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le blog d'Edmée - Page 312

  • Festival de Locarno: "Le ciel attendra" montre l'embrigadement de jeunes filles par Daech. Intelligent et utile

    acastille.jpgComment et pourquoi une jeune fllle, aujourd’hui, peut avoir envie de partir en Syrie? C’est ce que veut expliquer Le ciel attendra en mettant en scène deux d'entre elles. Mélanie a 16 ans. Elle vit avec sa mère Sylvie aime l’école et ses copines, joue du violoncelle et veut changer le monde. Mais l'irréparable se profile lorsqu’elle rencontre son "prince" sur internet, en tombe amoureuse et se fait peu à peu prendre dans les filets de Daech. Un piège qui a aussi failli se refermer sur Sonia, pour "garantir à sa famille une place au paradis". 

    Un film intelligent, lucide, utile, évoquant ce moment où les ados sont contre tout ce qui représente l'autorité, explorant parallèlement l’intimité et la psychologie de deux jeunes filles qui ont basculé, ou vont le faire, dans le fanatisme. L’opus montre aussi la façon dont les proies sont repérées grâce aux réseaux sociaux, après avoir posté des messages avec des mots-clés qui permettent d'établir  le contact. Et puis, entre embrigadement et désembrigadement, il y a la douleur, la colère, le courage de parents qui veulent comprendre et se sentent coupables de n'avoir rien vu venir. 

    Le ciel attendra est signé de la réalisatrice scénariste et productrice française Marie-Castille Mention-Schaar (photo), auteur de La première étoile en 2009, Ma première fois et Bowling en 2012 et de Les héritiers en 2014. "Je ne suis partie de rien de précis 'une suite de conversations, de questions que je me suis posée", raconte la réalisatrice lors de la projection sur la Piazza Grande. 

    amention.jpgEn fait elle avait écrit un autre film mais le sujet restait dans sa tête. "J’ai commencé à rencontrer des journalistes qui couvrent le sujet, un frère parti sur les traces de sa soeur. Ensuite j'ai fait beaucoup de recherches, vu des reportages, lu des articles, regardé des heures de vidéo de propagande dont certaines sont juste insoutenables, pour mieux saisir l'emprise des rabatteurs". 

    Grâce aux contacts de Dounia Bouzar

    Toutefois, le plus important pour elle était d’entrer en contact avec des filles qui ont été, sont encore dans la radicalisation. Et cela grâce à Dounia Bouzar, anthropologue française qui a fondé en 2014 le Centre de prévention contre les dérives sectaires liées à l’islam.

    "Elle a accepté que je la suive pendant trois mois avec son équipe partout en France. Et j’ai découvert la réalité du processus d’embrigadement en parlant notamment avec une jeune fille passée par là. Elle  m’a aidée en ce qui concerne les dialogues, les attitudes le comportement, la manière de s'habiller, de faire ses prières, ses ablutions".

    La fragilité, la naïveté de certaines filles favorisent-elles la radicalisation?

    Tous les adolescents sont fragiles. Ils sont en pleine construction hormonale et, à cet âge, absolument n’importe qui peut tomber dans plein de choses, la drogue, l’alcool. Il n’y a pas de profil type comme j’ai pu le constater en m'entretenant avec des psychiatres. Par ailleurs, l'embrigadement ne se concentre pas sur les quartiers. Plus de la moitié des converties en France sont issues de la classe moyenne, sinon supérieure. Je dirais que les moins vulnérables sont elles qui appartiennent déjà à un groupe.

    Vous évoquez leur soif d’absolu, de pureté, de romantisme.

    Les filles succombent plus facilement à cette sorte d'idéal. Elles ont aussi davantage besoin d’être utiles, de servir à quelque chose. Les rabatteurs les ciblent en leur assurant que leur vie va avoir un autre sens que dans cette société pourrie, dépourvue de spiritualité, uniquement attirée par l’argent, la consommation, le succès. 

    Et où la mort devient mieux que la vie…

    Sauf que la mort n’est pas la mort. Ce qu’on leur promet, c’est la vie après la vie, le paradis, un monde où il n’y a pas d’injustice, de pauvreté, où tout est beau.

    Deux mots sur le choix de vos actrices, toutes très convaincantes.

    Sandrine Bonnaire devait mais n’a pas pu jouer dans Les Héritiers. Suite à ce rendez-vous manqué, j’étais contente de la retrouver car elle me paraissait évidente dans le rôle de l’une des mères. En ce qui concerne Clotilde Courau, l’autre mère, c’est son agent qui m’a parlé d’elle. J’ai regardé L'ombre des femmes de Philippe Garrel et j'ai été séduite par sa volonté d'implication dans l'histoire. Quant à Noémie Merlant et Naomi Amarger, elles avaient joué dans Les héritiers, et j'avais très envie de retravailler avec elles. 

    Et pourquoi avoir pris Dounia Bouzar pour interpréter son propre personnage ?

    Elle connaît tellement le sujet qu’il aurait été très compliqué pour une comédienne d’avoir une telle maîtrise. Du coup je ne pouvais pas me priver d’elle.

    A noter que le tournage a commencé au lendemain des terribles attentats de novembre dernier à Paris. Marie- Castille Mention-Schaar a beaucoup hésité. "Nous étions tous bouleversés de faire ce film au moment où la France était à nouveau massivement attaquée".

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  • Festival de Locarno: Harvey Keitel se raconte avec humour face à un public conquis

    akeitel.jpgLa foule s’était massée au Spazio Cinema plus d’une heure avant l’arrivée de Harvey Keitel, qui s’était vu remettre la veille, sur la scène de la Piazza Grande, le Lifetime Achievement Award (photo). En grande forme, le comédien séduit par son humour et sa simplicité. 

    Cerné par une forêt de caméras, il n‘hésite pas à monter sur une chaise pour saluer un public ravi de le découvrir aussi sympathique et nature, se prêtant de  bonne grâce au jeu des questions-réponses, même s’il avertit qu’il ne répondra pas forcément à toutes.

    L'ami de Martin Scorsese

    Ancien marine, Harvey Keitel, moitié Italien moitié Roumain "mais c'est une trop longue histoire", né "inconnu" à Brooklyn en 1939 mais très connu pour ses rôles dans Taxi Driver, La leçon de piano ou Pulp Fiction, entre autres bien sûr, n’est pas avare d’anecdotes. S’il a croisé les plus grands au fil de son parcours, il est venu assez tard au cinéma, faisant ses débuts dans le premier long-métrage de Martin Scorsese Who’s That Knocking At My Door? sorti en 1967.

    Devenus amis, le réalisateur et l’acteur ne se quittent pas pendant des années."Lui et moi faisons le même film depuis", remarque-t-il. "On se demande toujours qui frappe à a porte… Nos expériences ne sont pas très différentes. On n’avait pas d’argent, on tournait chez lui dans l’appartement des parents de Martin  à Little Italy. C’est là que nous avons commencé".

    Tavernier, Scola, Argento, Sorrentino...

    Ayant constamment alterné les tournages des deux côtés de l’Atlantique, L’acteur "aux cent visages" qui s’apprête à fêter ses 50 ans de carrière, évoque aussi ses collaborations avec des Européens. En 1980, il partage l‘affiche dans La mort en direct de Bertrand Tavernier avec Romy Schneider. "J’avais vu L’horloger de Saint-Paul et trouvé son auteur excellent. Je  souhaitais travailler avec lui et j’ai  appris que j’étais le type d’acteur américain qu’il cherchait". Deux ans plus tard il joue dans La nuit de Varennes sous la direction d’Ettore Scola. "Puis il y a eu Lina Wertmüller, Dario Argento, Paolo Sorrentino.."

    Aux Etats-Unis, Harvey Keitel connaît une période faste début des années 90. C’est là qu’il joue dans le film d’Abel Ferrara The Bad Lieutenant. "Je voulais gagner un peu d’argent. Avec Abel on avait le même avocat. Il m’a donné le scénario. Il n’y avait que quelques pages,  en plus écrites en très gros caractères. Je l’ai d’abord jeté à la poubelle avant de le reprendre. Je l'ai lu et j’ai été convaincu. Mais mon rôle n’était pas écrit. On a improvisé. L’impro c’’est important, ça peut vous permettre de créer un événement et d’imaginer le chemin pour y arriver". 

    Au contraire le scénario de Smoke, signé Paul Auster qui l'a réalisé avec Wayne Wang, débordait.. "Quand je suis arrivé à la fin, je l'ai trouvé terriblement ennuyeux. Du coup je me suis dit que je devais avoir raté quelque chose et qu’il fallait que je tourne le film". A noter que Smoke avait reçu en 1995 le prix du public à Locarno.  

    adogs.jpgL'appétit d'ogre de Quentin Tarantino

    On apprendra aussi que Quentin Tarentino a un appétit d’ogre, En 1992, Keitel l’aide à réaliser Reservoir Dogs. "Il travaillait dans un magasin de vidéo: "J’ai eu le script  et c’est ainsi qu’on s’est rencontré. Le problème avec lui c’est qu’il mange beaucoup et me vidait mon frigo".

    Lorsqu’on lui demande le nom de son réalisateur préféré et de son film favori, il botte en touche en lançant un ironique: "Vous boulez que je me fasse assassiner?"  Il tacle également un esprit chagrin qui lui demande comment il prend le fait de vieillir. "Vous ne m’avez pas l’air bien jeune vous-même  Venez à mon hôte nous échangerons nos lotions capillaires!"

    On ne saura pas non plus ce qu’il pense de la candidature de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis. "Là, je participe à un événement cinématographique…. Mais la période est vivante, les Américains sont  en mesure de protéger le pays et de faire ce qui est juste".

    En revanche, il ne se fait pas prier pour livrer les plus beaux moments de sa vie d’acteur: la naissance de ses deux filles et de son fils, aujourd’hui âgé de 12 ans.

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  • Festival de Locarno: "Dans la forêt", un thriller anxiogène aux accents fantastiques

    aforet.jpgJusqu'à présent, la Piazza Grande a réservé de meilleures surprises que la compétition. A l’image de Dans la forêt, du Français Gilles Marchand. Le film, notamment inspiré de l'enfance de l'auteur, met en scène Tom et Benjamin, deux garçons de 8 et 11 ans, qui rejoignent leur père vivant à Stockholm, pour passer les vacances d'été avec lui.

    Ils l’ont à peine vu depuis qu’il a divorcé de leur mère, plus particulièrement Tom, qui ne connaît pratiquement pas cet homme à la fois bizarre, mystérieux, solitaire et autoritaire, qui semble ne jamais avoir besoin de dormir. C’est en tout cas ce qu’il lui affirme. A la suite d’incidents étranges, il décide brusquement d’aller dans le nord du pays et de séjourner dans une cabane en pleine forêt.

    Les deux gamins trouvent l’idée chouette, mais déchantent assez rapidement en découvrant un endroit certes magnifique, mais beaucoup plus isolé qu’ils l’avaient imaginé, privé d’électricité de surcroît, ce qui les empêche de recharger leur portable. Le malaise s’installe au fil des jours et leur inquiétude s’accroît quand ils comprennent que leur père, heureux d’être coupé du monde avec ses fils, envisage de moins en moins un retour à la civilisation…

    aforetgos.jpgDepuis ses premiers longs-métrages, Gilles Marchand est adepte du thriller aux accents fantastiques. Dans Qui a tué Bambi (2003), il évoquait les obsessions d’une jeune infirmière se débattant entre rêve et cauchemar. Dans L’Autre monde (2010), il utilisait le phénomène des jeux vidéo en ligne pour développer des relations troubles et malsaines entre des personnages à la dérive.

    Le côté maléfique, diabolique, un peu façon Shining, l’emporte dans son dernier opus anxiogène. Et qui le serait davantage s’il n’avait pas décidé de distiller l’angoisse dès les premières images. Du coup, on n’est jamais surpris par les agissements menaçants ou alarmants du père. Ni saisi par les visions de monstrueuses créatures du petit Tom, véritable héros de l'histoire. Doué de télépathie, il révélait en effet d’entrée à une pédopsychiatre qu’il avait un mauvais pressentiment à l’idée d’aller retrouver l’auteur de ses jours en Suède.

    Dommage mais cela n'enlève rien à la prestation des comédiens. Jérémie Elkaïm dans le rôle du père, Timothé Vom Dorp (photo) et Théo Van de Voorde dans celui des enfants, se montrent tous les trois excellents. 

    Cessez-le-feu avec Romain Duris en vedette

    aduris.jpgUn autre film hexagonal a eu les honneurs de la Piazza de la Piazza, Cessez-le-feu d’Emmanuel Courcol. Quittant l’Afrique, où il menait une existence d’aventurier au début des années 20 pour tenter d’oublier les horreurs de la Première Guerre mondiale, Georges Laffont, ancien soldat, revient en France.

    Il retrouve sa mère et son frère, Marcel. Invalide de guerre sourd-muet.suite à un traumatisme. Egalement très perturbé, Georges essaye de trouver sa place dans un pays où la vie a continué sans lui. Petit à petit, il va se reconstruire grâce à Hélène qui enseigne la langue des signes à Marcel et avec qui il entretient une relation houleuse. En dépit de quelques longueurs, le film se laisse voir, notamment grâce à ses têtes d’affiche Romain Duris, Céline Salette et Grégory Gadebois.

     

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