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le blog d'Edmée - Page 551

  • Festival de Locarno: Gael Garcia Bernal, sex-symbol de poche...

    images[2].jpgFoule des grands jours et minettes hystériques aux hormones en folie, piaillant frénétiquement son nom à chacune de ses remarques, l’accueil réservé au Forum à Gael Garcia Bernal a autant ravi que surpris le comédien mexicain. 

    Tout guilleret, le joli sex symbol de poche qui plaît aux femmes de 7 à 77 ans, adore la boxe et s'y entraîne régulièrement, histoire de se détendre et d’apprendre à encaisser, se sent toujours un débutant en dépit de ses 20 ans de carrière. Resté fidèle à l'industrie latino-américaine malgré l'ouverture des portes hollywoodiennes, il considère le cinéma comme un processus permettant de s’ouvrir au monde, de voyager, de connaître des gens et des lieux. Comme Locarno, où il n’aurait jamais pensé venir un jour.

    A 34 ans, le plus jeune à avoir eu cet honneur, il a reçu dans la foulée et à l'image de la "magnificent enigma" Charlotte Rampling, un Excellence Award en forme de léopard sur la Piazza Grande. Avant la projection de No de Pablo Larrain, déjà présenté en mai dernier à Cannes. Tête d’affiche Bernal incarne, caractère  fictif, un publicitaire à succès dans ce film sur le référendum qu’avait été contraint d’organiser, sous la pression, le dictateur Augusto Pinochet. Et qui avait conduit à son éviction le 5 octobre 1988.

    "Celui qui doit me séduire, c’est le metteur en scène"

    "J’ai adoré le scénario et j’ai rencontré le réalisateur en Bolivie. On a pas mal picolé. Faire un film c’est un peu comme coucher. Et pour coucher, il faut boire un coup. Ce qui me convainc, c’est le réalisateur. Je peux aimer l’histoire, mais celui qui doit d’abord me séduire, c’est le metteur en scène. No est une réflexion profonde sur la démocratie, un système plein de contradictions. Ce n’est jamais blanc ou noir et le personnage central prend conscience petit à petit qu’il peut changer les choses".

    Le rôle est taillé sur mesure pour Bernal, militant à l'image de son glorieux aîné Harry Belafonte, en faveur de la justice sociale et qui fait ses choix de comédien en fonction de son engagement. "Beaucoup d'acteurs ne sont pas d'accord avec ça, mais je pense qu'on est responsable de tous ses films. Je suis intéressé par des projets qui posent des questions subversives, dangereuses".

    Cela ne l'empêche pas de trouver Men in Black 3 très bien. "Je le dis parce que j'aimerais jouer dans le 4", plaisante-t-il, déclenchant une nouvelle vague de hurlements frénétiques... 

    La célébrité grâce à Pedro Almodovar et Walter Salles

    Né à Guadalajara en 1978, ce fils d’acteurs qui se voyait docteur ou philosophe, tourne à 11 ans déjà dans des séries télévisées, fait du théâtre. Deux longs métrages mexicains le révèlent au grand public, Amours chiennes d’Alejandro Gonzales Inarritu en 2000. "Je ne savais rien du cinéma, mais je trouvais l’histoire excellente. Ce film a changé la vie de tous ceux qui y ont participé".

    Puis on le découvre dans Et…ta mère aussi d’Alfonso Cuaron. Mais c’est en 2004 qu’il atteint la célébrité, faisant coup double à Cannes. Homo mal assumé dans La mauvaise éducation de Pedro Almodovar et Ernesto Guevara, avant qu’il devienne le Che dans Carnets de voyage de Walter Salles. 

    Passant lui-même en 2007 derrière la caméra pour Déficit, pour porter un regard sur la société mexicaine, il retrouvait l'année d'avant Inarritu avec Babel aux côtés de Brad Pitt et Cate Blanchett et jouait également dans La science des Rêves de Michel Gondry. A signaler que ce dernier opus ainsi que La mauvaise éducation ont été programmés à Locarno.

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  • Festival de Locarno: standing ovations pour Harry Belafonte

    images[1].jpg"Je me sens privilégié, vous n’imaginez pas la joie que je ressens à vous voir aussi nombreux...» Harry Belafonte, toujours beau et alerte à 85 ans,  est interrompu par un tonnerre d’applaudissements, après la standing ovation qui a salué son arrivée au Forum et celle que le public lui avait réservée la veille sur la scène de la Piazza Grande où il avait reçu son Léopard d’honneur.

    "Je ne dis pas ça par fausse humilité, car je suis une sorte de relique du passé",  ajoute cet infatigable et ardent défenseur de la cause noire et des opprimés en général. "C’est grâce à la rétrospective consacrée à Otto Preminiger que j’ai la possibilité d’avoir un film au festival".

    Otto Preminger, c’est l’auteur de Carmen Jones. "Avant, les gens de couleur avaient toujours été représentés dans les films comme des êtres inférieurs, assistés, risibles. Preminger a décidé d’une autre approche, de nous traiter comme n'importe quels autres êtres humains, en nous permettant de montrer notre propre force. Et c’était considéré comme risqué. Tourner un film black, c’était la garantie de perdre de l’argent, à l’image de Stormy Weather ou Cabin In The Sky, qui n’ont pas bien marché".

    Première représentation d'un héros mâle noir 

    En revanche Carmen Jones, montrant pour la première fois un vrai héros mâle noir, eut un gros succès. "C'était aussi la première fois, grâce à ma partenaire Dorothy Dandridge, qu’on voyait une belle femme noire à l’écran au lieu des grosses servantes habituelles, roulant de grands yeux pour amuser leurs patrons". Seul bémol, ce ne sont pas nos voix, car les héritiers de Bizet ne l’ont pas permis".

    Quoi qu’il en soit, le monde entier s’est amouraché de cette histoire à sa sortie, ce qui a rendu à la fois service à la cause et à l’industrie du cinéma. "Preminger en a ensuite tourné d’autres sur mon peuple, pour changer la manière de percevoir le monde dans lequel il vit".

    A part ça, on ne parlera pas trop de cinéma lors de cette conversation. Qui s'est plutôt résumée à un long monologue. Quand il prend le micro, Harry Belafonte est intarissable. Né pauvre à Harlem en 1927, il se retrouve au théâtre par hasard à son retour de la guerre. Il n’a pas encore vingt ans et on lui assigne un rôle très secondaire, loin des planches. "J’étais l’homme à tout faire qui lavait les vitres et réparait les serrures. Et puis un jour, on m’a donné deux billets et j’ai eu une véritable révélation. Un monde s’ouvrait devant moi, j’ai découvert la puissance de la fiction, du scénario. Une véritable plateforme, que j’allais utiliser". 

    Marlon Brando a énormément compté

    C’était le début d’un voyage où il s’est embarqué avec une brochette de comédiens comme Rod Steiger, Tony Curtis et surtout le plus important, Marlon Brando. "Pour moi il était au théâtre ce que Picasso est à la peinture. A sa mort, on a beaucoup trop parlé de sa réputation sulfureuse, de ses aventures avec les femmes, mais pas assez ou pas du tout de son âme, de son cœur, de sa vision sociale. C’était un artiste très engagé". 

    A propos d’engagement, Harry Belafonte, qui dit avoir notamment été très influencé par Eleanor Roosevelt et Martin Luther King, rappelle un séjour à Berlin en 1957, où il a fini par chanter, au Titania Palace, l’hymne des juifs en hébreu devant un parterre de jeunes Allemands. "Moi, un Américain noir, victime du racisme, qui ne pouvait voter ou manger dans certains endroits chez lui. Mais transcender la législation, c’est la mission de l’artiste. On peut emprisonner le chanteur, pas sa chanson".

    C’est dans cet esprit qu’il est allé dans un festival à la Havane pour rencontrer Fidel Castro, ainsi que des gens qui ne pouvaient venir aux Etats-Unis. Et celui qui a permis à Miriam Makeba de venir en Amérique parler au nom des Sud-Africains et des Noirs américains, qui a approché le Ku-Klux-Klan, redevient un militant pur et dur aux accents de prédicateur quand on l’interroge sur le fait d’avoir ouvert la voie aux acteurs noirs à Hollywood. Et ce qu’il en est maintenant.

    "L'argent a effacé les valeurs"

    "L’argent semble avoir pris les devants, effacé les valeurs. Les artistes ont capitulé, abandonné leurs droits. Ce qui me trouble alors qu’on a n’a jamais eu autant de célébrités noires, c'est que la plupart n’ont jamais usé de cette plateforme exceptionnelle. Au lieu de dire ce qui se passe au Congo, ils font des films pour satisfaire les investisseurs".

    "Nous sommes revenus sur notre identité, nous sommes dans un lieu où le capitalisme effréné fait qu’il n’y aura plus de bataille", ajoute-t-il avec colère. "Le pouvoir a corrompu Wall Street, la Suisse, les banques. Il faudra que ce système s’autodétruise". Pour Harry Belafonte, dont le festival va montrer, outre Carmen Jones dans le cadre de la rétrospective Preminiger, Sing Your Song, un documentaire sur sa vie, "les artistes sont les gardiens de la vérité. Lorsque leurs voix se taisent, la civilisation arrive à sa fin…"

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  • Festival de Locarno: quand la Piazza Grande ne fait pas rêver...

    280px-Piazza_Grande_Festival_del_film_Locarno[1].jpgOn ne cesse de le répéter partout et à l'envi, c’est le plus beau site de projection à ciel ouvert d’Europe avec son gigantesque écran, le point fort du festival, son cœur, son âme, sa vitrine. Je parle évidemment de la Piazza Grande, lieu enchanteur et féérique destiné à faire rêver chaque soir jusqu’à 8000 personnes sous les étoiles.

    Une chose est sûre, sa magie et la poésie tant vantées ne sont pas toujours au rendez-vous. On y voit même un certain nombre de nullités, comme cette année. Dont la pire jusqu’ici, Bachelorette, une soupe américaine calamiteuse. Et je je respecte mon langage. Signé de la réalisatrice Leslye Headland, le film est emmené par... Kirsten Dunst, prix d’interprétation à Cannes il y a deux ans pour Melancholia de Lars Von Trier…

    Mais qu’est-ce qui a bien pu motiver le choix de cette comédie qui se veut follement drôle, débridée et originale mais qui se contente d’atteindre des sommets de vulgarité et de ringardise? On y suit trois demoiselles d’honneur aussi bien roulées qu’hystériques, sur le point d’assister au mariage de leur copine de lycée obèse. Le tout sur fond d’alcool et de coke pour faire politiquement incorrect. Sans oublier le sel du genre, des gags bien gras imbibés de sperme. Bref, la honte.

    Heureusement certains opus, dont on regrette qu’ils aient à s’aligner en si piteuse compagnie, contribuent à relever le niveau de cette 65e édition sur la Piazza. Par exemple, le bouleversant Quelques heures de printemps, où le talentueux Français Stéphane Brizé explore, à son habitude, les troubles de la sphère intime.

    Magistralement interprété par Hélène Vincent et Vincent Lindon, l’opus se penche sur la relation terriblement conflictuelle entre un fils et sa mère, évoquant parallèlement une urgence dramatique qui devrait les inciter à se rapprocher l’un de l’autre. Ou pas….

    Autre métrage très réussi, Ruby Sparks de Jonathan Dayton et Valerie Faris. Il nous propose l’histoire d’un jeune écrivain à succès qui se débat entre l’écriture et sa vie amoureuse. Couple à la ville comme à l’écran, les deux auteurs s’étaient déjà taillé un joli succès au Tessin en 2006, avec Little Miss Sunshine.

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