Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

le blog d'Edmée - Page 386

  • Festival de Cannes: à qui la Palme d'Or? Verdict dimanche soir

    Jury2015_zpsqy2mvd0w[1].jpgEt voilà, les jeux sont faits pour cette 68e édition. Aux présidents Coen et à ses jurés (photo) de se mettre d’accord pour désigner la crème de la crème parmi les 19 films en compétition. Quelques mots sur les derniers proposés, dont Chronic du Mexicain Michel Franco qui suit David (Tim Roth), un aide-soignant bizarroïde, travaillant auprès de malades en phase terminale.

    Le réalisateur ne cache rien des corps misérables de ces patients et des liens que David noue avec eux. Au point apparemment de franchir la limite. Franco nous avait bluffés avec Despuez, primé dans Un certain regard en 2012. Là, il nous flanque le cafard entre sida, cancer, attaque cérébrale et euthanasie.

    Difficile de se remettre avec MacBeth, adaptation de la plus célèbre tragédie de Shakespeare, à laquelle s’est attaqué l’Australien Justin Kurzel après Orson Welles et Roman Polanski. L’obsession de devenir roi,  entretenue par sa femme encore plus ambitieuse que lui, va causer la perte d’un chef de guerre écossais. Marion Cotillard et Michael Fassbender se partagent l’affiche dans ce drame bruyant à la mise en scène ampoulée, que n’arrangent pas une musique pompeuse et un flot d’images rouges.

    Chaque film ayant toutefois ses fans, ces deux-là vont-ils changer la donne chez les journalistes qui décernent chaque jour leurs étoiles, notamment dans Le Film français et Screen ? Mystère. Pour l’heure les Hexagonaux donnent leur préférence à Mia Madre de l’Italien Nanni Moretti. Suit leur compatriote Stéphane Brizé avec La loi du marché. Carol de l‘Américain Todd Haynes, Youth de l’Italien Paolo Sorrentino et Le fils de Saul du Hongrois Lazslo Nemes se retrouvent pratiquement à égalité sur la troisième marche.

    images[5].jpg"Carol", ma Palme d’Or

    Côté presse internationale, c’est Carol qui tient la corde devant Le fils de Saul et Mia Madre. Unanimité en revanche en ce qui concerne The Sea Of Trees de Gus Van Sant, considéré par les deux magazines comme le plus mauvais film de la compétition.

    Je plébiscite également le superbe mélo à la Douglas Sirk de Todd Haynes et ses magnifiques interprètes Cate Blanchett et Rooney Mara. J’aimerais aussi beaucoup voir au palmarès mon autre coup de cœur Mountains May Depart de Jia Zhang-Ke,  The Assassin de Hou Hsiao-Hsien, Mia Madre de Nanni Moretti, Le Fils de Saul de Laszlo Nemes, The Lobster, de Yorgos Lanthumos ou encore La loi du marché de Stéphane Brizé.

    Mais comme on ne cesse de le dire dans ces cas-là,  le critique propose, le jury dispose. Verdict dimanche soir dès 19h sur Canal +.

     

    Lien permanent Catégories : Cannes dans Chassé-Croisette
  • Festival de Cannes: "Dheepan" électrise les fans de Jacques Audiard

    2048x1536-fit_dheepan-jacques-audiard[2].jpgA quelques bémols près, critiques enthousiastes et ovation publique pour Jacques Audiard, en compétition avec Dheepan, un sujet dans l’air du temps sur l'immigration mais qui "n’est pas une déclaration politique", selon son auteur. Un ancien soldat tamoul, une jeune femme et une fillette  de 9 ans qui ne se connaissent pas récupèrent les passeports de morts pour fuir la guerre civile au Sri Lanka et se font passer pour une famille dans l’espoir de gagner l’Europe.

    Ils se retrouvent dans une cité sensible de la banlieue parisienne, au quotidien miné par le trafic de drogue. Ils tentent de se construire un foyer et Dheepan décroche un boulot de gardien. Mais il ne va pas tarder à connaître un autre conflit en se heurtant  violemment aux dealers dans cette zone de non droit où, laissant les gens s’entretuer, pas un seul flic ne met les pieds.

    Pour interpréter son film, Jacques Audiard, à deux exceptions près, a convoqué des non professionnels pour les rôles principaux, Jesuthassan Anthonythasan, un ancien émigré tamoul en France, Kalieaswari Srinivasan et Claudine Vinasithamby. Les trois se révèlent excellents.

    De quoi prétendre sérieusement à la Palme d’Or selon certains. Mais on ne criera pas avec les fans. Si ce drame oscillant entre histoire d'amour, chronique sociale et polar tient bien la route, ce n’est pas du tout grand Audiard. Il lui manque cette puissance, cette ampleur qui avaient tant séduit dans Un prophète. En cause notamment un dernier tiers ou Dheepan décide de rendre la justice lui-même et un épilogue à la fois fleur bleue et attendu.

    Cannes-2015-Depardieu-et-Huppert-dans-la-premiere-bande-annonce-de-Valley-of-Love[1].jpgIsabelle Huppert et Gérard Depardieu dans "Valley Of Love"

    Dheepan reste malgré ces réserves très au-dessus de  Valley Of Love, d’un autre Français en lice, Guillaume  Nicloux. Trente-cinq ans après Loulou de Maurice Pialat, il réunit Isabelle Huppert et l’énorme Gérard Depardieu pour un rendez-vous des plus bizarre. Un euphémisme... 
    Autrefois mariés, ils sont aujourd’hui séparés. Mais ils vont réaliser le dernier voeu de leur fils Michael, qui s’est suicidé six mois auparavant. Dans une lettre il leur demande  d’être présents ensemble dans la Vallée de la Mort un jour précis, leur promettant qu’ils se reverront.

    Le désert, la vie, le deuil impossible, un cancer, le tout sur fond de mysticisme, un sacré fatras. Même si le réalisateur nous appâte avec quelques beaux paysages, par ailleurs inratables, ce film n’a juste rien à faire en compétition. A l’image de The Sea Of Trees de Gus Van Sant, sélectionné pour la montée des marches de Naomi Watts et Matthew McConaughey, Valley Of Love permet d’avoir deux stars de plus, bien que pas au top, sur tapis rouge. Tout ça pour que Gégé nous raconte qu’il aime beaucoup Poutine…


    Avec "The Assassin", Hou Hsiao-Hsien signe le plus beau film du festival

    _17MD015_[1].jpgPour les images sublimes, on se tournera résolument vers The Assassin du Chinois Hou Hsiao-Hsien, auteur majeur  qui revient après huit ans d’absence. Visuellement, ce film d’arts martiaux pas comme les autres est indiscutablement le plus beau du concours.

    Il se déroule dans la Chine du IXe siècle. Eduquée par une nonne et devenue une redoutable justicière dont la mission est d’éliminer les tyrans, Nie Yinniang (la superbe Shu Qi) est torturée entre le devoir d’éliminer son cousin, gouverneur dissident de la province militaire de Weibo et les sentiments qu’elle au eus pour lui. HHH nourrit cette trame principale de plusieurs intrigues secondaires peuplées de personnages fomentant d’énigmatiques complots auxquelles on ne comprend pas grand-chose sinon rien.

    Mais peu importe. L’essentiel est de se laisser bercer par cet opus contemplatif, qui vous emporte ailleurs avec sa grâce, son élégance et sa splendeur.  

    Lien permanent Catégories : Cannes dans Chassé-Croisette
  • Festival de Cannes: Gaspar Noé veut choquer, mais rate son coup avec son porno sentimental

     

    Cannes-2015-Les-affiches-classees-X-de-Gaspar-Noe-font-scandale[2].jpgL’an dernier c’était Welcome To New York qui devait bousculer la Croisette, cette année ce fut Love, annoncé comme l’événement sulfureux de ce cru 2015. Affiche libertine voire plus, pour ce film labellisé hot signé Gapar Noé, cinéaste dérangeant, déterminé à choquer. Il n’en fallait pas davantage pour créer l’excitation. Et rameuter le client en masse.

    Résultat attendu avec cohue, longue file d’attente, spectateurs furieux refoulés lors de la projection de minuit à Lumière. Et resucée le lendemain à Bazin, petite salle de quelque 400 places. Sauf que cela n’a rien de très extraordinaire, la même chose se reproduisant inexorablement tous les jours pour les malheureux aux badges de la mauvaise couleur.

    Pour résumer l’affaire, le pauvre Murphy au trente-sixième dessous se retrouve seul dans son appartement et se souvient douloureusement de la folle passion réciproque vécue avec Electra. Qui a mystérieusement disparu. Et nous voici partis pour une love story en 3D dégoulinante avec sperme et larmes, destinée donc à faire bander les mecs et pleurer les filles. Le moins qu’on puisse dire c’est que Gaspar Noé a raté son coup, vu les sifflets, sinon l’indifférence totale que la chose a suscités jeudi matin.

    Et pour cause. Car ce qui dérange, ce n’est pas la profusion ennuyeuse de scènes de cul non simulées, mais esthétisantes façon porno de luxe. Au-delà de la forme, il y a hélas le fond, navrant. Par exemple le discours d'une rare banalité de Gaspar Noé et sa manière d’aligner sans complexes des platitudes comme " la vie c’est ce que tu en fais, elle n’est pas facile. en naissant on sait qu’on va mourir, je n’ai pas peur de mourir je ne veux pas souffrir…et autres lieux communs du genre.

    Sans oublier surtout Murrphy, alias Karl Glusman, le héros de l’histoire. Un Américain plutôt belle gueule  mais fruste et bas de plafond, dont le vocabulaire se résume à "fucking" et "you are a piece of shit". Ce qui serait un moindre mal s’il n’était pas par ailleurs beaufissime, macho et homophobe…

     

    Lien permanent Catégories : Cannes dans Chassé-Croisette