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  • Grand écran: "Boy Erased": on va te soigner mon fils! Un réquisitoire édifiant

    boyerased.jpgFils de pasteur, Jared, 19 ans, vit dans une petite ville américaine de l’Arkansas. Alors que ses parents découvrent son homosexualité, il se trouve face à un terrible dilemme. Soit il suit un programme de thérapie de conversion, soit il sera rejeté par sa famille, ses amis et sa communauté religieuse.

    Cette histoire vraie est celle du courageux combat d’un garçon pour se construire, alors qu’on remet en question ce qu’il est. Garrard Conley s’en est emparé pour un roman autobiographique. En l’adaptant, le réalisateur Joe Edgerton dénonce et condamne à son tour ces pseudo-thérapies, revenant sur ces traitements aliénants imposés aux ados gay pour les remettre dans "le droit chemin".

    Lavage de cerveau

    Le sujet pourrait aujourd’hui sembler anachronique. Pourtant cette volonté de réorientation sexuelle reste relativement répandue, non seulement aux Etats-Unis, mais notamment au Canada et en Europe. Pour rester chez l’oncle Sam, trente-six états permettent de laver le cerveau d’enfants ne correspondant pas au modèle d’une prétendue normalité.

    Certaines familles continuent donc à envoyer leur progéniture «déviante» dans ces redoutables centres pour un temps indéterminé, dans le but de soigner ce qu’ils persistent à considérer au mieux comme une maladie, au pire comme une abominable perversion. Avec cette idée qu’on ne naît pas homosexuel mais qu’on le devient, de trop nombreux jeunes gens sont ainsi cruellement forcés de nier leur véritable identité.

    Après The Gift, évoquant la vie d’un couple chamboulée par un mystérieux cadeau, Joe Edgerton nous emmène, avec Boy Erased, dans l’un de ces lieux qui ont tout d’une prison. Et où sévissent brutalement des thérapeutes douteux d’une bêtise crasse, usant de méthodes indignes à l’égard de jeunes gens complètement déboussolés, dont en l’occurrence l’un d’eux n’y survivra pas.

    Excellents acteurs

    L’intrigue est portée de bout en bout par Lucas Hedges (récemment vu dans Lady Bird, Les panneaux de la vengeance et Ben Is Back). Il est excellent dans le rôle de cet adolescent tourmenté entre son désir de conformité, son affection pour ses parents et ses pulsions homosexuelles.

    Le réalisateur nous brosse aussi le portrait de parents (Russel Crowe et Nicole Kidman également parfaits) tiraillés entre leur amour pour leur Jared et leur aveuglement religieux, perdus face à une situation qui les dépasse. Enfin on n’oubliera pas, dans ce constat édifiant et dénué de caricature d’une société d'une rare bigoterie, le personnage de l'affreux directeur du centre, incarné par Joel Edgerton lui-même. Il nous réserve une surprise à la fois de taille, mais qui finalement ne nous surprend pas.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 27 mars

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  • Grand écran: dans "Le mystère Henri Pick", Fabrice Luchini joue au fin limier littéraire avec Camille Cottin

    5719309.jpgAu cœur de la Bretagne se niche une bibliothèque bretonne unique en son genre dans la mesure où elle ne recueille que des ouvrages refusés par les éditeurs. Delphine (Alice Isaaz), une jeune éditrice en visite chez ses parents en compagnie de son ami écrivain en quête de reconnaissance, y découvre un manuscrit extraordinaire qu'elle décide aussitôt de publier. Le texte, intitulé Les dernières heures d’une histoire d’amour, fait immédiatement le buzz.

    Ce nouveau phénomène littéraire emballe le milieu d’autant qu’il est signé d’Henri Pick, le pizzaïolo local, décédé deux ans plus tôt. Or, selon sa veuve, il n’aurait jamais écrit autre chose que ses listes de courses. Pourtant, elle décide d’y croire. Trouvant l’histoire trop belle, un célèbre critique (Fabrice Luchini), se montre au contraire très sceptique lors d’une émission. Persuadé envers et contre tous qu'il s'agit d'une imposture, il décide de mener l'enquête, avec l'aide inattendue de la propre fille  de l'énigmatique Henri Pick.

    A l'évidence Luchini s'amuse à jouer les fins limiers littéraires avec Camille Cottin. Le tandem fonctionne bien dans cette légère et divertissante comédie policière qui multiplie sans prétention les situations cocasses. Le mystère Henri Pick est librement adapté du livre éponyme de David Foenkinos par Rémi Besanzon. A l’image du romancier, le réalisateur égratigne gentiment le monde littéraire. Il en dénonce les petites magouilles tout en se moquant de la facilité avec laquelle il se laisse berner et tombe dans le piège du marketing.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès le mercredi 6 mars.

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  • Grand écran: "Destroyer" avec Nicole Kidman, méconnaissable en policière détruite

    maxresdefault.jpgErin Bell, jeune détective au Los Angeles Police Department infiltre un gang de braqueurs dans le désert californien, mais sa mission se termine tragiquement. Des années plus tard, détruite, elle tente sans succès de renouer le contact avec sa fille qu’elle a trop longtemps délaissée et qui la rejette à son tour. Lorsque le chef de la bande réapparaît, elle reprend l’enquête pour comprendre ce qui est arrivé, se défaire de ses démons et enfin régler ses comptes.

    Ce polar noir signé de la réalisatrice Karyn Kusama se veut à la fois insoutenable, finchien, friedkienien, voire ellroyien. Il n’offre en réalité qu’une intrigue criminelle plus molle que glauque, plus confuse qu’énigmatique avec ses allers et retours entre passé et présent. On se trouve face à du déjà vu fade et sans intérêt en l’absence de vrais enjeux.

    Le film se distingue par l'omniprésence de Nicole Kidman. Si elle n’avait pas pris une ride en plus de vingt ans dans Aquaman, changement physique radical dans Destroyer, où elle apparaît méconnaissable en policière déchue, ravagée épar le chagrin et assoiffée de vengeance. Enlaidie, cassée, cafardeuse, désabusée, maigre, le cheveu gris et terne, elle déambule lourdement, la démarche chancelante.

    Malheureusement, elle en rajoute inutilement en mater dolorosa ratée et alcoolique, dont la vie est partie en lambeaux. Une performance exagérée, logiquement boudée par l’Académie des Oscars, pourtant friande de transformations époustouflantes.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 6 mars.

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