Grand écran: Quartz du documentaire, "Electroboy" raconte l'histoire d'un touche-à-tout génial (17/03/2015)

bild_span12[1].jpgUn homme dans la quarantaine est assis sur une chaise dans une pièce nue aux murs défraîchis. L'air emprunté, malhabile, il raconte sa vie face caméra. Sur un ton détaché, presque indifférent. Comme si son histoire n'avait aucun intérêt. Ou qu'il s'agissait de celle d'un autre.
 
Rien de tel pourtant. Cet homme c'est Florian Burkhardt. Un nom qui ne dira sans doute rien à beaucoup, mais dont le réalisateur suisse Marcel Gisler a choisi de retracer, dans un documentaire mêlé de fiction, le parcours extraordinaire. Celui d’un être fascinant, intriguant, un touche-à tout génial, qui s'est senti différent dès son enfance.
 
Une jolie gueule à la James Dean
 
On découvre en effet un jeune gay sulfureux d'une beauté à la James Dean, décidé à devenir une star. A 20 ans, fuyant une existence étriquée, il s'envole pour Hollywood, suit des cours d'art dramatique. Intime de Kate Winslet et de Leonardo DiCaprio, il tourne dans une série. Il se croit arrivé, mais ses rêves de gloire s'évanouissent. 
 
eboy-gallery[1].jpgFlorian n'en rebondit pas moins. A l'occasion d'un voyage à Milan, sa jolie gueule lui permet de devenir top model pour Gucci et Prada qui se l'arrachent. Dans les années 90, ce promoteur du snowboard en Suisse se passionne également pour le web. Pionnier du net, il travaille pour Migros, Bank Leu, Sunrise. Compositeur de musique électronique, il organise des nuits techno hyper tendances à Zurich, sous le nom d'Electroboy.

Brusquement, la panne

Mais soudain, c’est le coup de frein brutal. Après avoir vécu douze ans à mille à l'heure, Florian Burkhardt craque. Il n'a que 32 ans. En pleine notoriété, cet hyperactif narcissique se retire de la vie publique. Suite à un passage par l'hôpital psychiatrique, il vit aujourd'hui seul avec son chien Hugo à Bochum, en Allemagne, bénéficiant d'une rente d'invalidité pour troubles du comportement et crises d'angoisse. Accro aux médicaments, agoraphobe, il a du mal à sortir de chez lui. 
 
Des névroses dont Marcel Gisler tient à rechercher l'origine en se penchant sur son passé et en interviewant ses proches: Fidji, son improbable agent américain, son père, sa mère, son frère. Dans la deuxième partie, le documentaire vire ainsi au drame psycho-familial, avec résurgence de lourds secrets, un deuil, une jeunesse cloîtrée, son homosexualité, le comportement de parents "incompatibles". A commencer par une mère castratrice et un père psychorigide, pour qui l'orientation de son fils est inconciliable avec sa religion.
 
Avec Electroboy qui vient d’obtenir le Quartz du documentaire suisse, le cinéaste livre, sous forme de confession entre émotion, transparence, respect, drôlerie et impudeur, le portrait passionnant d'un être en souffrance, en manque d'amour et avide de reconnaissance.

Film à l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 18 mars.

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