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  • Festival de Cannes: à qui la Palme d'Or 2011?

    Dernière célébrité à attirer la grande foule sur la Croisette, Sean Penn. Alors que Terrence Malick lui avait réservé un rôle mineur dans L’arbre de vie, il porte sur ses épaules le film de Paolo Sorrentino, This Must Be the Place, un titre tiré d’une chanson des Talking Heads.

    Deuxième réalisateur italien en compétition avec Nanni Moretti, Sorrentino a choisi Sean Penn pour incarner une ex-star du rock au bout du rouleau et au bord de la déprime. Looké Robert Smith des Cure mâtiné de Marilyn Manson, le comédien maquillé à outrance, coiffé pétard, affligé d’une sciatique, d’une démarche traînante de petit vieux et d’une voix atone de bébé , Cheyenne a tout de l’ectoplasme sous sédatif.

    A la faveur d’une traque au bourreau nazi de son père qui vient de mourir, il entreprend un voyage à travers les Etats-Unis. Périple en forme de réparation de l’humiliation paternelle qui le fera enfin parvenir à l’âge adulte. Insolite, parfois drôle, ce road-movie n’est toutefois pas de nature à changer les pronostics des critiques. On ne voit pas non plus les deux derniers films encore en concours bouleverser la donne.

    Entre Terrence Malick, Aki Kaurismäki et les Dardenne

    Si l’on considère le nombre de palmes distribuées par la presse tricolore dans «Le film français», c’est L’arbre de vie de Terrence Malick qui décroche la timbale avec une demi-douzaine d’entre elles. The Artist, le muet en noir et blanc de Michel Hazanavicius en récolte cinq, tandis que Polisse de Maïwenn en obtient quatre.

    Au-delà de ce trio de tête, on trouve Le gamin au vélo des frères Dardenne, Le Havre d’Aki Kaurismäki, ainsi qu’ex-aequo La Piel que habito de Pedro Almodovar et Melancholia de Lars Von Trier. Celui qui divise le plus, provoquant autant d'admiration que de détestation, c'est Drive, du Danois Nicolas Winding Refn. Qui a par ailleurs taclé son compatriote Lars Von Trier pour ses propos "inacceptables". A l'actif de l'opus montrant un jeune solitaire qui joue au cascadeur le jour et pilote son bolide la nuit pour des truands, une mise en scène vrtuose et le comédien Ryan Gosling. Sulfureux, il rappelle un peu Steve McQueen et Clint Eastwood. A son débit, de complaisantes explosions d'une rare violence.

    On touille un peu l’ensemble pour retrouver plus ou moins les mêmes dans la revue «Screen», qui regroupe les avis de la presse internationale. Nous avons donc Le Havre en tête, talonné par Le gamin au vélo, puis à égalité The Artist et L’arbre de vie précédant Melancholia et We Need To Talk About Kevin de Lynne Ramsey. Le mal aimé c’est L’Apollonide, souvenirs de la maison close, de Bertrand Bonello.

    Mon palmarès complet

    Des pronostics que je partage. Mais voici mes favoris pour les différents prix :
    Palme d’Or : Le gamin au vélo des frères Dardenne
    Grand prix du jury: Le Havre d’Aki Kaurismäki
    Mise en scène: Melancholia, de Lars Von trier
    Scénario: La piel que habito, de Pedro Almodovar
    Prix du jury: ex-aequo Polisse de Maïwenn et The Artist de Michel Hazanavicius
    Interprétation masculine: Thomas Doret dans Le gamin au vélo
    Interpréptation féminine: Tilda Swinton dans We need To Talk About Kevin

    Le président Robert De Niro et ses complices nous donneront-ils raison? Rien n'est moins sûr. Comme on dit dans ces cas-là, le critique propose et le jury dispose. Verdict dimanche soir.

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  • Festival de Cannes: Almodovar de retour avec Banderas

    Déclaré persona non grata au Festival, Lars Von Trier a été prié de boucler ses valises suite à ses propos antisémites jugés «inqualifiables». Son film Melancholia reste en lice pour la Palme d’Or mais au cas où il recevrait un prix, le trublion danois ne pourrait venir le chercher sur scène dimanche soir.

     

    Pendant ce temps, Pedro Almodovar, pour la cinquième fois sur la Croisette, présentait en compétition La piel que habito (La peau que j’habite). Adaptant très librement un roman de Thierry Jonquet lu il y a une dizaine d’années, le cinéaste montre un chirurgien esthétique  devenu fou suite à la mort de sa femme, et qui se venge du garçon qui a violé sa fille en le soumettant à ses délires du scalpel. Pour ne pas dévoiler l’intrigue plus avant, on dira simplement que mêlant art et science, elle évoque le transfert de gênes.

     

    Après la comédie et le mélodrame, Almodovar investit pour la première fois le thriller, qui correspond à sa vie actuelle. Mais avec son habitude de réinventer et de revisiter des univers pour se les approprier, il s’amuse à bousculer les règles et les codes du genre et fait sa cuisine à lui, dans un style un peu indéfini.

     

    Déployant des trésors d’imagination, soignant aussi bien la construction, l’esthétique et les décors que le grain de peau de la sublime Elena Ayana découverte dans Parle avec elle, ce 18e opus marque les retrouvailles de l’auteur avec Marisa Paredes, l’une de ses actrices fétiche. Et surtout avec Antonio Banderas, vingt-deux ans après Attache-moi. Plus séduisant que jamais, le comédien est parfait en psychopathe cliniquement glaçant, personnage extrême ne manifestant aucune empathie pour la douleur des autres.

     

    Titillé au début par l’idée, rapidement abandonnée, de tourner un muet en noir et blanc à la Fritz Lang, Almodovar dit avoir été en revanche clairement influencé par Les Yeux sans visage du Français Georges Franju (1959). Mais sans le côté fantastique. «On est déjà dans la réalité avec les expériences transgéniques et le décodage du génome humain, des travaux heureusement encadrés par les lois sur la bioéthique. Mon frère et moi avons fait de nombreuses recherches sur la fabrication de la peau artificielle».

     

    Avec un tel sujet porté par un maniaque de l’incision, on pouvait craindre des flots d’hémoglobine. Ce n’est pas le cas. Pour Almodovar, l’important, c’était avant tout de maintenir le suspense. «Je ne voulais pas de spectacle gore et brutal. Les gens comprennent ce qui se passe sans que je sang coule».

     

    Antonio Banderas: «Merci Pedro»

     

    Visiblement ému, Antonio Banderas a tenu à rendre hommage à son réalisateur. «Ce film m’a fait réfléchir sur la création, rendue possible dans l’espace sans complaisance qui nous est laissée. J’ai travaillé ce rôle à l’économie pour intérioriser mes sentiments. Sans grands gestes inutiles. On découvre à quel point le personnage est névrosé au fur et à mesure du déroulement de l’histoire. Pedro m’a interdit de sourire et d’aller là où je vais d’habitude. Je l’en remercie aujourd’hui».

     

    L’acteur se déclare également reconnaissant de la place qu’occupe le cinéaste dans sa vie. «Il a fait mon éducation artistique. Revenir vers lui c’était aussi retrouver mes racines, Marisa et toute cette génération qui représente l’avenir du cinéma espagnol».

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  • Festival de Cannes: Lars Von Trier choque en disant comprendre Hitler

    Répondant à une question sur ses origines allemandes, Lars Von Trier n’a pu s’empêcher, à son habitude, de provoquer le malaise à Cannes. Déclarant lors de sa conférence de presse qu’il comprenait Hitler. «Je pense qu’il a fait de mauvaises choses mais je l’imagine assis dans son bunker à la fin. Il n’est pas ce qu’on pourrait appeler un brave type, mais j’ai un peu de sympathie pour lui. Je ne suis quand même pas pour la Seconde guerre mondiale. Je suis bien sûr pour les juifs, pas trop, car Israël nous fait chier. D’accord, je suis un nazi… »

    "Oh my God", a dit Kirsten Dunst en se tournant vers Charlotte Gainsbourg, les deux héroïnes du réalisateur», tandis que la direction du festival s’est émue de ses propos. A sa demande, le roi de la provoc' un peu embêté s’est alors excusé dans un communiqué à l’AFP, se défendant d’être raciste, antisémite ou nazi.

    Vaine polémique. Surtout qu’Hitler n’a rien à voir avec un très bon Melancholia, qui séduit par sa magnificence visuelle. Mieux vaut donc s’intéresser à l’œuvre, sorte de contrepoint à L’Arbre de vie de Terrence Malick. Tandis que l’Américain se penche sur les origines de l’univers, le Danois nous entraîne vers l’apocalypse.

    Drame psychologique, son film commence, comme Antichrist par une ouverture. Images sublimes au ralenti, dont la beauté est encore exaltée par une musique de Wagner (Tristan et Iseut). Mais loin de choquer comme dans son opus précédant, le cinéaste poursuit en douceur. Nous invitant, dans une première partie, au mariage de la jolie Justine (Kirsten Dunst qui a remplacé Penelope Cruz) avec Michael (Alexander Skarsgard).

    Mais alors qu’elle s’est imposée ce rituel pour en finir avec ses angoisses et redevenir normale, elle est incapable de faire face à sa nuit de noces. La deuxième partie la montre avec sa sœur Claire (Charlotte Gainsbourg) dans les jours qui aboutiront à la collision attendue de la planète Melancholia et la Terre.

    Cette ambiance de fin du monde est une métaphore de la profonde dépression dont souffre Justine, pour qui la vie ici-bas est mauvaise et qu’il n’y en a plus pour longtemps. La jeune femme représente à l’évidence le double de Lars von Trier dans cette splendide méditation poétique sur fond de mélancolie, de neurasthénie et de drame. Les fans de l’auteur en ont fait leur Palme d’Or.

    L’irrésistible ascension de Nicolas Sarkozy

    Les premières scènes montrent un homme en peignoir, seul et abattu, triturant une alliance le jour de son élection à la présidence de la République française, le 6 mai 2007. Toute la journée, il a cherché à joindre sa femme Cecilia, momentanément revenue le soutenir par devoir et définitivement repartie par amour.

    A la faveur d’allers et retours entre présent et passé, le réalisateur Xavier Dürringer raconte ainsi dans La Conquête, premier film sur un président en exercice en France, les cinq ans de l’irrésistible ascension de Nicolas Sarkozy. Ou l’histoire d’un homme qui a perdu sa femme en gagnant le pouvoir.

    Pour nourrir son intrigue, le scénariste Patrick Rotman a dépouillé la presse de 2002 à 2007, lu une soixantaine de livres, collectionné les anecdotes et visionné une dizaine d’heures d’archives. Mais toute documentée soit-elle, La Conquête est d’abord une fiction dont il dit avoir inventé la majorité des scènes et des dialogues. L’essentiel n’étant pas d’être exact mais vraisemblable, tout se mélange selon lui, le vrai, le faux, le réel et l’imaginaire.

    Analysée ligne par ligne par les avocats pour éviter un procès en diffamation, La Conquête faisait apparemment peur. A tort, il ne s’agit pas du tout d’un film à charge. Au contraire. Le principal intéressé et ses "boys" sont le plus souvent montrés à leur avantage. Les plus vilipendés sont plutôt les journalistes à leur botte.

    Mais face à la force des image de DSK en provenance de New York, ce long-métrage apparaît bien fade. Même si Durringer fait dire à son héros que les hommes poltiques sont des bêtes sexuelles... Pauvre cinématographiquement de surcroît, il n’est absolument pas incarné, à l’inverse de The Queen de Stephen Frears. Enfin, tout en nous laissant pénétrer dans les coulisses de la campagne, Durringer ne nous apprend pas grand-chose, sinon que Cécilia Sarkozy n’est pas allée voter Sarko pour prouver son amour à Richard Attias.

    Truffée à l’excès de petites phrases et de bons mots, La Conquête se présente donc avant tout come une comédie divertissante, façon Guignols ou revue de boîte. Avec quelques bons acteurs, à commencer par Bruno Podalydès, bluffant dans son interprétation de Sarkozy. Qu’il s’agisse de sa façon de parler, de marcher de se tenir.

    Bref, plus vrai que nature, même s’il prétend s'éloigner de l’imitation. A l’image d’ailleurs de Bernard Le Coq en Chirac. Voire de Florence Pernel en Cécilia. Beaucoup moins convaincant, c’est un euphémisme, Samuel Labarthe en Villepin. Certains rôles secondaires sont également peu soignés.

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