Prix du cinéma suisse: "Der Kreis" rafle la mise et Godard amuse la galerie (14/03/2015)

5873705[1].jpgHeureusement qu’il y eut Godard en toute fin de cérémonie pour nous arracher un sourire lors des 18e Quartz du cinéma suisse!

Toujours aussi caustique et drôle, lauréat d’un prix d’honneur pour l’ensemble de son oeuvre mais absent pour raison de santé, le célèbre cinéaste fait le clown dans une vidéo diffusée au BFM, lâchant des formules qu’il affectionne du genre; "il n’y a pas de cinéma suisse, il n’y a que des films suisses".
 
Mais ce qu’il a fallu endurer jusque là au cours d’une soirée de deux heures qui en paraissait carrément le double. Présentée par une animatrice chignonnée années 40, elle était largement dominée par la production alémanique, le Schwytzerdüsch (nouvelle langue officielle à Genève vu l’absence sadique de traduction), par l’amteurisme et, au balcon, par l’odeur tenace des oignons du risotto qui mijotait en attendant la ruée des invités sur le cocktail dinatoire…

2348_230512_the-circle46[1].jpgEt que dire de la qualité des extraits choisis pour les films nominés, loin de rendre justice aux gagnants. Logique grand vainqueur Der Kreis (Le Cercle), docufiction de Stefan Haupt, qui rafle quatre Quartz. Meilleur film, meilleur scénario, tandis que Sven Schelker (photo à gauche) est sacré meilleur acteur et Peter Jecklin meilleur second rôle. 

Déjà auréolé d’un Teddy Award et du prix du public au festival de Berlin 2014, le film se déroule dans le Zurich des années 50. Tout en nous laissant pénétrer dans l’une des premières communautés de libération des homosexuels, il est centré sur le couple formé dans la vraie vie par Röbi Rapp, garçon extraverti coiffeur le jour, artiste travesti la nuit, et Ernst Ostertag, issu d’une famille psychorigide, enseignant dans une école de filles et redoutant de s’assumer.

De milieux différents, ils tombent fous amoureux lors de leur rencontre au sein de la revue gay trilingue "Der Kreis-¬Le Cercle- The Circle., alors unique au monde. Rendant compte d’une dure bataille pour les droits humains, l’opus est émaillé de passionnants documents d’époque et des témoignages des deux principaux protagonistes qui furent, dans les années 90, le premier couple homo suisse officiellement marié.

image_manager__gallery-thumb_pressefoto_09_electroboy[1].jpgDeux médailles pour Electroboy

Côté documentaire, Marcel Gisler s’empare tout aussi naturellement de la médaille avec Electroboy, qui rapporte également le Quartz du meilleur montage à Thomas Bachmann.

Le film retrace le parcours hors du commun d’un être intriguant et fascinant, le Suisse Florian Burkhardt. Touche-à-tout génial, ce gay sulfureux d’une beauté à la James Dean, fréquente les stars hollywoodiennes et devient top model pour Gucci et Prada.

Promoteur du snowboard en Suisse dans les années 90, pionnier du net, compositeur de musique électronique, il organise des nuits tehcno hyper tendance à Zurich. Et soudain c’est la panne. Après avoir vécu douze ans à 1000 à l’heure, Florian Burkhardt craque et se retire de la vie publique en pleine notoriété, à 32 ans.(Sortie le 18 mars) .

En ce qui concerne les autres récompenses, Driften vaut à Sabine Timoteo le prix de la meilleure actrice. Discipline de Christophe M. Saber remporte le Quartz du court métrage Timber celui de l’animation. Mathieu Urfer, Marcin de Morsier, John Woolloff et Ariel Garcia enlèvent celui de la musique pour Pause et  Lorenz Merz celui de la photographie dans Chrieg.

Films primés à l'affiche samedi (dès 14 heures) et dimanche au Grütli.

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