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  • Cinéma: "Fruitvale Station" révèle un cinéaste et un acteur

    fruitvale-station-de-ryan-coogler,M111027[1].jpgDe Sundance à Deauville en passant par Cannes dans Un Certain Regard, le premier film de Ryan Coogler, 27 ans, a trusté les récompenses. Un engouement  dont a également profité son acteur principal Michael B. Jordan.

    Au matin du 1er janvier 2009, Oscar Grant, 22 ans, croise des policiers dans la station de métro Fruitvale de San Francisco. L’opus raconte les vingt-quatre heures précédant cette rencontre qui furent aussi les dernières du jeune homme, victime d’une funeste bavure.

    Suite à un séjour en prison, Oscar revient dans sa famille, plus que décidé à marcher droit désormais. Bien qu’au chômage, il renonce à la vente de stupéfiants, bousille même volontairement un éros un paquet de cannabis et tente d’avancer dans la vie.

    Après avoir fêté l’anniversaire de sa mère, Oscar, sa copine et une bande de potes prennent le train pour participer aux célébrations du nouvel an. Une bagarre entre un ancien codétenu provoque alors une intervention musclée des flics.

    C’est d’ailleurs par cette scène que s’ouvre Fruitvale Station, où le réalisateur mêle des images de fiction à celles prises par un témoin avec son téléphone portable. Elles montrent l’interpellation brutale d’un groupe de jeunes Noirs par les forces de l’ordre jusqu’au moment où le drame éclate. Alors qu’Oscar est maintenu face contre terre, un policier l’abat d’une balle dans le dos. Une scène terrible, révoltante, portée au grand jour.

    Et d’autant plus bouleversante que le cinéaste brosse le portrait d’un garçon attachant qui dealait parce qu’il était sans emploi et qui s’efforçait de se racheter une conduite, notamment par amour pour sa petite fille, comme en témoigne la touchante photo ci-dessus. Certes Oscar, tombeur à l’occasion, glandait aussi pas mal. Mais finalement s’était un un type bien, un innocent qui ne méritait pas une telle fin.

    Ryan Coogler propose ainsi, quatre ans après, la reconstitution de ce fait divers tragique en hommage à Oscar Grant. On lui reprochera toutefois de rester dans le domaine du poignant, de l’émotion pure, des bons sentiments et du manichéisme. 

    Par ailleurs, il se contente d’évoquer l'état d'une société américaine toujours aussi inégalitaire et ségrégationniste, au lieu de se livrer à une vraie réflexion politico-sociale sur le sujet. D’où, en dépit d'une bonne interprétation, une certaine perplexité face à l’enthousiasme parfois délirant que l’opus, se voulant engagé mais en fait peu original, a provoqué.

    Film à l’affiche dans les salles romandes dès mercredi 8 janvier.

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  • Cinéma: "Le médecin de famille" évoque le sejour de Mengele en Argentine

    ob_ec485a_medecin-de-famille-le-ok[1].jpgPour la deuxième fois, la cinéaste argentine Lucia Puenzo porte à l’écran un de ses romans. Après El Nino Pez, elle évoque, dans Le médecin de famille (Wakolda), le séjour du tristement célèbre criminel de guerre Josef Mengele dans une famille au pied des Andes.

    Nous sommes en automne 1960. Eva, Enzo et leurs deux enfants partent pour la petite ville de Bariloche, au fin fond de la Patagonie  où ils ont l’intention de rouvrir l’hôtel où Eva a grandi. Sur la route, ils rencontrent un mystérieux étranger qui dit s’appeler Helmut Gregor et parle allemand. Tout comme Eva qui a fréquenté une école germanophone à Bariloche.

    Premier client accepté, Helmut s’installe à l‘hôtel et s’intéresse particulièrement à Lilith, une fillette de 12 ans trop petite pour son âge, dont il affirme pouvoir soigner les troubles de croissance avec un traitement aux hormones. Et se passionne encore plus pour l'état d'Eva, sa mère, lorsqu’il apprend qu’elle est enceinte de jumeaux.

    Tout d’abord séduite par le charisme, l'élégance, les manières, l'intelligence de l'inconnu, sans oublier son argent, la famille finit pourtant par se montrer réticente, à commencer par le père, et par comprendre qu’elle vit avec l’un des plus grands criminels de tous les temps.

    Prétexte à la dénonciation d'un pays refuge de nombreux criminels nazis après la seconde guerre mondiale, au récit de la traque dont ils ont été l’objet, à l'évocation de la banalisation du mal, le film ne tient pas toujours ses promesses. Une réserve due au fait que l’opus oscille trop souvent entre la fiction historique, le drame familial psychologique et le conte fantastique sur fond de suspense. Qui trop embrasse…

    Mais il faut reconnaître à la réalisatrice un certain talent à créer le malaise et une vague inquiétude en installant une atmosphère étrange, trouble, dérangeante autour de la figure de Mengele. Il est parfaitement incarné par Alex Brendenmühl (photo), un acteur catalan d’origine allemande, taillé sur mesure pour entrer dans la peau du monstre, obsédé par la génétique et recherché par le Mossad. 

    Découvert dans la section Un Certain Regard à Cannes en mai dernier, Le médecin de famille réprésentera l’Argentine à la prochaine cérémonie des Oscars.

    Film à l'affiche dans les salles romandes dès mercredi 8 janvier.

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  • Cinéma: "Philomena", avec Judi Dench en émouvante mère courage

    Philomena_1[1].jpgDans son dernier film basé sur une histoire vraie, Stephen Frears évoque le cruel destin de filles-mères prises en charge par des religieuses irlandaises, à travers l’histoire tragique de Philomena. 

    En 1952, encore adolescente, elle tombe enceinte suite à une brève amourette et, rejetée par ses parents, est envoyée au couvent de Rosecrea où elle donne naissance à un garçon, Anthony. Mais astreinte à de durs travaux ménagers, elle n’a le droit de voir son bébé  qu’une heure par jour. A l’instar des autres jeunes pensionnaires.

    Trois ans plus tard, c’est le drame que toutes redoutent. Anthony lui est brutalement enlevé pour être vendu à une famille américaine dans le cadre des adoptions organisées par l’institution religieuse. Après s’être acharnée vainement à le retrouver, Philomena rencontre par hasard, cinquante ans plus tard, Martin, un journaliste de la BBC fraîchement licencié à qui elle raconte son histoire. Opportuniste, il voit là un moyen de prendre sa revanche et la persuade de l’accompagner aux Etats-Unis à la recherche d’Anthony.

    S’ils vont découvrir le parcours extraordinaire de ce dernier, leur voyage permet surtout au réalisateur de réunir deux personnages que tout sépare, mais qui s’apprivoisent  l’un l’autre au fil de leur enquête.  Avec  d’un côté la naîve, modeste et généreuse  Philomena, de l’autre le désabusé Martin, qui finit par être charmé et ému par cette anti-héroïne à la force de caractère peu commune.

    Une œuvre atypique et un sujet casse-gueule qui avait tout pour tomber dans le pathos écoeurant. Un piège que contourne avec finesse Stephen Frears grâce à une mise en face simple, efficace, tout évitant de jouer les juges ou les moralistes face aux dérives de l'Eglise catholique. 

    Sans oublier évidemment de s'entourer de deux excellents comédiens. Judi Dench se révèle particulièrement convaincante dans son rôle de mère courage toujours rongée par le chagrin et la culpabilité, mais digne et prête à affronter les situations les plus délicates. Elle donne la réplique à un Steve Coogan cynique, qui se bonifie logiquement au contact de cette femme à la foi inébranlable.

    Film à l’affiche dans les salles romandes dès mercredi 8 janvier.

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