Il y a décidément des moments où je me demande si nos experts français ont les yeux en face des trous, tant ils ont ceux de Chimène pour leurs compatriotes sportifs. Je ne suis d’ailleurs pas certaine que ceux-ci soient conscients de l’admiration éperdue et de l’amour inconditionnel qu’ils provoquent, notamment chez les commentateurs et consultants de tout poil sur les ondes. Principalement sur celles d’Eurosport, où on trouve un bataillon vouant une adoration aussi paiënne que sotte à leurs dieux.
Certes ce n’est pas nouveau, mais cela m’est apparu encore plus évident depuis le début de l’US Open, dernier Grand Chelem de la saison. Leurs poulains étaient venus à quinze, dix garçons, cinq filles. Alors que le second tour n’était pas terminé et que plus de la moitié était déjà passée à la trappe, nos spécialistes en folie noyaient leurs "étoiles" encore debout sous des tombereaux d’orchidées. Dont Gaël Monfils, Jérémy Chardy, Edouard Roger-Vasselin, Paul-Henri Mathieu, Caroline Garcia, Kristina Mladenoivic, tous disparus corps et biens à peine les louanges dispensés.
Un rien marris, mais toujours l’espoir chevillé au corps, ils continuaient à déclarer leur flamme à leurs idoles présentes au troisième tour, dont Julien Benneteau et Alizé Cornet. Las elles tombaient également, sans gloire pour le malheureux Julien, sous les coups furieux de leur adversaire.
Désormais, de l'armada hexagonale qui avait déferlé la fleur au fusil sur les courts de Flusing Meadows, ne reste qu'un seul et unique survivant: le super héros Richard Gasquet. Mais qui risque bien de se retrouver lui aussi sur le sable, dans la mesure où il doit se mesurer à Milos Raonic, le redoutable Canadien aux jambes qui lui montent jusqu’au cou.
Vous me rétorquerez qu’après tout nos chers voiisins ont bien le droit de vivre une passion torride par "vedettes" interposées. Sauf qu’ils ne se contentent pas de sombrer dans le ridicule. Ils jugent. Côté journalistes du site du moins. C’est ainsi que je lisais, à l’issue de la correction infligée par Philip Kohlschreiber à John Isner, un article sévère consacré au "fiasco" du tennis yankee.
Je résume. Tout d'abord l'auteur ironise sur le fait qu'il ne demeure plus qu'un joueur en lice dans le tableau masculin, un certain Tim Smyczek, au bénéfice d'une wild card. Et qui à mon humble avis va se faire rétamer par Novak Djokovic. Un constat sans appel donc, poursuit le pourfendeur, aggravé par l'attitude de la Fédération américaine organisatrice du tournoi, qui a entériné elle-même le déclassement de son tamis, ignorant son numéro un (Isner) et ne programmant que le jeune Ryan Harrison sur le Central.
Uniquement de surcroît parce qu'il affrontait Rafaël Nadal. Et d'en déduire que vu les circonstances, le tennis masculin du cru n'est pas prêt de relever la tête. Enfonçant le clou en commentant une déclaration du pauvre John, selon laquelle il en avait fini avec la raquette pour un moment, avec cette phrase: "N'en serait-il finalement pas de même pour la majorité des Américains"?
Brillante analyse! Mais que ne l'applique-il pas aux Français qui se trouvent dans une situation de loin plus délicate. Car s'il ne demeure qu'un homme dans les deux équipes, pareillement déboulées à quinze tous sexes confondus, les Américains disposaient encore de trois dames au stade des huitièmes de finale. Dont par exemple la reine du circuit Serena Williams.
Pas de doute, c'est vraiment l'hôpital qui se fout de la charité!