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Sorties de la Semaine - Page 19

  • Grand écran: "Adios Buenos Aires", une ode au tango sur fond de comédie romantique et de drame politico-social

    En novembre 2001, la crise éclate dans une Argentine minée par le chômage et la corruption. Ruinés, Les habitants tentent de survivre, à l’image de Julio bandonéoniste dans un  orchestre de tango. Espérant un avenir meilleur, il se prépare à partir pour l’Allemagne avec sa mère et sa fille,, vend tout ce qu’il possède et place son argent à la banque.

    Mais, terrible coup du sort. Sans prévenir, le gouvernement gèle tous les comptes et Julio ne peut retirer que des clopinettes chaque semaine. Et comme si cela ne suffisait pas, il se fait emboutir par Mariela, une volcanique chauffeuse de taxi,  lui mène la vie dure en prétendant que c’est lui le coupable. On devine déjà la suite. 

    Tandis que le peuple descend dans la rue et que les manifestations dégénèrent en affrontements meurtriers, Julio, qui ne peut pour l’heure pas quitter la ville, continue à jouer le répertoire populaire argentin avec ses potes, pour notre plus grand plaisir. Le groupe parvient même à recruter une ancienne vedette, Ricardo Tortorella pour se faire quelques sous i

    Même si elle ne nous réserve guère de surprise, tout s’enchaînant  d’une façon parfaitement prévisible, Adios Buenos Aires est une plaisante comédie pleine d’amour, d’humour et de tristesse, mâtinée de tragédie politico-sociale. On est toutefois surtout séduit par le tango, son personnage principal, d’autant que le réalisateur a fait appel à Carlos Morel, un chanteur célèbre dans son pays.  

    L’opus est signé  German Klar, 56 ans. Il a été élevé en Argentine, qu’il a quittée à 22 ans pour suivre une école de cinéma, émigrant d’abord à Berlin puis à Munich où il vit actuellement, Il a tourné des documentaires sur le tango argentin et la musique cubaine, collaborant notamment avec Wim Wenders.  De passage à Genève, il nous explique ce qui l’a motivé à réaliser son premier long métrage de fiction. .

    "Cela tient à deux choses. D’une part à un documentaire, The Last Applause, datant de 1999  où j’ai rencontré le même genre de personnages que dans Adios Buenos Aires. Des inconnus,  pauvres, marginaux,  des losers, mais  dotés d’un cœur énorme et qui ont le tango dans le sang. La deuxième raison, c’est la terrible crise de 2001. J’étais tellement triste en constatant ce qui se passait dans mon pays que je devais le raconter. J’ai mis vingt ans à faire ce film et il est si actuel".

    En effet. Que pensez-vous de la situation aujourd’hui et du président Javier Millei?

    Je ne l’aime pas, je ne le défends pas, mais j’ai voté pour lui. Je sais que cela me fait passer pour un affreux extrémiste de droite, mais en ce qui me concerne, je me suis trouvé  à choisir entre la peste et le cholera. J’espère juste que Millei ne fera pas ce qu’il a promis. Mais j’ai confiance en la démocratie qui ne permettra pas certaines choses.

    Pour en revenir à votre film, il s’agit d’une déclaration d’amour au tango, sa star en réalité.

    Oui J’adore le tango.  C’est un pont qui me relie directement et émotionnellement à mes origines, une musique puissante d’une grande beauté. Les auteurs de chansons sont des poètes. Comme Carlos Morel. Mais je crois que personne vivant en Argentine aurait pu tourner ce film, Il est trop romantique quand on considère la piètre situation des gens.

    Outre la musique, vous célébrez l’amitié masculine.

    C’est vrai. En Argentine, cette amitié est tellement forte, si précieuse. Elle fait partie du quotidien, aide à la survie en agissant en quelque sorte comme un médicament

    Vous évoquez également  la volonté, sinon le besoin d’émigrer. Comme vous, il y a longtemps.

    Je voulais absolument faire du cinéma. Ma mère m’aidé.  Vous savez, en  2000, les gens faisaient la queue, principalement devant les ambassades d’Italie et d’Allemagne. Puis il y a eu quelques bonnes années. Aujourd’hui, beaucoup de jeunes, ne voyant aucune perspective, veulent partir et leur nombre ne cesse d’augmenter. Mais c e n’est pas si facile de quitter son pays.

    "Adios Buenos Aires", à l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 28 février.
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  • Grand écran: "Le successeur" explore les affres d'un potentiel et redoutable héritage paternel

    Six ans après le remarquable, saisissant et captivant Jusqu’à la garde, aux frontières de plusieurs genres où, il évoquait la violence conjugale pouvant mener à l’épouvante, Xavier Legrand, multirécompensé et notamment césarisé en 2019, revient avec Le successeur. Restant dans le domaine familial, il se concentre sur la violence masculine à travers une relation père fils. Ou plutôt son absence. 

    Originale, brillante et hors sujet, la scène d’ouverture est prometteuse, avec des mannequin défilant dans un décor glacé en forme de spirale Une géniale idée d’Ellias (Marc-André Grondin)  Nouvelle coqueluche de la haute couture française, cet expatrié québécois vient de prendre la direction d’une célèbre maison parisienne. Une formidable et grisante ascension interrompue par le débarquement de policiers, venus lui annoncer la mort de son père qu’il détestait et avec qui il a coupé les ponts depuis vingt ans..

    Le voici néanmoins forcé , contre son gré, de retourner au Québec pour s’occuper des obsèques et  régler des affaires de succession.  Dans la banlieue montréalaise de son enfance, le désormais célèbre créateur croise ainsi des gens modestes, pétris de gentillesse, bien différents de son milieu huppé:: une ancienne copine d’école, une voisine pleine d’égards et  le si bienveillant et prévenant Dominique, le meilleur ami de son père (Yves Jacques).  

    La violence est-elle héréditaire?

    C’est alors qu’Ellias fait une terrible découverte à propos de son géniteur et de ses actions passées qui va transformer sa vie de rêve en cauchemar.  Et que le thriller psychologique flirte avec le film d’horreur, le fils se demandant avec angoisse  ce que ce père honni auquel il a tant voulu échapper a pu lui léguer... En gros, la violence est-elle héréditaire 

    Tout cela serait très bien si Xavier Legrand, sous couvert de fausses pistes et de sous-entendus plus ou moins malsains, ,ne nous menait pas à cette tragique conclusion au terme d’un scénario mal ficelé, incohérent, trop invraisemblable pour  emporter l’adhésion. Sans vouloir dézinguer l’opus, on est assez loin de Jusqu'à la garde. Et pas spécialement époustouflé par la prestation de Marc-André Grondin, pourtant porté aux nues par une grosse partie de la critique. Il en fait parfois des tonnes dans la fébrilité, la panique, lâcheté et, par ailleurs, n’a pas franchement la tête d’une star de la mode. En tout cas, pour un styliste, il est drôlement mal fringué !

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 21 février.

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  • Grand écran: "Sans jamais nous connaître", une romance gay peuplée de fantômes

    Une tour à Londres, pratiquement vide. À l’image des pages que peine à noircir Adam (Andrew Scott), scénariste timide, introverti, vivant isolé du monde dans cet immeuble neuf. Jusqu’au soir où Harry (Paul Mescal) mystérieux autre locataire esseulé, frappe à sa porte. Adam ne le laisse pas entrer, mais le charismatique et séduisant Harry n’est pas du genre à renoncer.  Sa seconde tentative est la bonne. Au point que les deux hommes passent la nuit ensemble et, surpris par leurs sentiments au réveil, tombent vite amoureux.

    Un début plutôt classique, sauf que ce rapprochement semble faire parallèlement resurgir un trauma chez Adam qui, gamin, a perdu ses parents dans un accident de voiture. Il décide alors de retourner dans la ville de banlieue où il a grandi. Arrivé dans son ancienne maison, il découvre papa-maman sur place et les revoit vivants, tels qu’ils étaient le jour de leur disparition, il y a plus de trente ans. Il les embrasse, leur parle.

    Une adaptation très personnelle

    Andrew Haigh nous plonge ainsi dans une troublante atmosphère surnaturelle, qui flirte avec le réel. Insolite, émouvant, original, onirique, poétique, Sans jamais nous connaître (All Of Us Strangers), magnifiquement interprété, est le cinquième long métrage du réalisateur gay, se plaisant ici à jouer de la fascination. Ce film est une adaptation aussi libre que personnelle de Présences d’un été, du Japonais Taichi Yamada, paru en 1987. Période à laquelle l’auteur laisse revivre le père (Jamie Bell) et la mère (Claire Foy) du héros. Il nous livre l’image d’un couple aimant, bienveillant, mais conservateur, pétri de principes et de préjugés de l’époque. Cela permet notamment au cinéaste britannique d’évoquer le rigorisme thatchérien, les émeutes raciales, le sida et les changements qui se sont produits depuis dans la société et dans les esprits de ses concitoyens. 

    Avec ce recours aux fantômes du passé, il est évidemment surtout question d’Adam, souffrant d’un non-dit qui le bloque. Celui d’avoir omis de révéler à ses parents une homosexualité dont il était conscient à 12 ans, au moment de leur mort. ll veut savoir s’ils s’en doutaient, s’ils l’ignoraient, comment ils auraient réagi. L’auraient-ils accepté, rejeté? Seule une discussion sincère et sans fard où il leur apprendra ce qu’il est devenu lui donnera la réponse, l’apaisera, lui permettra enfin d’avancer et de vivre pleinement sa relation avec Harry.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 14 février. 

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