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le blog d'Edmée - Page 95

  • Festival de Cannes: des Dardenne à Mungiu en passant par Cronenberg, une Palme d'or en vue?

    Depuis le passage des Dardenne, les rumeurs d’une troisième Palme d’or s’intensifient. Avec Tori et Lokita, recit de deux enfants venus de l’immigration africaine en Belgique, les frères poursuivent dans leur veine sociale engagée, humaniste. En colère, ils livrent un film sombre où suinte le désespoir.

    Sur le bateau de l’exil, une adolescente (Joely Mbundu) a adopté pour frère un garçon plus jeune (Pablo Schils) considéré comme un enfant sorcier au Bénin et envoyé à l’orphelinat.

    Débarqués en Belgique, Ils se retrouvent en butte à la violence, à la précarité, aux difficultés administratives, au trafic de drogue. Et à la prostitution pour Lokita, sous la coupe d’un odieux restaurateur italien. Désespérant d’obtenir ses papiers, elle est forcée de travailler comme veilleuse de nuit dans une usine de plantation de cannabis.

    Pour survivre et se défendre dans cet univers déshumanisé, véritable jungle où la vie des exclus ne vaut rien, les faux frère et sœur ne peuvent compter que sur les liens indéfectibles qu’ils ont tissés.

    Ce film fort au style sec, épuré, allant toujours  à l’essentiel, est joué par des non professionnels, Ce qui se sent parfois dans des dialogues trop écrits. En même temps, ce plaidoyer pour les migrants mineurs devrait faire vibrer la corde sensible d’un Vincent Lindon.
     
    Communauté scannée par le Roumain Cristian Mungiu
     
    Autre film plébiscité sur la Croisette, celui du Roumain Cristian Mungiu, qui suit le retour de Matthias dans sin village natal, multiethnique, de Transylvanie, après avoir quitté son emploi en Allemagne.

    Visant lui une deuxième Palme, il nous immerge dans une petite communauté gangrénée par la xénophobie. Le titre, RMN, peut surprendre. Sauf qu’en français, cela signifie IRM, autrement dit le scanner cérébral consistant à créer des images précises du corps, à révéler la maladie derrière la surface.
     
    Et c’est bien l’opération à laquelle se livre le réalisateur, qui continue à analyser les maux qui rongent la société de son pays. Cette fois il d’attaque au nationalisme exacerbé, à la peur de l’autre, aux angoisses, au fantasme du grand remplacement,,entre thriller et drame social.
     
    Tout en relevant quelques défis, à l’image d’un plan séquence de dix minutes où les villageois s’affrontent au Conseil municipal, sur le sort réservé aux étrangers. Virtuose, mais on est quand même moins fan que la majorité des festivaliers.
     
    Cronenberg promettait le pire. C’est raté!

    De son côté le Canadien n’a jamais eu de Palme. Et on ne le voit pas trop l’emporter cette fois, même s’il nous fait croire que la chirurgie est le nouveau sexe, en fouillant dans les entrailles des gens. Cela dit, vu que Titane l’a eue l’an dernier, on ne peut jurer de rien.

    Dans Les crimes du futur, le cinéaste obsédé par l’évolution et la mutation des corps, met en scène deux artistes qui procèdent, en public, à des performances peu communes. Saul Tenser (Viggo Mortensen) fait proliférer des tumeurs dans ses tripes que sa partenaire, l’ex-chirurgienne Caprice (Léa Seydoux), tatoue et extirpe après une incision spectaculaire.

    Alors que Timlin (Kristen Stewart), une enquêtrice du Bureau du Registre national des organes surveille ces expériences, le couple est approché par un homme qui a développé une nouvelle manière de se nourrir avec du plastique. Voilà qui ne fait pas franchement envie. 

    David Cronenberg, mêlant à nouveau thriller et réflexion psychologique dans cet opus verbeux, est déterminé à choquer. "Je suis sûr que les gens quitteront la salle dans les cinq premières minutes", a-t-il même déclaré dans une interview à Deadline. Ajoutant: "Un mec a dit qu’il avait presque fait une crise de panique". 

    Apparemment, rien de tel ne s'est produit lors des projections sur la Croisette. Le maître doit donc se rendre à l'évidence, il raté son coup. Sur ce plan-là, du moins.  

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  • Festival de Cannes. Valeria Bruni Tedeschi nous emballe avec "Les Amandiers"

    Enfin une femme derrière la caméra ! Et elle nous emballe. Avec Les Amandiers, Valeria Bruni Tedeschi fait revivre l’école de théâtre fondée par le célèbre metteur en scène Patrice Chéreau et Pierre Romans à Nanterre. Elle se concentre sur la promotion 1986-87 dont elle faisait partie aux côtés de Marianne Denicourt, Vincent Perez, Bruno Todeschini, Agnès Jaoui, ou encore Thibault de Montalembert,
     
    Dans cet hommage très personnel à l’art et à la création, la réalisatrice redonne à cette volée l’insolence d’une jeunesse vivant tout à fond, l’amour, la passion, le théâtre, la tragédie, dans une époque marquée par le fléau du sida. 

    La troupe formée de très bons comédiens est emmenée par la formidable Nadia Tereszkiewicz, alias Stella (photo). Double bouillonnant de Valeria Bruni Tedeschi, elle crève l‘écran, qu’il s’agisse de son rôle dans les répétitions de Platonov, une pièce de Tchékhov ou dans sa relation toxique avec le bel Etienne qui brûle pour elle.    

    Patrice Chéreau est quant à lui incarné par le magnétique Louis Garrel. Valeri Bruni Tedeschi est loin de ménager le maître qu'on découvre suffisant, angoissé, colérique, fiévreux, et qu’on voit par ailleurs sniffer de la coke, draguer un étudiant, humilier une étudiante. 

    La cinéaste livre une comédie dramatique enthousiasmante à la fois lumineuse et sombre. IL y a de l’énergie,, de la vitalité, de l'envie et de la fougue dans cette émouvante déclaration d’amour au théâtre, aux acteurs et à l’intensité de leur travail. 
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    Frère et sœur, avec Melvil  Poupaud et Marion Cotillard 

    Moins convaincant, Frère et soeur d’Arnaud Depleschin. Après le décevant Tromperie sélectionné l’an dernier hors compétition, le réalisateur est cette fois candidat à la Palme. Objectif difficile à atteindre. Un frère écrivain (Melvil Pouoaud) et sa sœur actrice (Marion Cotillard), tous deux reconnus, se livrent une haine aussi viscérale qu’inexplicable depuis vingt ans. Alors qu’ils ne se sont pas croisés pendant tout ce temps, ils se revoient enfin lors du décès de leurs parents.
     
    Du Depleschin pur sucre qui décline ses thèmes préférés, la famille la mort, l’héritage, l’ambiguìté des sentiments… et Roubaix bien sûr, dans ce drame intimiste. L’adhésion est quasi unanime chez nos confrères parisiens bouleversés en outre par "l’extraordinaire duel" que se livrent Melvil Poupaud et Marion Cotillard. Au point qu’on regrette presque de ne pas être emporté par cet enthousiasme débordant.
     
    Il y a en effet, dans la manifestation de cette détestation féroce gratuite, une théâtralité gênante et une interprétation parfois hystérique qui nuit au film. On a du mal à s’y projeter, tout sonnant un peu faux, qu’il s’agisse des postures ou des mots.  

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  • Festival de Cannes: des mondes entre les films illustrent l'éclectisme de cette 75e édition

     Une semaine déjà avec des monceaux de pellicule. Vu la pléthore de films, illustrant l'éclectisme de cette 75e édition, on vous livre quelques extraits des plus attendus ou qui nous ont plus spécialement séduit. Hors compétition, on a retrouvé cette tête brûlée de Tom Cruise. Alias Pete « Maverick »Mitchell, il a donc repris du service trente-six ans après la superproduction de Tony Scott, qui a carrément fait entrer le comédien dans la légende. Lequel, à 59 ans, semble défier le temps

    Pari gagné avec cette suite dans la droite ligne de son modèle, ironie, action et suspense en plus, le tout accompagné de quelques scènes romantiques entre la star et la jolie Jennifer Connelly. Mais surtout Joseph Kosinski nous en met plein la vue avec ce blockbuster époustouflant aux scènes aériennes  à vous coller au fauteuil. Un rien  répétitives, mais bon…

    La femme de Tchaïkovsky, de Kirill Serebrennikov

    Plébiscité par une grosse partie de la presse française, le Russe Kirill Serebrenikov, qui vit désormais à Berlin, a ouvert le concours avec La Femme de Tchaïkovsky. Le film, qui nous laisse dubitatif,  opère une plongée dans la vie du célèbre compositeur à travers le regard d’Antonia,  qu’il a épousée pour cacher son homosexualité et sa vie dissolue

    Il ne tarde pas à la mépriser, voire à la haïr. Mais follement amoureuse, hantée par son obsession, violemment rejetée, Antonia accepte toutes les humiliations et sombre peu à peu dans la folie. Pour raconter cette passion névrotique, le réalisateur propose un opus écrasant où, faisant le portrait d’une Russie homophobe aux résonances actuelles, il n’hésite pas à donner dans la surenchère dans des scènes choc. Et c’est quand même très long. Dommage. 

    Armageddon Time, de James Gray

    En revanche, James Gray, pour la cinquième fois en  compétition, nous émeut avec Armaggedon Time, poursuite générationnelle du rêve américain dans le New York des années 80, alors que Ronald Reagan s’apprête à être élu, et que les Trump  font leur apparition.  Il signe une chronique autobiographique, où il livre ses thèmes préférés comme la famille, la  figure patriarcale, la transmission. 

    Il évoque également les privilèges et le racisme à travers l’amitié qui unit Paul (Banks Repeta), ado rebelle issu d’un milieu démocrate, modeste et Johnny (Jaylin Webb), son ami afro-américain, méprisé pour sa couleur de peau. Tous les deux impressionnent, mais on relèvera la performance d’Anthony Hopkins, incarnant un bouleversant grand-père tout proche de la mort.

    Boy From Heaven, de Tarik Saleh

    Fils de pêcheur, Adam obtient une bourse lui permettant d’intégrer la prestigieuse université cairote Al-Azhar , épicentre du pouvoir  de l’Islam sunnite. Le jour de la rentrée, le Grand Imam à la tête de l’institution meurt brutalement. Il s’agit de lui trouver un successeur. 

    Les services secrets, qui ont un candidat proche de leurs idées ont bien l’intention de se mêler de se mêler de l’élection. A son corps défendant, l’innocent Adam se retrouve au cœur d’une implacable lutte entre les élites religieuse et politique du pays, en devenant la taupe d’un officier.

    Tarik Saleh, qui découvre la compétition avec ce thriller d’espionnage religieux haletant et puissant, propose une critique courageuse et violente d’un pouvoir autoritaire, écartant de façon glaçante et sanglante tout ce qui peut se mettre en travers de son chemin..

    The Triangle Of Sadness de Ruben Ostlund

    Après la Fashion Week, Carl et Yaya, un sublime couple de mannequins (photo) qui ne cesse de se disputer pour des histoires d’argent, sont invités sur un yacht pour une croisière de luxe. Egalement à bord, un oligarque russe qui a fait fortune en vendant de la merde, un couple de retraités britanniques marchands de mort et autres abjects personnages qui se permettent tous les excès. 

    Les choses dérapent quand une grosse tempête s’invite dans le traditionnel dîner de gala du capitaine, marxiste et alcoolique. Le paquebot explose et les passagers se retrouvent sur une île déserte, où les rapports de classe s’inversent,

    Palme d’or il y a cinq ans  pour The Square, le Suédois Ruben Ostlund se déchaîne démentiellement dans cette comédie grinçante en forme de jeu de massacre, structurée en trois actes, qui dénonce à nouveau le fossé de plus en plus béant entre les ultra riches et les ultra pauvres.  

    Curieusement moralisante, la farce est lourde, grotesque, vache et sale, vomissant notre époque dans tous les sens du terme. Débutant d’une façon tonitruante, elle s’embourbe dans un troisième chapitre interminable. Reste que les spectateurs se sont esclaffés comme rarement à Debussy et qu’on n’a cessé d’en causer dans les files d’attente.  

    Un gagnant parmi ces prétendants? Il est évidemment trop tôt pour juger. 

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