Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 3

  • Grand écran: Quartz du documentaire, "Electroboy" raconte l'histoire d'un touche-à-tout génial

    bild_span12[1].jpgUn homme dans la quarantaine est assis sur une chaise dans une pièce nue aux murs défraîchis. L'air emprunté, malhabile, il raconte sa vie face caméra. Sur un ton détaché, presque indifférent. Comme si son histoire n'avait aucun intérêt. Ou qu'il s'agissait de celle d'un autre.
     
    Rien de tel pourtant. Cet homme c'est Florian Burkhardt. Un nom qui ne dira sans doute rien à beaucoup, mais dont le réalisateur suisse Marcel Gisler a choisi de retracer, dans un documentaire mêlé de fiction, le parcours extraordinaire. Celui d’un être fascinant, intriguant, un touche-à tout génial, qui s'est senti différent dès son enfance.
     
    Une jolie gueule à la James Dean
     
    On découvre en effet un jeune gay sulfureux d'une beauté à la James Dean, décidé à devenir une star. A 20 ans, fuyant une existence étriquée, il s'envole pour Hollywood, suit des cours d'art dramatique. Intime de Kate Winslet et de Leonardo DiCaprio, il tourne dans une série. Il se croit arrivé, mais ses rêves de gloire s'évanouissent. 
     
    eboy-gallery[1].jpgFlorian n'en rebondit pas moins. A l'occasion d'un voyage à Milan, sa jolie gueule lui permet de devenir top model pour Gucci et Prada qui se l'arrachent. Dans les années 90, ce promoteur du snowboard en Suisse se passionne également pour le web. Pionnier du net, il travaille pour Migros, Bank Leu, Sunrise. Compositeur de musique électronique, il organise des nuits techno hyper tendances à Zurich, sous le nom d'Electroboy.

    Brusquement, la panne

    Mais soudain, c’est le coup de frein brutal. Après avoir vécu douze ans à mille à l'heure, Florian Burkhardt craque. Il n'a que 32 ans. En pleine notoriété, cet hyperactif narcissique se retire de la vie publique. Suite à un passage par l'hôpital psychiatrique, il vit aujourd'hui seul avec son chien Hugo à Bochum, en Allemagne, bénéficiant d'une rente d'invalidité pour troubles du comportement et crises d'angoisse. Accro aux médicaments, agoraphobe, il a du mal à sortir de chez lui. 
     
    Des névroses dont Marcel Gisler tient à rechercher l'origine en se penchant sur son passé et en interviewant ses proches: Fidji, son improbable agent américain, son père, sa mère, son frère. Dans la deuxième partie, le documentaire vire ainsi au drame psycho-familial, avec résurgence de lourds secrets, un deuil, une jeunesse cloîtrée, son homosexualité, le comportement de parents "incompatibles". A commencer par une mère castratrice et un père psychorigide, pour qui l'orientation de son fils est inconciliable avec sa religion.
     
    Avec Electroboy qui vient d’obtenir le Quartz du documentaire suisse, le cinéaste livre, sous forme de confession entre émotion, transparence, respect, drôlerie et impudeur, le portrait passionnant d'un être en souffrance, en manque d'amour et avide de reconnaissance.

    Film à l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 18 mars.

    Lien permanent Catégories : Sorties de la Semaine
  • Prix du cinéma suisse: "Der Kreis" rafle la mise et Godard amuse la galerie

    5873705[1].jpgHeureusement qu’il y eut Godard en toute fin de cérémonie pour nous arracher un sourire lors des 18e Quartz du cinéma suisse!

    Toujours aussi caustique et drôle, lauréat d’un prix d’honneur pour l’ensemble de son oeuvre mais absent pour raison de santé, le célèbre cinéaste fait le clown dans une vidéo diffusée au BFM, lâchant des formules qu’il affectionne du genre; "il n’y a pas de cinéma suisse, il n’y a que des films suisses".
     
    Mais ce qu’il a fallu endurer jusque là au cours d’une soirée de deux heures qui en paraissait carrément le double. Présentée par une animatrice chignonnée années 40, elle était largement dominée par la production alémanique, le Schwytzerdüsch (nouvelle langue officielle à Genève vu l’absence sadique de traduction), par l’amteurisme et, au balcon, par l’odeur tenace des oignons du risotto qui mijotait en attendant la ruée des invités sur le cocktail dinatoire…

    2348_230512_the-circle46[1].jpgEt que dire de la qualité des extraits choisis pour les films nominés, loin de rendre justice aux gagnants. Logique grand vainqueur Der Kreis (Le Cercle), docufiction de Stefan Haupt, qui rafle quatre Quartz. Meilleur film, meilleur scénario, tandis que Sven Schelker (photo à gauche) est sacré meilleur acteur et Peter Jecklin meilleur second rôle. 

    Déjà auréolé d’un Teddy Award et du prix du public au festival de Berlin 2014, le film se déroule dans le Zurich des années 50. Tout en nous laissant pénétrer dans l’une des premières communautés de libération des homosexuels, il est centré sur le couple formé dans la vraie vie par Röbi Rapp, garçon extraverti coiffeur le jour, artiste travesti la nuit, et Ernst Ostertag, issu d’une famille psychorigide, enseignant dans une école de filles et redoutant de s’assumer.

    De milieux différents, ils tombent fous amoureux lors de leur rencontre au sein de la revue gay trilingue "Der Kreis-¬Le Cercle- The Circle., alors unique au monde. Rendant compte d’une dure bataille pour les droits humains, l’opus est émaillé de passionnants documents d’époque et des témoignages des deux principaux protagonistes qui furent, dans les années 90, le premier couple homo suisse officiellement marié.

    image_manager__gallery-thumb_pressefoto_09_electroboy[1].jpgDeux médailles pour Electroboy

    Côté documentaire, Marcel Gisler s’empare tout aussi naturellement de la médaille avec Electroboy, qui rapporte également le Quartz du meilleur montage à Thomas Bachmann.

    Le film retrace le parcours hors du commun d’un être intriguant et fascinant, le Suisse Florian Burkhardt. Touche-à-tout génial, ce gay sulfureux d’une beauté à la James Dean, fréquente les stars hollywoodiennes et devient top model pour Gucci et Prada.

    Promoteur du snowboard en Suisse dans les années 90, pionnier du net, compositeur de musique électronique, il organise des nuits tehcno hyper tendance à Zurich. Et soudain c’est la panne. Après avoir vécu douze ans à 1000 à l’heure, Florian Burkhardt craque et se retire de la vie publique en pleine notoriété, à 32 ans.(Sortie le 18 mars) .

    En ce qui concerne les autres récompenses, Driften vaut à Sabine Timoteo le prix de la meilleure actrice. Discipline de Christophe M. Saber remporte le Quartz du court métrage Timber celui de l’animation. Mathieu Urfer, Marcin de Morsier, John Woolloff et Ariel Garcia enlèvent celui de la musique pour Pause et  Lorenz Merz celui de la photographie dans Chrieg.

    Films primés à l'affiche samedi (dès 14 heures) et dimanche au Grütli.

    Lien permanent
  • Grand écran: "Selma", la longue marche historique de Martin Luther king

    images[6].jpg

    "La marche n’est pas terminée", lançait Barack Obama samedi dernier dans son discours à Selma, Alabama, où il s’était rendu avec sa femme et ses deux filles, pour  commémorer le 50e anniversaire des grandes marches qui ont contribué à l’adoption, par le Congrès, de la loi garantissant le droit de vote aux minorités.

    Le premier président noir des États-Unis a rappelé que plusieurs efforts restaient à faire pour atteindre l’égalité, mais que les choses s’amélioraient.

    C’était loin d’être le cas en 1965. Alors que le 15e amendement permet en théorie à tous les Noirs américains de voter depuis 1870, près de 100 ans après certains états du Sud, dont l’Alabama et son gouverneur George Wallace, refusent toujours d’appliquer la loi. Du gâteau pour les petits fonctionnaires locaux, qui en profitent pour humilier ou menacer les citoyens noirs.

    Ainsi à Selma, seuls 2% d’entre eux sont inscrits sur les listes électorales. Martin Luther King, auréolé du Nobel de la paix reçu en 1964 à Oslo (c’est par ces images que débute le film), a l’intention de faire plier Lyndon B. Johnson, hôte de la Maison Blanche depuis l’assassinat du président Kennedy, en le contraignant à signer le Voting Rights Act.

    Terrible répression policière

    Le dimanche 7 mars 1965, en compagnie de collègues pasteurs non-violents, il organise une longue marche entre Selma et Montgomery, la capitale de l’Etat. Les choses tournent au chaos et donnent lieu à une répression policière meurtrière sans précédent sur l’Edmund Pettus Bridge, qui traverse la rivière Alabama.
     
    Les images de ce qui fut appelé le "Bloody Sunday" choquent l’Amérique. Pour apaiser les tensions, Johnson intervient auprès du Dr King qui, dans le doute, accepte de faire stopper une deuxième marche au pied du pont au risque de mécontenter ses adeptes. Mais le 25 mars, il ouvre un cortège de quelque 4000 personnes. Ils sont 25.000 à l’arrivée. Le 6 août, le président paraphe le Voting Rights Act. 

    Le grand intérêt de Selma de la cinéaste afro-américaine Ava DuVernay, c’est de ne pas se lancer dans le biopic traditionnel et hyper classique. Renonçant à se  pencher sur toute la vie de Martin Luther King, elle a choisi de se concentrer sur cette période-clé de son existence. 

    Dans cette optique, tout en évitant l’hagiographie, elle laisse dans l’ombre des aspects de la personnalité du leader charismatique, ne faisant qu’effleurer des sujets tabous comme par exemple ses nombreuses et scabreuses aventures extra-conjugales. Qui lui ont valu un chantage de la part de FBI alors dirigé par le tout-puissant J. Edgar Hoover.

    Certains grincent des dents, regrettant un trop grand respect de l’icône. Mais on ne le lui reprochera pas trop. En l’occurrence, le but n’est  pas de mesurer le degré de sainteté du pasteur, mais d’évoquer un homme porté par son incessant combat pour l’égalité raciale, un visionnaire et un fin politicien doublé d’un redoutable négociateur.

    images19C245Q7.jpgDonnant libre cours à son sens de la dramaturgie et à sa connaissance du sujet, la réalisatrice a ancré son film dans un passé qui fait écho au présent. Les antagonismes entre communautés noire et blanche demeurant vifs, comme nous l’ont rappelé les récentes émeutes de Ferguson. De ce fait Ava DuVernay livre un drame politique à la fois spectaculaire, poignant, édifiant et instructif. Un pan d’histoire en forme de rappel absolument nécessaire.

    Une réussite à laquelle contribuent les comédiens, à commencer par  David Oyelowo (photo), qui enfile avec talent le costume de son impressionnant personnage. A ses côtés, Tom Wilkinson se révèle parfait dans le rôle d'un Johnson au comportement dominateur, à l’image de Tim Roth, dans celui de Wallace, le très agressif gouverneur raciste. On n'en dira pas autant d’Oprah Winfrey, qui ne peut s’empêcher, comme toujours ou presque, de tomber dans la caricature. 

    Film à l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 11 mars.

    Lien permanent Catégories : Sorties de la Semaine