frustrations, ses troubles, ses maladresses, ses élans où se mêlent excitation, doutes et contradictions.

    Thimothée Chamalet, étoile montante et atout maître

    Beau gosse, le sexy Armie Hammer au charisme teinté d’arrogance et de fausse nonchalance se révèle convaincant. Mais c’est le talentueux Timothée Chamalet, qui porte l'oeuvre de bout en bout. Etoile montante que les réalisateurs commencent à s'arracher, il représente l’atout majeur de ce drame sentimental en illustrant à merveille cet état particulier qu’est l’adolescence.

    Alors qu'il est également à l'affiche de Lady Bird de Greta Gerwig, dans un second rôle, il a tourné dans A Rainy Day In New York, le dernier Woody Allen. On rappellera à cet égard qu’il le regrette au point d’avoir remis, à l’image de deux autres comédiens, son cachet à trois associations, en soutien à la fille adoptive du réalisateur Dylan Farrow. Comme elle le fait depuis plusieurs années, elle a nouveau accusé son père, le 18 janvier dernier, d’avoir abusé d’elle quand elle avait sept ans.

    Pour en revenir à Call Me By Your Name, on salue la subtilité dans le traitement de ce premier amour. Cautionné en outre par des parents particulièrement bienveillants et ouverts, ce qui nous vaut à la fin une scène bouleversante entre le père et le fils. On reprochera pourtant au film un manque de vie autour des deux amants, un côté trop chic et superficiel, une prédilection pour le paraître. Ainsi qu’une certaine prétention se manifestant dans des conservations vides entre les personnages, qui font assaut de citations philosophico-littéraires.

    Mais voilà qui n’a pas empêché le métrage de faire sensation à Sundance, un carton partout où il est passé ensuite, Berlin Sydney, Toronto, San Sebastian, Londres. Et d’être considéré comme l’un des grands favoris aux Oscars le 4 mars prochain.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 28 février.

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  • Grand écran: dans "L'insulte", une querelle de rue à Beyrouth finit en procès national

    cinema_-_liban_-_linsulte_-_janvier_2018.jpgUne querelle de rue a priori banale, une remarque blessante qui en provoque une autre plus triviale avant que les choses ne s’arrangent la plupart du temps, voilà qui est monnaie courante. Sauf qu’en l’occurrence nous sommes à Beyrouth et que l’altercation implique Toni (Adel Karam) un garagiste libanais chrétien et Yasser un chef de chantier palestinien (Kamel El Bacha, prix d’interprétation à la Mostra) .

    Tout part d’une d’une malencontreuse histoire de gouttière qui fuit sur le balcon de Toni, gênant les travaux de rénovation du quartier entrepris par Yasser. Il veut réparer, Toni refuse, Yasser insiste.

    Les deux s’énervent, le ton monte et le chrétien finit par insulter le Palestinien avec un "Sharon aurait dû tous vous exterminer". Une référence intolérable au massacre dans les camps palestiniens de Sabra et Chatila perpétré en 1982 par des milices chrétiennes. Yasser riposte en traitant Toni de "chien sioniste" pour avoir collaboré avec Israël, en lui balançant un coup de poing qui lui fracture deux côtes.

    L’affaire dégénère au point que les deux hommes se retrouvent au tribunal, constituant le point de départ d’un procès national, ravivant les séquelles des plaies de la guerre civile qui a déchiré le Liban entre 1875 et 1990 et causé plus de 200 000 victimes

    Avec L'insulte, film  de prétoire, genre qui contribue à rendre l'intrigue plus intéressante, le Franco-Libanais Ziad Doueiri veut désinfecter les blessures en ouvrant une voie vers la paix. Et plaide pour le rapprochement entre les deux camps comptables des souffrances endurées et infligées.

    La nécessité d’une réconciliation

    A travers ses deux protagonistes, il aborde sans manichéisme, sans prendre parti "chacun ayant ses raisons", le thème de la réconciliation dans un pays sans cesse en reconstruction. Selon un critique, il y a avant tout nécessité d’une réconciliation avec soi-même, sans laquelle il n’y en aura pas avec l’autre. « Il faut revenir au passé pour pouvoir en sortir. »

    Malgré un traitement conformiste, le réalisateur fait preuve d’originalité en proposant un point de vue féminin et jeune en la personne de l’avocate de Yasser qui se trouve être la fille du conseil de Toni et qui, à l’image de sa génération, milite pour le renoncement à la violence et à la haine. Du coup, Ziad Doueiri, auteur on le rappelle du Baron noir sur Canal + se permet de finir sur une notre optimiste. Son œuvre politique sous tension est nommée à l’Oscar du meilleur film étranger.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 21 février.

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  • Grand écran: "Shape Water", variation sexy sur la Belle et la Bête plus prometteuse que convaincante

    screen-shot-2017-09-14-at-10-06-09-am.pngFemme de ménage dans un laboratoire gouvernemental américain ultrasecret confiné en sous-sol, Elisa mène une existence solitaire, d’autant plus isolée qu’elle est muette. Son morne quotidien bascule lorsqu’elle et sa collègue Zelda découvrent une expérience encore plus secrète que les autres…

    On est en pleine guerre froide. Le colonel Strickland, ambitieux, réactionnaire, sadique, (Michael Shannon), débarque avec son étrange prisonnier. Il s’agit d’une créature humanoïde aquatique capturée dans un fleuve d’Amérique du Sud et enfermée dans un caisson. Dotée de pouvoirs extraordinaires, c’est une arme contre les Soviétiques. Mais la façon cruelle dont est traité l’homme-poisson dans cet univers brutal où le sang coule, désole et révolte la douce Elisa (Sally Hawkins excellente) décidée à lui venir en aide.

    Moins craintive qu’on pourrait l’imaginer, elle entre rapidement en contact avec l’amphibien certes visqueux, pourvu de branchies, à l’épiderme phosphorescent, mais bien bâti. Elle l’apprivoise et lui donne des œufs à manger. Séduite autant qu’émue et altruiste, elle se lance alors dans une dangereuse opération de de sauvetage, aidée d’un voisin homosexuel et chômeur, une collègue noire et un espion russe.

    L’auteur livre ainsi un drôle d’objet cinématographique en forme de conte d’époque baroque surnaturel, plus prometteur que réellement convaincant. Il s’amuse à y multiplier les emprunts et les clins d’œil (Jean-Pierre Jeunet s’estimant volé de bouts de Delicatessen et d’Amélie Poulain l’a plutôt accusé de plagiat), à pasticher les films sur la guerre froide, à rendre hommage au cinéma fantastique, notamment L’étrange créature du lac noir, de Jack Arnold.

    A la frontière des genres

    Un film donc à la frontière des genres où Guillermo del Toro surfe sur le sexe, le machisme et le racisme. Mais à force de mélanger les films de monstre, les films noirs, d’espionnage, la comédie musicale, la série B, la romance, il propose un scénario tarabiscoté et perd de vue le vrai sujet dans cette variation un rien sexy de la Belle et la Bête. Une bête qu’humanise Doug Jones. 

    Au lieu de développer la relation amoureuse aussi insolite que charnelle entre ces deux êtres si dissemblables, l’auteur la réduit à quelques scènes poétiques et émouvantes, la noyant dans des scènes d’action violentes et le suspense larvé. Comme s’il craignait de choquer par sa folle audace consistant à prôner une passion inavouable.  En ce sens, il édulcore la portée de son ode à la différence dans une Amérique qui n’a pas changé en dépit de ses promesses d’alors, son plaidoyer pour l’acceptation de l’autre quel qu’il soit, laissé pour compte, gay, noir, handicapé, voire monstre, emblème définitif.

    Reste que l’oeuvre jouit d’une excellente critique des deux côtés de l’Atlantique. Par ailleurs, lauréat du Lion d'Or au Festival de Venise 2017, Shape Water a récolté 2 Golden Globes (ceux du meilleur réalisateur et de la meilleure bande originale) ainsi que 13 nominations aux Oscars. Ceci explique peut-être cela.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 21 février.

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