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  • Grand écran: "L'adieu à la nuit" réunit Catherine Deneuve et Kacey Mottet Klein. Poignant

    deneuve.jpgAprès Les cowboys de Thomas Bidegain ou Le ciel attendra de Marie-Castille Mention-Schaar, André Téchiné s’empare à son tour du sujet brûlant du djihadisme  L’adieu à la Nuit, son 26ème long-métrage, où il réunit son égérie Catherine Deneuve (Muriel) qui a tourné huit fois avec lui et le jeune Vaudois Kacey Mottet Klein (Alex), qu’il avait déjà casté dans Quand on a 17 ans.

    On est au printemps 2015. Il y a du soleil. Muriel, qui tient un centre équestre avec son ami Youssef est ravie de la visite d’Alex qui vient passer quelques jours chez elle avant de partir pour le Canada. Mais très vite, elle est intriguée par le comportement de son petit-fils, découvre qu’il lui ment et se prépare à une autre vie.

    Le film ne tarde d’ailleurs pas à révéler de quoi il s’agit quand Alex retrouve Lila, son amie d’enfance (Oulaya Amamara). Comme d’autres jeunes en peine d’idéaux, ils mijotent le funeste voyage en Syrie pour aller se battre aux côtés du djihad. Face à cette réalité inimaginable, Muriel bouleversée va tout faire pour empêcher Alex de partir vers la mort.

    Deux univers, deux générations, deux tragédies

    Sans jugement, compatissant, porté par le désir de comprendre, André Téchiné traite son sujet avec délicatesse, sensibilité, subtilité et une rare justesse. Suivant un jeune homme manipulable, en manque de repères, cherchant une place qu’il croit enfin trouver, et une grand-mère désespérant de pouvoir sauver ce petit-fils en proie à un mal-être existentiel, le réalisateur oppose deux univers, deux générations. Ainsi que eux tragédies, l’une familiale, l’autre sociétale.

    Ce récit poignant est porté par deux comédiens formidables, la grande Catherine, bien sûr, mais aussi dont Kacey Mottet Klein, 20 ans, garçon un peu fragile, un peu timide, révélé par Ursula Meier en 2008 dans Home. Depuis, on l'a beaucoup vu sur les écrans dans notamment Gainsbourg (Vie héroïque), L'enfant d'en-haut, Keeper.

    0397035.jpg-r_1280_720-f_jpg-q_x-xxyxx.jpgLe cinéma est devenu sa vie

    Récemment rencontré à Genève, il parle de son dernier film, évoquant l’extraordinaire honneur que lui a fait André Téchiné de le rappeler, et raconte son rapport au cinéma. "Il m’a offert des choses que je n’aurais pas dû recevoir et privé de certaines autres. Il m’a enlevé ma liberté d’enfant, mais en même temps m’a permis de me responsabiliser plus vite, de rencontrer l’amour, d‘avoir des amis, un cheval, de voyager… "

    Lorsqu’on lui propose un rôle, d’un côté ça le réjouit de participer à une nouvelle expérience. Mais il faut qu’il soit touché émotionnellement. De l’autre ça lui fait peur. "Je me demande si je vais être à la hauteur. Par ailleurs, je suis angoissé à l’idée qu’on ne me propose rien. Parce que le cinéma est devenu ma vie. Mais peut-être aurais-je besoin de divaguer. Je devrais peut-être changer. Devenir pompier. Je ne sais pas, Quelque chose de rationnel, de pragmatique. Qui aide vraiment les gens". 

    "Les jeunes s’approprient la violence sans émotion"

    Ce qui a plu à Kacey dans le personnage d’Alex, c’est qu’il soit sauvable, qu’il puisse être sensible. "C’est un être obstiné, qui veut être considéré comme un mec. Mais aussi un enfant innocent. Il n’a pas commis de crimes. Il est paumé comme tant d’autres jeunes, attiré par les islamistes qui à leurs yeux représentent quelque chose de fort. J’aurais pu être comme lui".

    Il ne cache pas qu’à 14 ans, il s’est converti à l’Islam et réalisé au bout de deux jours que c’était incompatible avec le mode de vie dont il avait envie. Fumer, boire, faire des trucs d’ado. Il dit aborder cette religion avec des pincettes. "Ce que je sais c’est que la base est moderne, a permis la liberté des femmes, la liberté d’expression".

    "Actuellement elle n’est plus adaptée. Je suis complètement athée, mais cet ailleurs mortifère qui peut tant séduire m’interpelle. Avec Internet il faut faire attention. On vit dans une ère très violente. Mais la violence est acceptée. Les jeunes se l’approprient sans émotion".

    Les rôles d’enfant terrible ont tendance à se répéter. S’y sent-il enfermé ? "On me pose souvent la question, mais je n’y pense jamais. Je me laisse emporter. C’est vrai que j’aimerais quelque chose de plus conventionnel, un médecin, un flic. Surtout je souhaite interpréter la grâce, l’élégance, la beauté".

    Généreuse Catherine Deneuve

    Se retrouver face à Catherine Deneuve, a été une vraie chance. "Elle sait tellement qui elle est. Elle ne pense pas à elle, mais aux autres. Elle est généreuse, laisse de l’espace à ses partenaires. En plus, elle se permet de fumer n’importe où. Du coup, on peut en griller une en toute impunité".

    S’il panique à l’idée qu’on l’oublie, ce n’est pas encore pour demain. Alors qu’il a terminé il y a cinq mois Just Kids, un road trip dramatique de Christophe Blanc, Kacey Mottet Klein va entreprendre en août le tournage d’un film d’Audrey Diwan qui se déroule dans les années 60 et où Il est amoureux d’une femme enceinte qui veut avorter.

    L'adieu à la nuit à l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 24 avril.

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  • Grand écran: pour Denis Rabaglia, c'est votre ennemi qui vous veut du bien!

    Un-nemico-che-ti-vuole-bene-2000x1000.jpgDenis Rabaglia est le seul réalisateur romand à n’avoir jamais tourné de long métrage de fiction dans sa langue maternelle. Après Grossesse nerveuse, Azzuro, Marcello, Marcello, le Valaisan revient avec Un nemico che ti vuole bene (Un ennemi qui te veut du bien), qui avait eu l’honneur d’être programmé sur la célèbre Piazza grande locarnaise en août dernier.

    Il s’agit d’une comédie noire ou plutôt grinçante sur fond de thriller, avec un scénario genre Agatha Christie à l’envers, dont les quinze premières minutes renvoient à une histoire vraie.

    Par une nuit d’orage, le professeur d’astrophysique Enzo Stefanelli (Diego Abatantuono, à droite sur la photo) sauve la vie d’un jeune homme blessé par balle (Antonio Folletto) et qui s’avère être lui-même un tueur à gages. Pour remercier cet homme providentiel, le garçon lui fait une étonnante proposition: éliminer son ennemi potentiel.

    Du coup, il se met alors en quête de ce dernier, créant par la même occasion le chaos dans la vie de Stefanelli. Qui, se montrant tout d’abord sceptique, commence à ouvrir les yeux et à s’interroger sur sa famille et ses proches…

    Denis Rabaglia pose deux questions essentielles. Le professeur sera-t-il capable d’identifier ce fameux ennemi? Et par ailleurs, chacun de nous en a-t-il vraiment un à identifier ?

    Sans aller jusque là, le cinéaste avoue avoir dû «revisiter» une relation qu’il avait pensé être un ami et qui en réalité n’en était pas un… Nous livrant du coup un bout d'autobiographie dans cette oeuvre construite autour de préoccupations personnelles et qui se laisse plaisamment voir. 

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 17 avril.

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  • Grand écran: Edouard Baer et Leïla Bekhti tiraillés dans "La lutte des classes"

    2326340.jpgSofia et Paul emménagent dans une petite maison de banlieue. Elle, brillante avocate d’origine magrébine (Leïla Bekhti), a grandi dans une cité proche. Lui, batteur punk-rock et anar dans l’âme (Edouard Baer), est un loser qui cultive farouchement le manque d’ambition. Ce qui ne l’empêche pas, comme elle, de vouloir le meilleur pour leur fils Corentin, élève à Jean Jaurès, l’école primaire du quartier. 

    Malheureusement, les copains de Corentin quittent l’école publique pour une institution catholique privée. Face au désarroi et à la soudaine solitude de Corentin, il devient difficile pour le couple bobo de rester fidèle à ses valeurs de gauche et donc à l’école républicaine dont il est le grand défenseur.

    La lutte des classes (titre à double sens on l’a compris) est le cinquième long métrage de Michel Leclerc à qui l’on doit notamment le film à succès Le nom des gens. Le réalisateur revient ici avec une comédie politique cocasse aux allures fantaisistes qui se veut décapante, tout en traitant avec légèreté et humour de sujets graves.

    A travers l’école publique et privée servant de révélateur de la fracture nationale, il se penche ainsi sur la mixité scolaire et le vivre ensemble en banlieue. Se moquant aussi bien de la gauche bien pensante, que des communautarismes et des préjugés en tous genres. Sans tabou, sans excès, sans moralisme, mais sans éviter les clichés et la caricature.

    Cela dit, on s’amuse beaucoup pendant une heure. Ensuite l’histoire commence à patiner l’auteur peinant à faire évoluer son sujet. Heureusement que le toujours lunaire Edouard Baer, émouvant de surcroît avec ses angoisses gaucho-parentales, et sa partenaire Leïla Bekhti contribuent à enlever le morceau.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 17 avril.

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