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  • Festival de Cannes: Lanthimos décoiffe avec "The Lobster", Moretti émeut et Gus Van Sant déçoit

    the-lobster-photo-552faff39e28a[1].jpgAu quatrième jour de la compétition cannoise, un petit tour d’horizon s’impose. Avec quelques titres qui se dégagent déjà. Outre Le fils de Saul du Hongrois Lazslo Nemes, The Lobster appartient à cette catégorie de films qui font vivement réagir. 

    Et pour cause en l’occurrence. Son auteur Yorgos Lanthimos, féru de l’étrange, primé en 2009 ans Un Certain Regard pour Canine, nous emmène à nouveau dans un monde bizarroïde, dystopique et décalé.

    Dans un futur proche, tout célibataire est arrêté, transféré dans un hôtel et a 45 jours pour trouver l’âme sœur. Ce qui n’est pas simple, car il faut se ressembler, par exemple être tous les deux  myopes, boiter ou saigner du nez  pour avoir le droit de s’aimer. Passé ce délai, le célibataire sera transformé en l’animal de son choix. La plupart de ceux qui n’ont pas trouvé chaussure à leur pied optent pour le chien. Interrogé sur ses préférences par la réceptionniste, l’un des résidents se décide en faveur du homard.

    Cet homme c’est David, que l'on va suivre pendant son séjour et qui, pour échapper à ce destin cruel suite à une douloureuse et infructueuse expérience, réussit à s’échapper. Il rejoint dans les bois un groupe de rebelles les Solitaires, chez il est interdit de tomber amoureux, sous peine de devoir creuser sa propre tombe. .

    Avec cet ovni en forme de comédie noire bien barge sur fond de drame intimiste, le cinéaste grec se livre à la critique féroce d’une société deshumanisée, engoncée dans le conformisme et le puritanisme, bannissant la différence et en gros les marginaux. Un monde aveugle, illustré par une scène symbolique qui se déroule heureusement hors champ. 

    Colin Farrell contribue largement à la réussite de ce film aussi original que grinçant et incongru. Moustachu à lunettes maladroit, introverti, peu à son avantage avec sa petite brioche, il livre l’une de ses meilleures performances. A ses côtés, on trouve notamment Léa Seydoux en chef de guerre.

    Nanni Moretti très applaudi

    2048x1536-fit_mia-madre-nanni-moretti[1].jpgAutre film qui a recueilli des applaudissements nourris à l’issue de la projection de presse, Mia Madre de Nanni Moretti, palme d’Or en 2001 pour La chambre du fils et sélectionné en concours pour la dixième fois.

    Evitant tout pathos, jouant sur la sobriété et la simplicité, il a ému la Croisette en déclarant son amour à sa mère et au cinéma. Il brosse le portrait d’une réalisatrice pleine de doutes, qui tourne un film avec une star venue des Etats-Unis, tout en rendant visite à sa mère hospitalisée sur le point de mourir.

    La cinéaste en proie à ses questionnements existentiels et artistiques n’est autre que l’alter ego de Moretti, qui joue ici le frère de son héroïne remarquablement incarnée par Margherita Buy. On est un peu moins fan de John Turturro qui certes détend l’atmosphère, mais en fait des tonnes dans le rôle de la vedette américaine mégalomane et survitaminée. Certains ne parlent pas moins déjà de récompense suprême.

    Gus Van Sant copieusement hué

    Grosse déception en revanche avec le dernier Gus Van Sant The Sea Of Trees L'un des deux seuls Américains en lice pour la Palme a raté son coup, avec l’histoire d’un homme venu se suicider comme tant d’autres avant lui dans la vaste forêt japonaise Aokighara,au pied du Mont Fuji.

    Loin d’être à la hauteur de ses ambitions, Gus Van Sant livre curieusement une niaiserie sentimentale et tire-larmes au scénario laborieux, qui lui a valu de copieux sifflets. On a même rarement vu un film aussi mal reçu par la critique. Matthew McConaughey et Naomi Watts en prennent aussi pour leur grade.

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  • Festival de Cannes: Woody Allen séduit avec "L'homme irrationnel"

    l_homme_irrationnel_6732.jpeg_north_780x_white[1].jpgAvec Woody Allen dans les parages, c’est le pilonnage d’orteils garanti. Règle respectée. La foule des grands jours se pressait pour assister à la conférence de presse du cinéaste culte, venu présenter hors compétition L’homme irrationnel en compagnie d’Emma Stone, mais sans Joaquin Phoenix, l’autre tête d’affiche.

    A l’occasion du show bien rôdé du quasi octogénaire, on a ainsi appris que cet opus pourrait être le dernier. Sans doute une blague. Il a également déclaré que s’il pouvait refaire ses films il les referait tous, que son projet de série était beaucoup plus difficile qu’il ne le pensait, espérant du coup qu’il ne lui vaudra pas une honte cosmique. Enfin il avouait que jeune, il était péniblement ennuyeux. Rien de très nouveau sous le soleil, donc.

    Aussi revenons-en plutôt à son dernier métrage, qui a séduit la Croisette. Et moi aussi. Abe Lucas, prof de philo moralement et physiquement à la ramasse, débarque sur le campus universitaire d’une petite ville américaine. Cet alcoolique désabusé et bedonnant entame une liaison avec une collègue en manque de sexe, Puis avec une brillante étudiante, irrésistiblement attirée par cet homme torturé qui a perdu foi en l’existence.

    Joie de vivre retrouvée dans le crime

    On a un peu de mal à y croire, lui aussi et d’ailleurs il ne nage pas pour autant dans le bonheur. Mais miracle, au hasard d’une conversation entendue dans un café mettant en cause un juge odieux, Abe retrouvera une raison et une joie de vivre dans le meurtre de ce vilain personnage. Histoire de ramener un rien de justice dans un monde corrompu.

    On n’ira pas jusqu’à prétendre qu’il s’agit du meilleur film du maestro new-yorkais, mais on aime cette petite comédie qui vire au polar, divertissante, sans prétention, où il traite avec légèreté, spiritualité, ironie et un poil de cynisme du sens de la vie. En soulevant des questions existentielles et métaphysiques avec Kant, Hegel ou Sartre pour lui prêter main forte. Les comédiens font le reste. Emma Stone est charmante et Joaquin Phoenix, nouveau dans l’univers allénien, assume avec décontraction son imposant tour de taille et son penchant pour la bouteille.  

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  • Festival de Cannes: film choc, "Le fils de Saul" secoue la Croisette

    A Cannes on ne craint pas le grand écart, on le provoque. Entre la déferlante explosive de Mad Max et L'homme irrationnel, comédie de genre de Woody Allen, tous deux présentés hors compétition, le festival proposait en concours Le fils de Saul, premier film du Hongrois Laszlo Nemes qui évoque l’extermination des juifs d’Europe.

    Octobre 1944, camp de la mort d’Auschwitz. Juif hongrois, Saul Ausländer est membre d’un des Sonderkommandos, formés de déportés plus costauds que les autres, recrutés par les nazis et forcés de les assister dans la macabre mise en œuvre de la solution finale. Avec d’autres prisonniers,  Saul  fait descendre les juifs des convois, les conduit jusqu’aux chambres à gaz où il les pousse après les avoir obligés à se déshabiller.

    Il est en train de travailler dans un crématorium quand, au milieu d’innombrables cadavres, il croit reconnaître celui de son fils. Tandis que son Sonderkommando prépare une révolte, il est obsédé par l’idée de sauver l’enfant des flammes, de préserver son corps, et de trouver un rabbin pour lui offrir une vraie sépulture. Cette quête a apriori dérisoire en des circonstances aussi atroces représente pourtant un acte ultime de résistance dans cet enfer concentrationnaire. Une petite lueur d’humanité dans la nuit la plus noire.

    Traitement radical pour un travail de mémoire

    Nemes a choisi la fiction pour plonger le spectateur dans l’innommable quotidien de son héros, interprété par l’impressionnant Réza Röhrig (photo). Mais il prend soin d’éviter toute complaisance. S’arrêtant aux portes des chambres à gaz, il laisse l’horreur des exécutions massives hors champ ou la suggère par des images floues. D’un bout à l’autre, s'en tenant au point de vue de Saul et ne montrant que ce qu’il regarde, il s’applique à suivre les déplacements de cet homme évoluant tel un zombie entre les fours et les fosses communes, uniquement préoccupé par l’impossible mission qu’il s’est donnée.

    Un travail de mémoire pour les générations futures que ce film choc au traitement radical, à l’esthétique sépulcrale. Et une immersion dans l’insoutenable qui vous secoue et vous laisse sonné à l’issue de la projection. On parle déjà de sa présence au palmarès.

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