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  • Djokovic, le sauveur de Federer?

    Evidemment les Français trépignent. Après une vertigineuse chute au classement et deux ans cauchemardesques pour remonter la pente suite à un contrôle positif à la cocaïne, Richard Gasquet a réussi à éliminer Federer en huitièmes de finale à Rome. Pour les spécialistes tricolores, un insigne exploit, dont ils sont particulièrement fiers,   

     

    Et alors qu’ils ne parlaient plus de ce brave Rodgeur, sinon pour le plaindre de végéter misérablement dans l’ombre du Dracula serbe et du pitbull espagnol, voici le Bâlois soudain remonté au sommet. Ils en veulent pour preuve la raclée flanquée la veille à Jo-Wilfried Tsonga. Comme si c’était étonnant.

     

    Mais vu ainsi, cela contribue évidemment à magnifier la victoire du Biterrois, qui a donc sorti le jeu du siècle selon ses compatriotes experts, pour venir à bout de Sa Grâce. Mais très franchement, je me demande s’il y a lieu de pavoiser de la sorte, le phénix déplumé  me paraissant pour l'heure une bien pauvre référence dans la raquette mondiale.

     

    L’ennui c’est qu’il est le seul à ne pas en avoir conscience. A son habitude, il a estimé qu’il n’y avait vraiment rien de grave, docteur. Au contraire c’est de pire en pire, à en juger par ses explications folkloriques après ce nouvel échec calamiteux.

     

    Je n’aurais pas dû perdre ce match et si je l’avais gagné 6-4 6-3, tout le monde aurait été relax, a-t-il clamé en substance. Il n’y a donc pas de quoi paniquer. Je vais m’entraîner ferme pour Roland Garros et vous allez voir ce que vous allez voir. Voilà décidément qui frise le surréalisme le plus déjanté.

     

    Pour moi, la seule chose positive dans l’éprouvante situation actuelle pour mes nerfs en pelote à chaque apparition du numéro 3 sur le court, ce sont les triomphes insolents de Novak Djokovic, qui se révèle toujours plus imbattable tournoi après tournoi.

     

    Certes le redoutable express de Belgrade m’agace un peu avec ses incessantes victoires. D’autant plus faciles contre des adversaires genre Stanislas Wawrinka, que le sort lui réserve dans les premiers tours depuis quelque temps. Sans compter ceux qui ne trouvent rien de mieux à faire que de  déclarer forfait, à l’image de son pote Tipsarevic, pour lui assurer un récent triomphe sans gloire dans un fauteuil.  

     

    En même temps, je dois avouer que je voue à ce cher Nole une profonde gratitude. Et j’espère qu’il continuera dans son entreprise de démolition. Notamment de son principal rival. Donc non seulement j’aimerais qu’il remporte les Internationaux d’Italie, mais ceux de France dans la foulée.

     

    Ên effet, priver Nadal de succès en les collectionnant à sa place représente le seul moyen de sauver le Suisse, en délicatesse avec son tamis.Il pourra ainsi conserver encore longtemps son statut de légende et de plus grand joueur de l’histoire. Car avant que l’Espagnol et le Serbe arrivent à seize Grands Chelems, pas mal d’eau va couler sous les ponts.

     

    P.S.- Au fait, caché dans son tipi pendant quelques jours, Laurent Blanc sort enfin de sa réserve un rien meurtri, mais plein de courage. Après avoir été effleuré par l'idée, il ne démissionnera donc pas. Il est même décidé à aller jusqu'au bout de sa mission d'entraîneur des Bleus. En voilà une nouvelle à laquelle personne ne s'attendait!!!

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  • Festival de Cannes: à son tour, Maïwenn nous balance un uppercut

    Après Lynne Ramsey et Julia Leigh, une autre réalisatrice en compétition nous balance un sacré uppercut. C’est la Française Maïwenn avec Polisse, qu’a co-écrit Emanuelle Bercot. Juste en passant, ce titre à l’orthographe un poil bizarroïde s’explique dans la mesure où la réalisatrice ne pouvait l’énoncer correctement car il était déjà pris par Pialat. Elle donc eu l’idée de l’erreur en voyant son fils plancher sur un exercice d’écriture.

    Maïwenn a imaginé son troisième long-métrage après Le bal des actrices et Pardonnez-moi en voyant un documentaire sur le sujet à la télévision. Caméra à l’épaule, elle nous immerge ainsi brutalement dans le travail des flics de la BPM (Brigade de protection des mineurs) avec son lot terrible de gardes à vue de pédophiles, de dépositions d’enfants abusés, d’interrogatoires de parents maltraitants, de dérives de la sexualité chez les ados. Le tout sur fond de relations fusionnelles entre les protagonistes.

    Comment parviennent-ils à trouver l’équilibre entre leur vie privée et le quotidien glauque auquel ils ne cessent d’être confrontés? C’est ce que nous raconte Maïwenn dans cette œuvre d’une énergie et d’une force incroyables. Aussi parfaite dans sa direction des adultes que dans celle des enfants, elle se tient au plus près d’une réalité dans laquelle elle s’est plongée pendant des mois. Pour découvrir des gens passionnés, dont le boulot est la vie.

    Ses acteurs se sont également immergés dans cet univers en suivant un stage d’une semaine avec deux pros qui leur ont appris le métier. Huit heures par jour, ils n’ont parlé que de police du petit-déjeuner au dîner, pour devenir un groupe quasi familial, soudé, solidaire et crédible. Le côté vrai obsédait à un point Maïwenn que deux policiers ont assisté à tout le tournage, pour éventuellement rectifier le tir quand la situation ne leur paraissait pas plausible.

    Question inévitable lors de la conférence de presse, le film a-t-il changé votre regard sur la police? Plus particulièrement adressée à Joeystarr, toujours aussi agité et que l’exercice ennuie copieusement. «Je ne sais pas quoi dire. Quand on me propose une bonne histoire, que je sois flic ou travesti, ça m’intéresse.» Point barre en somme.

    Karine Viard se montre plus communicative « Je ne connaissais que ceux qui t’emmerdent toute la journée ou qui commettent des abus de pouvoir. Là, on a rencontré des gens dévoués, intelligents, qui à mon avis n’ont pas choisi ce métier par hasard. Alors oui, mon regard a changé ». Tout comme celui se ses camarades de jeu qui voyaient la vie différemment en entrant chez eux.

    Pour autant, Maïwenn n’a pas de message à délivrer. « L’impact, ce n’est pas mon problème. Ca prend où ça ne prend pas, on verra» Pas de souci, ça prendra. Polisse est un grand film.

    Le pape fugueur de Nanni Moretti

    Toujours en concours, je ne suis pas aussi emballée par Habemus Papam de Nanni Moretti, habitué de la Croisette et Palme d’Or avec La chambre du fils en 2001. Là il nous offre sa vision personnelle du Vatican, du pape et des cardinaux, en imaginant un drôle de pontife qui n’a évidemment rien à voir avec l’actuel. Une comédie dont l’extravagance se situe pourtant en deça de ce qu’on attendait.

    Alors qu’il vient d’être élu, Melville s’estime indigne de sa charge. Et n’arrive pas à se présenter au balcon pour saluer la marée de fidèles qui se presse sur la place Saint-Pierre. Poussant un immense cri d’angoisse, il affole le conclave, qui fait alors appel à un psy athée pour résoudre ce problème aussi épineux que totalement inédit.

    Mais le nouveau pape prend soudain la poudre d’escampette et se promène seul dans les rues de Rome, à la rencontre de choses et de gens qui lui étaient devenus étrangers. Pendant ce temps, le psy est retenu prisonnier au Vatican et finit par enseigner l’art du volley-ball aux cardinaux, qui trouvent un plaisir enfantin à se livrer au jeu.

    Loin des sulfureux scandales pédophiles et financiers de l’an dernier, Nanni Moretti, refusant de se laisser influencer par une actualité qu’il juge de surcroît aujourd’hui un peu évanouie, veut ainsi confronter ces deux réalités. Forçant son héros et le public à se poser des questions auxquelles il n’apporte pas de réponses.

    Pour incarner ce pape fugueur, le cinéaste a fait appel à Michel Piccoli. Qui n’a pas hésité un instant à accepter. «En revanche, Nanni m’a demandé de faire un essai», déclare le comédien pour qui on parle déjà, même si la concurrence sera rude, d'un prix d'interprétation. «Il est venu à Paris avec la robe papale et c’est seulement quelques jours plus tard qu’il m’a dit oui. C'est un peu orgueilleux mais j’avoue que c’était un rôle facile. Et si j’étais honnête, je dirais que pour moi c’est fini. Terminer ma carrière avec Moretti, c’est parfait.» On espère que non. Il nous manquerait.

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  • Festival de Cannes: deux réalisatrices provoquent des électrochocs

    Le président Robert de Niro a beau s’imaginer un peu en vacances, il va devoir plancher ferme avec ses jurés si les prétendants à la Palme d’Or suivent, et il y a toutes les raisons de le penser, le rythme imprimé dès le début de la compétition.

     

    Deux réalisatrices ont en effet mis la barre très haut. A commencer par l’Ecossaise Lynne Ramsey, avec We Need To Talk About Kevin. Adapté du roman de  l’Américaine Lionel Shriver, cette œuvre coup de poing raconte l’histoire d’Eva et Franklin qui ont mis au monde un gamin odieux et terriblement difficile. Petit, ses hurlements sont si intolérables qu’Eva s’arrête avec la poussette près d’un marteau piqueur pour ne plus les entendre.

     

    De plus en plus méchant au fur et à mesure qu’il grandit, il ne cesse de provoquer sa mère, saccageant systématiquement ce qu’elle propose ou entreprend. De son côté, tout en se consacrant à lui corps et âme, Eva éprouve des sentiments ambigus et a l’impression qu’il a gâché sa vie.

     

    Lynne Ramsey montre avec talent l’aversion qui augmente entre ces deux personnages, tandis que largué, le père  ne voit rien, ne comprend rien. Il est complètement manipulé par cet enfant qui mène une vraie guerre contre sa mère. Il finira d’ailleurs par la respecter davantage à la fin.

     

    Tout en explorant une situation de plus en plus conflictuelle, la cinéaste se focalise sur la culpabilité parentale, à laquelle Eva est confrontée lorsqu’à 16 ans, Kevin commettra l’irréparable dans un lycée façon Columbine. Rappelant ainsi Elephant qui avait valu la Palme d’Or à Gus Van Sant en 2003.

     

    Au-delà du malaise et des émotions qu’il suscite, ce voyage cauchemardesque évoque ainsi le combat d’une femme pour tenter de comprendre les fautes  commises, d’expliquer la tragédie en revivant des moments clés. Des retours sur le passé prétextes à un montage chahuté et éclaté qui constitue un véritable défi de structure.

     

    Grand film, We Need To talk About Kevin  est évidemment formidablement interprété. Tilda Swinton fascine et impressionne dans le rôle d’Eva, tandis que le jeune Ezra Miller aussi beau que brillant interprète le sien avec une rare aisance. « C’est horrible à dire mais je me sens lié à Kevin. La réalité que nous vivons nous amène à connaitre le bien et le mal qui est en nous. J’aurais pu être lui.»

     

    Beautés endormies pour vieux messieurs

     

    Jeune étudiante, Lucy a besoin d’argent et multiplie les petits boulots, dont de désagréables expériences de médecine. Apparemment totalement décomplexée et dépourvue de sentiments,  elle répond à une petite annonce et intègre un réseau de beautés endormies, livrées au désir d’hommes âgés, interdits pourtant de pénétration.

     

    Plongée dans le sommeil grâce à une mystérieuse potion, Lucy se réveille comme si rien ne lui était arrivé. Elle ne voit pas les vieux messieurs qui viennent la retrouver dans son lit et ne se souvient pas de ce qu’ils lui ont fait.

     

    Ce conte de fées érotique est signé de la romancière australienne Julia Leigh, qui livre un premier film étrange, singulier et dérangeant à la mise en scène cliniquement raffinée.

       

    Personnage sans limite Lucy se trouve dans une forme radicale de soumission qu’elle a choisie. D’allure physiquement innocente, la peau diaphane, elle n’est pas une victime. Il y a de la perversion dans sa manière de s’abandonner à ceux qui la contrôlent. Elle se met elle-même en danger en perturbant des conventions qu’elle rejette.

     

    On suppose qu’il s’agit là d’un rôle difficile, l’héroïne étant nue la plupart du temps dans Sleeping Beauty. Ce n’est pas le cas pour l’excellente Emily Browning. «Ces scènes n’ont pas autant d’impact sur moi qu’on pourrait le penser. La nudité n’est pas un problème pour moi et je savais que Julia n’allait pas faire des choses de mauvais goût. Alors j’en profitais pour méditer… »

     

    Gus Van Sant déçoit

     

    Un mot encore sur Restless de Gus Van Sant, dont on attendait beaucoup. Malheureusement, il ne tient pas ses promesses et on comprend la raison de sa présence dans Un certain regard plutôt qu’en compétition. En phase terminale d’un cancer, la jolie Annabel Cotton n’en est pas moins animé d’un farouche appétit de vivre.

     

    Lors d’un enterrement, elle rencontre Enoch Brae, au contraire mû par un instinct de mort depuis celle, tragique, de ses parents dans un accident. Séduit par le courage exemplaire de la jeune femme, il l’aidera à vivre intensément ses derniers jours. Voilà qui rappelle singulièrement, par certains côtés, un certain Love Story qui fit pleurer la planète entière en 1970. Même si le réalisateur déçoit, on lui souhaite le même sort.

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