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Grand-écran: Ozon revisite Fassbinder dans "Peter von Kant". Avec Denis Ménochet et Isabelle Adjani

S’attaquer à  un chef d’œuvre, c’est casse-gueule. Mais cela n’effraie pas François Ozon qui, 22 ans après Gouttes d’eau sur pierres brûlantes, adaptation d’une pièce de Rainer Fasssbinder, retrouve le maître pour revisiter Les larmes amères de Petra von Kant.  Ozon en propose une relecture libre séduisante, inversant et changeant, avec Peter von Kant,  l’univers féminin et artistique créé par le célèbre auteur allemand. Créatrice de mode, Petra devient le cinéaste Peter, tandis que les amoureuses se transforment en amants.  

Nous sommes à Cologne, en  1972. La quarantaine corpulente, le génial et tyrannique réalisateur habite dans un loft kitsch et douillet avec Karl, qui lui sert aussi d’assistant et d’esclave. Obéissant au doigt et à l’œil,  ce dernier retravaille ses scénarios, gère son agenda, accueille ses invités, sert le champagne, sans jamais ouvrir la bouche. «Karl entend tout, voit tout, sait tout. Il ne faut pas faire attention à lui », dit l’odieux Peter, manifestant son mépris pour cet homme qu’il ne cesse d’humilier.    

Extravagant, hystérique, pathétique, larmoyant et misanthrope, l’artiste n’a de considération que pour Sidonie, une actrice qui lui a mis le pied à l’étrier. Elle lui présente Amir, un joli garçon sexy et insolent de 23 ans, au sourire ravageur. Peter en tombe aussitôt follement amoureux, lui propose de venir vivre avec lui et de lancer sa carrière. Mais après quelques mois, la créature croulant sous les propositions échappe à son créateur dévasté, souffrant de son arrogance et du récit cruel de ses coucheries.  

Tournée pendant le confinement, cette version, qui reste proche de l’originale dans la théâtralité, l’écriture et les dialogues, repose beaucoup sur ses protagonistes. François Ozon  livre un portrait de Fassbinder, incarné par un grand Denis Ménochet agile et massif, à la hauteur de son illustre personnage avec son style, son éloquence, ses excès, son outrance. A ses côtés on découvre Isabelle Adjani, toujours plus jeune et assez délirante dans son rôle d’ancienne muse façon diva, un rien accro à la coke. Stéfan Crépon est bluffant en Karl, témoin muet omniprésent, par les yeux duquel passent toutes les émotions. Et on n’oubliera pas le beau Khalil Ben Gharbia alias Amir, qui n’a pas besoin de se forcer pour faire craquer Peter.

A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès le mercredi 13 juillet.

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