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  • Grand écran: entre comédie, procès, politique, thriller, aventure, mes films préférés de 2024

    L'année cinématographique fut riche dans tous les genres  Voici plus ou moins dans l'ordre, un florilège  des oeuvres qui m'ont plus particulièrement marquée, intéressée, surprise, émue. Les auteurs français se taillent la part du lion dans cette liste évidemment non exhaustive.   

    Anora, de Sean Baker
     
    Le réalisateur américain met en scène une rencontre entre une danseuse érotique de Brooklyn  et le fils d’un oligarque russe dans un «club pour gentlemen»  Le courant passe entre la volcanique Anora (Mikey Madison) et Vanya (Mark Eydelshteyn, ), tête à claques immature. Jouant de l'érotisme, sensualité, romance, drame social, polar sous tension, Sean Baker, récent lauréat de la Palme d’or, propose une comédie de mœurs déjantée, à la fois grave et pleine d’humour. Elle fait la part belle à un magnifique personnage féminin, Cendrillon moderne sublimée par Mikey Madison. 

    Les graines du figuier sauvage, de Mohammad Rasoulof 

    Père de deux filles, Imam est nommé juge d’instruction au tribunal révolutionnaire de Téhéran, alors que le pays est secoué par une vaste contestation populaire. La promotion inquiète sa famille, qui se sent en danger. Dépassé par les événements, Iman décide de se conformer à la cruauté du système, approuvant des condamnations à mort sans se préoccuper de preuves. Suite à la mystérieuse disparition de son pistolet, Imam sombre dans la paranoia, allant jusqu’à maltraiter ses filles en les accusant de vol. Dans cette charge haletante contre le gouvernement de Téhéran, l’opposant Mohammad Rasoulof propose un film de genre en forme de métaphore d’un régime au bord de la chute. Il a gagné le Prix spécial du jury sur la Croisette. 

    The Zone Of Interest, de Jonathan Glazer 

    Entre pique-nique, pêche à la ligne et balades à cheval, Le commandant d’Auschwitz, Rudolf Höss, sa femme Hedwig (Sandra Müller, remarquable)  et leurs cinq enfants  mènent une vie idyllique dans leur jolie maison avec jardins fleuris, grande serre et piscine. Mais juste derrière le mur, il y a le pire camp de la mort. Dans ce film évoquant la  banalité du mal tourné sur place, Grand Prix du jury cannois 2023, mais sorti au tout début 2024, Jonathan Glazer filme l'horreur de la Shoah sans jamais la montrer Absolument glaçant.  

    Juré no 2, de Clint Eastwood

    Journaliste dans un petit magazine, Justin Kemp (Nicolas Hoult) est tiré au sort comme juré dans un procès pour meurtre. L’accusé, un homme violent, est suspecté d’avoir tué son amie avec laquelle il entretenait une relation houleuse. Après la plaidoirie de la procureure, le jury est convaincu de sa culpabilité. A une voix près, celle de Justin Kemp, qui va tenter de retourner ses co-jurés. En pleine forme, Clint Eastwood nous emporte dans un récit qui nous scotche au fauteuil dès la première minute.
      
    Trois kilomètres jusqu’à la fin du monde, d’Emmanuel Parvu

    Un simple baiser entre deux jeunes garçons et la violence se déchaîne contre l’un d’eux, Adi 17 ans, dans ce petit village de pêcheurs roumain. Le monde de l’ado, du coup enfermé, martyrisé, exorcisé ( !) est bouleversé. La critique froide de l’homophobie ordinaire sur fond de corruption et de loi du silence au sein d’une société rétrograde, a valu à Emanuel Parvu la Queer Palm en mai dernier à Cannes. Il captive et bouleverse par sa mise en scène efficace, simple, sobre, presque distante, de cette œuvre portée par d’excellents comédiens.
     
     The Apprentice, d’Ali Abbasi

     Le réalisateur danois propose son passionnant premier film américain. Il raconte l’irrésistible ascension de Donald Trump (Sebastian Stan) dans le monde des affaires et du pouvoir au cours des années 1970-1980, suite à une rencontre avec Roy Cohn (Jeremy Strong), avocat conservateur et entremetteur politique aussi abject qu’influent. Sebastian Stan est si bluffant qu’on a presque l’impression d’avoir le vrai Trump à l’écran. Avec sa fameuse mèche et sa bouche en cul de poule. Ame damnée magnétique,Jeremy Strong ne le lui cède en rien, parvenant même à l’éclipser dans le rôle du rapace Roy Cohn
     
    The substance, de Coralie Fargeat 
     
    Reine de l’aérobic à la télévision, Elizabeth Sparkle vient d’atteindre l’âge fatidique de 50 ans. Pour garder son job, elle se laisse tenter par un message lui garantissant une meilleure version d’elle- même, plus jeune et plus belle grâce à une mystérieuse substance. Avec cet excellent sujet sur le jeunisme et la violence faite aux femmes, Caroline Fargeat propose un body horror cruel, drôle et grandguignolesque, porté par la formidable Demi Moore.
     
     L’histoire de Souleymane, de Boris Lojkine 

    Demandeur d’asile, Souleymane se retrouve à Paris, sillonnant les rues à vélo pour ivrer des repas.  Son statut lui interdit de travailler, et il lui reste deux jours avant un entretien à l’Office français de protection des réfugiés et apatrides, qui lui permettra peut-être d’obtenir des papiers. Avec ce thriller politico-social, Boris Lojkine livre un témoignage puissant sur les candidats à l’asile, dont les livreurs maltraités par des gens sans scrupules. Rendant hommage à leur courage, il nous plonge dans leur quotidien brutal en forme de tunnel, au bout duquel ils désespèrent de voir la lumière. 

    Tatami, de Zar Amir Ebrahimi et Guy Nattiv

    Inspiré d’un fait réel, ce thriller d’espionnage sous haute tension tourné dans un magnifique noir et blanc nous immerge au cœur d'affrontements intenses, à la fois sportifs et politiques. Tout en nous laissant ressentir la terrible charge physique, psychologique et mentale pesant sur Leila, une championne de judo iranienne qui lutte pour ne pas céder aux injonctions du régime. Intelligente, courageuse, passionnante, cette première coréalisation irano-israélienne est de surcroît remarquablement portée par ses deux principales interprètes, qui «sont » plutôt qu’elles ne jouent leur personnage respectif. 
     
    Emilia Perez, de Jacques Audiard

    Chef de cartel mexicain enfermé dans un corps d’homme, Manitas va  devenir Emilia, avec l'aide d'une avocate. Surexploitée par un cabinet très occupé à blanchir des criminels, cette dernière voit là une porte de sortie inespérée. De son côté, passée pour morte, Emilia resurgit quatre ans après en bienfaitrice d’une ONG au service de familles mexicaines, victimes de la violence des barons de la drogue. Elle renoue alors des liens avec sa femme et ses deux enfants, ignorant ce qui lui est arrivé. Avec Emilia Perez, Jacques Audiard livre un thriller musical queer explosif. Prix du jury cannois et lauréat de quatre Golden Globes, dont meilleur film musical et meilleur film en langue étrangère.
     
    Les fantômes, de Jonathan Millet 

    Torturé pendant des mois dans la pire es prisons syriennes, Hamid en est sorti vivant à ‘image de quelques autres détenus. Emigré en Allemagne, il a intégré l’une des cellules d’une organisation secrète formée de compatriotes. Espions amateurs, ils poursuivent à travers l’Europe des criminels de guerre qui se cachent sous de faux noms. Captivant, poignant, ce thriller original à tendance psychologique signé Jonathan Millet, maintient un suspense haletant. La tension monte au fil d’une histoire où se mêlent vengeance, traumatismes, obsession, deuil, rédemption.

    Miséricorde, d’Alain Guiraudie

    Dans ce polar rural et mystique qui flirte avec la comédie burlesque, on suit le déroutant Jérémie (Félix Kysyl) qui retourne dix ans après dans son village de Saint Martial pour l’enterrement du boulanger, son ancien patron. Il se retrouve au milieu d’une mystérieuse énigme, où Alain Guiraudie met sa griffe particulière, son humour noir décoiffant, son côté absurde, son inventivité, sa malice, son audace, sa liberté de ton. Une réussite qui tient aussi à la parfaite interprétation de tous les protagonistes, dont la désarmante Catherine Frot

    Conclave, d'Edward Berger

    Le pape vient de mourir et le doyen du collège , le cardinal Lawrence (remarquable Ralph Fiennes), réunit ses pairs pour élire son successeur. Avant de voir sortir la fumée blanche, on plonge en plein suspense dans un huis-clos oppressant. Peu à peu, on nous dévoile les manipulations, trahisons et autres complots ourdis par certains prélats avides de devenir pape, mais indignes d'accéder à.la fonction suprême.
     
    Le comte de Monte-Cristo, de Matthieu Delaporte et Alexandre De La Patellière

    En 1815, Edmond Dantès, jeune marin promu capitaine trahi par de jaloux rivaux, est arrêté le jour de son mariage pour un crime qu’il n‘a pas commis. Enfermé au château d’If, tristement célèbre forteresse marseillaise, il parviendra à s’évader après quatorze horribles années de bagne. Devenu très riche, il regagne Paris sous le nom de Comte de Monte-Cristo. Son but, faire payer cher les trois traîtres qui l’ont privé de sa jeunesse et de Mercédès, son grand amour. Entre félonie, aventure, duels, romance et suspense, on suit dans sa quête ce personnage trouble, ténébreux, parfaitement incarné par Pierre Niney.

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  • Grand écran: "Planète B", angoissant thriller d'anticipation dystopique au féminin. Avec Adèle Exarchopoulos

    France 2039. Comme le reste du pays, où a été mise en place la loi sécurité totale, Grenoble est en plein chaos. Traqués sans relâche par les forces de l’ordre, aidés de drones de surveillance, des écolos activistes qualifiés de terroristes tentent de résister. Une nuit Julia (Adèle Exarchopoulos) en mission avec Eloi (Paul Beaurepaire), se font surprendre par les CRS. Ils se battent farouchement pour leur échapper, mais brusquement, c’est le trou noir.

    Surgie de l’eau proche de l‘asphyxie,  Adèle échoue dans une résidence hôtelière avec piscine, transats et parasols au milieu des palmiers, lieu isolé et perché sur un piton rocheux dominant la mer. Très vite elle découvre qu’il s’agit en fait d’une prison virtuelle, appelée Planète B où, avec ses compagnons de lutte qui l’ont rejointe, elle devra attendre son procès. Disparus sans laisser de trace, considérés comme déviants, ils sont soumis à des tortures psychologiques, faisant notamment d’affreux cauchemars en recevant d’horribles images. Ou se heurtent à des murs invisibles en cherchant à sortir de cet endroit faussement paradisiaque.  

    Parallèlement la réalisatrice suit, dans le monde réel, Nour (la Genevoise Souheila Yacoub). Journaliste irakienne fauchée travaillant comme femme de ménage dans une base militaire, elle se retrouve,suite à une histoire de casque volé. face à Julia sur la disparition de laquelle elle enquêtait. 

    Après son premier film (Les héros ne meurent jamais) la Française Aude Lea Rapin propose un thriller d’anticipation apocalyptico-socialo-politico-dystopique au féminin, où elle en profite pour montrer une société fracturée, violente, développant des thèmes qui font écho à l’actualité comme la pollution, la montée des extrêmes,  les violences policières, les dérives carcérales, l’exploitation des immigrés,  l’écoterrorisme.  Noir, angoissant, intéressant par son discours militant, bien interprété, Planète B a de quoi séduire. D’autant que la réalise soigne aussi le décor. Mais elle a tendance à nous perdre au fil d’un scénario brouillon et qui n’évite pas les longueurs. Dommage.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 25 décembre

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  • Grand écran: "Le Déluge" nous fait partager les derniers jours de Louis XVI et Marie-Antoinette. Avec Guillaume Canet et Mélanie Laurent

    Après la fameuse fuite de Varennes en 1791, la famille royale sera rattrapée par la garde nationale Arrêtée, elle sera finalement emprisonnée  à La Tour du Temple, près de Paris, à partir du 13 août de l’année suivante. dans l’attente de leur procès et de leur exécution programmée .  

    Tourné à Rome et à Turin sur fond d’images de synthèse du Paris de l’époque, Le Déluge  signé du réalisateur italien Gianluca Jodice est né de la lecture, par hasard, d’un livre relatant le procès de Louis VXI, dernier souverain de l’Ancien Régime. Tiré des carnets  de Jean-Baptiste Cléry, valet personnel du roi  resté auprès de son maître jusqu’au bout, il évoque, selon son auteur, une apocalypse historique et intime, en racontant à la fois la fin d’un homme et  d’une époque

    Divisant son film en trois chapitres, les dieux, les hommes et les morts, l’auteur a choisi un angle intéressant en nous laissant  partager les derniers jours de Louis VXI, de Marie-Antoinette  et de leurs deux enfants. Alors qu’ils ont toujours vécu dans le luxe et la splendeur de Versailles,  Ils sont très rapidement  privés de leurs privilèges, dénués de tout, négligés et raillés, obligés de porter des vêtements et des perruques sales, de manger avec les doigts. Morts en somme avant d’être guillotinés.

    Quant à leurs gardiens révolutionnaires, ils sont montrés comme des soudards assoiffés de vengeance et de sang,  l’un d’eux n’hésitant pas à violer Marie-Antoinette en échange de quelques faveurs pour sa progéniture. Une scène improbable, où le réalisateur n’a pas hésité à sacrifier la vérité  à la licence cinématographique, ce qui fera sans doute hausser quelques sourcils de spécialistes. Même si Les heures sombres de la Terreur n’en sont pas moins bien rendues. A l’image d’un monde basculant dans un autre.

    Outre ses décors soignés, Le Déluge le film, qui certes n’atteint pas des sommets, se laisse toutefois aussi voir pour ses deux comédiens. Méconnaissable, enflé de partout, Guillaume Canet apparaît en roi immature, timide, sinon quasiment autiste, trop faible pour sa lourde tâche, peu à l’aise en société, vouant une passion à la réparation des serrures et des horloges.

    A la cruauté des tortionnaires envers cette famille tombée dans la déchéance, Jidice oppose l’humanité d’un homme acceptant son sort, sa douceur exaspérante pour  une Marie-Antoinette  très différente  qui ne cesse de se braquer. Mélanie Laurent  se révèle parfaite en reine orgueilleuse, souveraine déchue s’obstinant  à rester impérieuse et péremptoire, avant de prendre conscience  de la tragédie  

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 25 décembre. 

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