Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

le blog d'Edmée - Page 93

  • Grand écran: Tony Gatlif peine à convaincre avec "Tom Medina", un western camarguais

    Absent du grand depuis 2017, Tony Gatlif, réalisateur du célèbre Gadjo Dilo  revient installer sa caméra en Camargue, ile nous emmène dans une famille d’accueil pour gamins meurtris, délinquants ou exclus, en mal de repères. Sur décision d’un juge pour mineurs, un rebelle récidiviste est envoyé auprès du tuteur Ulysse, un père de substitution intransigeant et respectueux des lois, par ailleurs gardien de taureaux et de chevaux. Il s’agit de Tom Medina, qui est aussi le titre du film. On ne sait trop  d’où il vient, qui il est vraiment. Se rêvant torero, il a toujours fantasmé sa vie et aimerait devenir un garçon bien. Mais on ne lui facilite pas les choses

    Tony Gatlif, sauvé par un éducateur qui lui a transmis sa passion pour les chevaux, s’est inspiré de sa propre adolescence chaotique pour cette tragi-comédie effervescente, survoltée, comme la plupart de ses films. Mais, en dépit de belles images et de quelques fulgurances, ce western camarguais aussi généreux que touffu, pèche par un scénario décousu et confus, où se mêlent mysticisme, fantastique, hallucinations visuelles,  vols d’oiseaux,  folles cavalcades et jeune mère cherchant sa fille. Le tout sur fond de musique gitane et de rock hurlé. 

    Petit problème également concernant l’acteur principal qui tente de nous transpercer scène après scène de son regard noir et de nous séduire par un sourire qu’il veut ravageur. Tom Medina est en effet incarné par le trentenaire belge David Murgia, virevoltant de plan en plan. >Non seulement il surjoue, mais il peine ferme à nous laisser croire, en dépit de sa souplesse et de son énergie débordante,  à un jeune d’à peine 18 ans...  

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 8 juin.

    Lien permanent Catégories : Sorties de la Semaine
  • Grand écran: "Les passagers de la nuit", lumineuse chronique familiale avec une bouleversante Charlotte Gainsbourg

    Quatre ans après Amanda, film hanté par le terrorisme  où un homme de 24 ans, dont la sœur aînée meurt dans un attentat,  doit s’occuper de sa nièce de sept ans,  Mikhaël  Hers nous plonge dans le Paris des années Mitterrand avec Les passagers de la nuit. Un film porté de bout en bout par Charlotte Gainsbourg, qui y trouve l’un de ses meilleurs rôles. 

    Elle incarne Elisabeth., la petite cinquantaine, mère de deux grands  ados, qui habite Paris. Son mari vient de la laisser tomber pour emménager ailleurs avec une autre. Elle n’a jamais travaillé de sa vie et se sent perdue, désemparée. Mais il faut bien qu’elle trouve un job pour entretenir sa famille.. Elle tente sa chance à la radio, comme assistante dans l’émission de nuit de Vanda (Emmanuelle Béart), genre dragon au quotidien. Le contraire d’Elisabeth, la douceur incarnée en toute circonstance.

    Mais les deux femmes s’entendent et Elisabeth peut commencer sans attendre. En quittant son travail elle tombe sur Talulah, ravissante et troublante jeune SDF droguée, qui la bouleverse et qu’elle ne peut s’empêcher de recueillir. Magnifique, émouvante, passionnée, Charlotte Gainsbourg apporte là sa générosité, sa tendresse, son besoin de rendre les gens heureux.     

    Mikhaël Hers procède à une reconstitution soignée du Paris des années 80, tout en proposant un beau drame romanesque, nostalgique, intense, léger, pétri d’humanité, où il sait tirer sur la corde sensible avec délicatesse. Evitant les pièges du pathos et de la mièvrerie, il propose une chronique familiale fragile, lumineuse, faite de petites touches, évoquant à la fois la séparation, la rupture, la réparation. Le tout sur des images d’archives, des références musicales (Joe Dassin)  et cinématographiques (Les nuits de la pleine lune, de Rohmer...) En résumé, on est sous le charme.

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 8 juin.

    Lien permanent Catégories : Sorties de la Semaine
  • Festival de Cannes: une deuxième Palme d'or à Ruben Ostlund pour "Sans filtre". La déception!

    Dans son discours d’introduction à la cérémonie de clôture orchestrée par Virginie Efira, le président Vincent Lindon a déclaré qu’il avait tout aimé, les gens, les films et surtout ses huit complices. Au point qu’il a demandé avec humour la reconduction du jury. Mais non, on ne va pas les réélire, lui et son équipe, après l’attribution décevante d’une deuxième Palme d’or à Triangle Of Sadness (Sans filtre, en français) de Ruben Ostlund, déjà couronné il y a cinq ans pour The Square,   .

    Le Suédois, qu’on avait carrément oublié dans les pronostics, se déchaîne démentiellement dans cette comédie structurée en trois actes, se voulant  provocante et grinçante, en dénonçant à nouveau le fossé de plus en plus béant entre les ultra riches et les ultra pauvres. Mais le réalisateur devient curieusement moralisant en dépit de ses excès, en inversant les rapports de classe. La farce est lourde, grotesque et peu ragoûtante. On nage dans le vomi au propre et au figuré avant que le cinéaste s’embourbe dans un troisième chapitre à l’issue interminable. 

    C’est donc raté pour Close du Flamand Lukas Dhont. On espérait pourtant le voir gagner  avec sa bouleversante histoire d’amitié fusionnelle entre deux jeunes garçons de 13 ans qui se termine dramatiquement. Il doit donc se contenter du Grand prix du jury, ce qui n’est certes pas si mal…et le partager avec Stars At Noon de Claire Denis. L'oeuvre laisse songeur, Elle  évoque une jeune Américaine, mi-journaliste  mi-pute, qui se donne des frissons au Nicaragua. Sans passeport et fauchée, elle rencontre un mystérieux  homme d’affaires anglais fatal, doublé d’un amant trouble.

    De son côté, le Polonais Jerzy Skolimowski  auteur du singulier Eo dont un âne est le héros, doit aussi partager le prix du jury avec Les huit montagnes, un opus dégoulinant de bons sentiments des Belges Félix Groeningen et Charlotte Vandeersch. Et la razzia continue, vu que les Wallons Dardenne reçoivent le Prix spécial du 75e anniversaire du festival  avec Tori et Lokita, un plaidoyer pour les migrants mineurs. Histoire de les caser quelque part ?

    Des autres prix incontestables

    La suite est plus logique avec le prix de la mise en scène décerné au Sud-Coréen  Park Chan-wook pour son polar fascinant Decision To Leave. Un détective chevronnè enquête sur la mort suspecte d’un homme et tombe sous le charme vénéneux de sa veuve. Quant au prix du scénario, il va au Suédois Tarik Saleh pour Boy From Heaven, passionnant thriller sur la lutte de pouvoir entre religieux et politiques pour l’élection d’un nouvel Imam.

    Côté interprétation, l’Iranienne Zar Amir Ebrahimi est justement sacrée meilleure actrice. Dans Holy Spider de l’Irano-Danois Ali Abassi, elle traque un tueur de prostituées dans son pays au début des années 2000. Un film basé sur des faits réels. Le prix du meilleur acteur est décerné au Sud-Coréen Song Kang-ho pour son rôle dans Broker du Japonais Hirokazu Kore-eda. Patron d’un pressing il recueille illégalement des bébés abandonnés pour les vendre.

    Les primés dans les sections parallèles

    Le haut niveau de la compétition s’est retrouvé dans les sections parallèles, qui ont également fait des heureux.  Le grand prix «Un certain regard» a été octroyé au film français Les Pires de Lise Akoka et Romane Gueret. Quatre ados sont choisis pour tourner dans un film, alors que tout le monde se demande pourquoi avoir pris les pires… Quant à Saim Sadiq, premier auteur pakistanais sélectionné, il a eu la chance de décrocher le Prix du jury pour Joyland, l’histoire du benjamin d’une famille patriarcale et conservatrice tombé amoureux d’une danseuse trans dans un cabaret érotique de Lahore.   
     
    Dans la foulée, il a aussi obtenu la Queer Palm. En la lui décernant, la présidente du jury Catherine Corsini, qui avait raflé cette récompense en juillet dernier pour La fracture a salué « un film extrêmement fort, représentant tout ce que nous défendons. Il va retentir dans le monde entier. Partout où il y a des interdits  de l’homosexualité ».

    A la Semaine de la critique  le Colombien Andrés Ramirez Pulido a remporté le Grand prix  pour son premier long métrage La Jauria, où il se penche sur le quotidien de jeunes délinquants.

    La révélation Zelda Samson récompensée

    A l’honneur en compétition avec trois médailles, le cinéma belge brille encore dans cette section. Zelda Samson, révélation de Dalva, premier long métrage d’Emmanuelle Nicot a gagné le Prix Fondation Louis Roederer. Elle est formidable dans le rôle d’une gamine de 12 ans enlevée à un père incestueux et placée dans un foyer.

    Deux récompenses ont été décernées à La Quinzaine des réalisateurs, volet non compétitif, dirigé une derrière fois par Paolo Moretti. Le Label Europa Cinemas a été attribué à Un beau matin de la Française Mia Hansen-Love, évoquant la lutte d’une mère célibataire entre son  enfant, son père malade et son amant. Quant au prix SACD, il a été remis à La montagne, de et avec son compatriote Thomas Salvador. Un homme tourne le dos à la société, pour se ressourcer sur les sommets. 

    Un mot enfin sur la Caméra d’or remise à War Pony des Américains Gina Gamell et Riley Keough. Le film suit un gamin de 12 ans et un jeune homme de 23 ans, essayant tant bien que mal de survivre dans le Dakota du Sud.   

    Lien permanent Catégories : Cannes dans Chassé-Croisette