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le blog d'Edmée - Page 70

  • Grand écran: "Mother Teresa & Me" évoque la perte de foi de celle qui a consacré sa vie aux pauvres

    D’origine albanaise, née Agnès Gonxha Bojaxhiu en 1910, Mère Teresa a consacré sa vie aux pauvres. Son combat inlassable en faveur des déshérités en Inde lui a valu le prix Nobel de la paix en 1979. De nombreux documentaires ont été consacrés à la vie et à l’œuvre de la religieuse. Mais tout en en rendant compte, ce qui a plus particulièrement intéressé le réalisateur helvético-indien Kamal Musale, auteur de Mother Teresa & Me, c’est la question de ses doutes et de sa perte de foi. Elle durera jusqu’à sa mort 

    Se basant notamment sur des récits intimes de la sainte évoquant la question et publiés en 2007, le cinéaste part ainsi à la rencontre de son héroïne à qui Jésus cesse de parler, à peine a-t-elle obtenu de haute lutte l’autorisation de quitter le couvent pour travailler dans les bidonvilles de Calcutta. 

    Le film ouvre ainsi sur une scène où dans un cri de colère et de désespoir, elle s’adresse à Dieu:  «Tu m’as tout pris. Ton amour... Ton amour n’était qu’une illusion. Je ne crois pas en toi. Tu n’existes pas. Âme, paradis, Dieu, ces mots ne veulent plus rien dire.»

    A ce destin de femme derrière le mythe se mêle, pour les besoins de la fiction, celui de Kavita, jeune Indo-Britannique d’aujourd’hui, également en proie au doute face à une grossesse non-désirée. Inspirée par la perte de foi de Teresa, elle s’enfuit à Calcutta pour se retrouver. Entre la nuit spirituelle de l’une et le manque de repère de l’autre, les deux histoires vont finir par se rejoindre.

    Invitant aux questions, évitant l’hagiographie et le pathos souvent inhérent à l’évocation du drame, de la misère et de la mort, Kamal Musale propose le portrait nuancé d’une Teresa dure avec elle-même et pas toujours tendre avec les autres. Produite et portée avec talent par la comédienne suisse-alémanique Jacqueline Fritschi- Cornaz, cette fresque romancée tient la route, offrant une belle photographie et une reconstitution soignée. 

    Ce long métrage a été entièrement financé par des fondations et des donations privées Les bénéfices du film seront reversés à des institutions et fondations qui œuvrent auprès des plus démunis en Inde, notamment en soutenant les enfants pauvres dans leur éducation et leur santé. 

    Sorti en décembre dernier, "Mother Teresa & Me" bénéficiera de séances spéciales au cinéma Empire de Genève. L’une le 28 février à 18h00 en présence de l’équipe du film et deux autres les 16 et 30 mars, à 18h30.   

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  • Grand écran: entre émotion, rires et larmes, Steven Spielberg nous emporte avec "The Fabelmans"

    Après son remarquable remake de West Side Story, Steven Spielberg revient avec The Fabelmans.  Ce récit intime, personnel, semi-autobiographique, lui a déjà valu le Prix du public à Toronto et le Globe 2023 du meilleur film. Il pourrait bien être par ailleurs le favori des Oscars lors de la prochaine cérémonie le 12 mars.

    Avec ce retour aux sources, Il nous plonge sans tarder dans l’exploration de son enfance et de son adolescence ballottée avec le jeune Sammy qui grandit dans une famille juive de l’Arizona dans les années 50. Sa vocation de réalisateur naît le soir où, pour la première fois, il assiste à une projection sur grand écran. 

    Immédiatement dévoré par sa passion, il achète une petite caméra et s’amuse à tourner des films pour lui et les siens. Jusqu’au jour où il découvre un secret familial qui le dévaste. Il décide alors de poursuivre son rêve absolu de devenir cinéaste, convaincu que le pouvoir du septième art l’aidera à accepter la vérité, à transcender le réel, comprendre le monde C’est d’ailleurs surtout à partir de ce crève-cœur, de ce traumatisme, que The Fabelmans nous bouleverse, nous émerveille, nous enchante, nous fait rire, nous arrache des larmes,  bref, nous emporte. 

    Une mise à nu personnelle qui tend vers l'universel

    On n’insistera pas sur la virtuosité narrative de l’auteur, la pertinence de sa mise en scène et de ses dialogues (une constante depuis longtemps) , mais plutôt sur sa faculté étonnante de nous transmettre, avec pudeur, modestie, absence d’ego, son amour pour ne pas dire son obsession du cinéma, de sa portée à la fois divertissante et thérapeutique. Sur sa façon tendre de rendre un vibrant hommage à ses parents. Sur sa manière subtile et déchirante de nous révéler une relation adultère. Sur l’admiration et le respect qu’il voue à John Ford, légendaire figure du western pour qui il n’y a que les idiots pour placer la ligne d’horizon au milieu du cadre.... 

    Ce 34e long métrage inspiré en forme de mise à nu personnelle qui tend vers l’universel doit aussi évidemment son éclatante réussite, l’une des plus belles, à ses acteurs.  A commencer par Michelle Williams et Paul Dano aussi formidables que justes, mélancoliques désarmants et touchants. Sans oublier bien sûr l’excellent Gabriel LaBelle dans le rôle de Sammy. En d’autres termes, courez le voir!

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 22 février.

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  • Grand écran: "La femme de Tchaïkovski", de l'amour obsessionnel à la folie. Un film noir, crépusculaire

    Après La fièvre de Petrov, opus rock, baroque, hallucinatoire, déroutant, le Russe Kirill Serebrennikov, revient avec « La Femme de Tchaïkovski ». A nouveau en compétition à Cannes en mai dernier en l’absence du réalisateur vivant à Berlin, l’opus opère une longue plongée de 2h23 dans la vie du célèbre compositeur, à travers le regard de sa femme Antonina Miliukova.
     
    Cette jeune femme riche, brillante, apprentie pianiste, qu’il a épousée pour éponger ses dettes et surtout cacher son homosexualité et son existence dissolue, voue un amour fanatique au musicien de génie. Mais, résolument attiré par les hommes, le mari fantôme ne tarde pas à la mépriser, voire à la haïr, exprimant sa torture d’être avec elle tant il trouve sa proximité physique révoltante.
     
    Follement éprise, hantée par son obsession, violemment rejetée, la malheureuse Antonina accepte pourtant tout de cet homme pour demeurer auprès de lui. Victime consentante de Piotr Ilitch qui disparaît parfois pendant des jours, elle reste dans l’aveuglement et le déni, endurant les pires humiliations dont le refus dégradant de rapports sexuels. Cette descente aux enfers la consume au point de la faire peu à peu sombrer dans la folie.  
     
    Une histoire méconnue
     
    Femme oubliée en dépit de sa relation tumultueuse et tourmentée, Antonina est magnifiquement incarnée par Alyona Mikhailova, une révélation. Littéralement habitée par son personnage, elle se livre corps et âme dans ce premier rôle où elle donne la réplique à un convaincant  Odin Lund Biron jouant celui de Tchaïkovski.   
     
    Pour raconter l’histoire méconnue de cette passion névrotique, dévorante, dans un film noir, crépusculaire, le réalisateur avoue avoir un peu travesti les choses. Il propose un opus dramatique, tragique, écrasant, où il n’hésite pas à donner dans la surenchère au détour de provocantes scènes choc, à l’image de mâles nus, obscènes et concupiscents, mûrs pour quelques excès orgiaques.  
     
    Par ailleurs, tout en rappelant la condition féminine sous tutelle masculine absolue, qu’il s’agisse des pères, frères ou maris, il brosse le portrait sans concession de cette Russie homophobe et patriarcale du 19e siècle qui se voile la face.  Il s’en dégage une résonance particulièrement actuelle.
     
    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 15 février. 

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