Les pieds dans le plat - Page 105
-
La nouvelle invincible armada du crampon!
Avant la rencontre, les superlatifs ne cessaient de pleuvoir. Alors vous imaginez le délire après la victoire des footeux lausannois qui, contre toute attente, s’en sont allés battre in extremis les Russes chez eux.Immense, colossal, monumental. Bref, majuscule, comme diraient les commentateurs de la TSR, très fiers de l’invention de ce nouveau mot.L’engouement dépasse en effet l’imagination. Selon un sondage, seuls 13% d’esprits chagrins boudent la performance. En revanche, 80% d’aficionados se déclarent convaincus que le club va renouer sans tarder avec son glorieux passé.Ils sont tellement fabuleux, ces Vaudois, qu’ils en apparaissent presque effrayants. Preuve en est la question quasi existentielle des observateurs éberlués par leur prodigieux exploit, se demandant qui arrivera à stopper cette fantastique machine lancée à plein régime depuis des semaines.En d’autres termes, il faudra un formidable adversaire pour parvenir à freiner l’avancée inéluctable de la nouvelle invincible armada du crampon helvétique.A mon avis, ce pourrait simplement être le prochain. Bien que les spécialistes mégotent drôlement sur le sex-appeal du CSKA Moscou. Si proche de zéro qu’il sera inutile de squatter le Stade de Genève pour le recevoir. A croire que c’est donner de la confiture à des cochons que d’obliger le diamant lausannois à affronter ces vulgaires zircons moscovites...Rien de comparable en somme avec leurs compatriotes du Lokomotiv, que les Vaudois ont réussi à faire dérailler l’autre soir. Gare au péché d’orgueil. Car non seulement le train en question marchait plus à la vapeur qu’à l’électricité, mais encore les hommes du cru manquaient singulièrement de charbon pour alimenter la chaudière.Du coup, il n’est pas si étonnant que les Lausannois, déjà portés aux nues, se mêlent de jouer les coqs en Europa League. Je l’admets, cela n’a pas mal de gueule pour des seconds couteaux. Je nourris cependant des espoirs plus flamboyants qu’une modeste phase de poules, avec l’US Open qui se profile.Je veux évidemment parler des fermes résolutions de Sa Grâce, piquée au vif par des allusions blessantes, de se comporter en big boss à Flushing Meadows.Et j’avoue que ça me ferait particulièrement plaisir de voir la légende remporter son dix-septième Grand Chelem. Surtout à la barbe du pitbull ibérique, du Schtroumpf serbe et de la belette écossaise, assez certains de lui barrer la route. -
Les cadors à la niche, Sa Grâce sauve l'honneur
Bon d’accord, Rodgeur a remporté son 17e Masters, ce qui va sans doute pousser les fans à crier au génie retrouvé. D’autant que le roi à la couronne en berne depuis Melbourne a égalé le record de Bjön Borg en décrochant son 63e titre.
Il n’y a pourtant pas de quoi en faire un fromage. C’était la moindre des choses pour le Bâlois que de triompher plus ou moins sans gloire après avoir vaincu carrément sans péril dans ses deux premiers matches à Cincinnati. Grâce à la blessure bienvenue d’Istomin et au forfait providentiel de Kohlschreiber. Vingt-sept minutes sur un court pour rallier un troisième tour, voilà qui aussi peu banal que fatigant.
Bref du tout cuit en principe. Mais ce fut au contraire tellement dur en finale face au courageux Mardy Fish que je voyais déjà la légende recommencer le coup de Toronto, Et perdre en deux sets contre le second couteau américain en jouant bêtement au Père Noël.
Vous me rétorquerez qu’il s’en est quand même heureusement mieux sorti que ses rivaux Nadal, Djokovich et Murray. A la niche la tête basse, les trois autres cadors du circuit, tous misérablement éjectés en quarts de finale. Et devant compter sur Federer pour sauver leur honneur perdu.
Pour autant, j’imagine assez mal le Suisse ajouter quatre Grand Chelems à son palmarès, ainsi qu’il l’a récemment claironné, très agacé par l’insolence des journalistes toujours prompts à évoquer son déclin à la plus petite faille.
Après l’avoir observé, plus cheval de labour que pur-sang, ahaner contre Berdych et Djokovich la semaine dernière et suer ferme face à Fish dimanche, j’avoue que le gain de l’US Open dans huit jours pour commencer à viser l’objectif, ne me paraît pas franchement acquis les doigts dans le nez.
A l’image d'ailleurs du succès du pitbull de Manacor en trois coups de cuillère à pot. Et pas seulement parce qu’il me semble fâcheusement émoussé de la canine, notamment suite à son pitoyable échec contre Baghdatis. Mais surtout parce que McEnroe ne cesse de clamer que l’Ibère va s’imposer cette année à Flushing. Or il est comme Mats Wilander, le grand John. Il suffit que l’un et l’autre étalent leur science de la raquette pour que leurs certitudes volent en éclats. Avec évidemment retournement de veste à la clé.
-
Le retour du roi à la couronne en berne
Certes, la légende reste la légende avec ses seize grands Chelems. Mais que ce troisième rang me blesse la rétine, quand je le vois implacablement écrit noir sur blanc. Rappelant que le roi, à la couronne en berne depuis l’Open d’Australie, erre misérablement sur les courts à la recherche de succès qui lui permettraient d’entamer un semblant de remontée vers les sommets.
Mais vu la quantité de points à défendre pour tenter, ne serait-ce que de se rapprocher de Nadal, ça va être coton. Même si Federer affirme que dans le fond, ce n’est qu’une question de temps. Il est vrai qu’il vient d’opérer un retour gagnant à Toronto salué bien bas par les fans et portant ainsi à 210 ses triomphes dans les Masters 1000. Un nouveau record pour le Bâlois, plutôt content de lui en l’occurrence.
A part ça, la tenue de l’Helvète aux bras pas trop noueux fait jaser sur la Toile et ailleurs. A cet égard, on parle beaucoup de «body language» pour tenter d’évaluer la motivation des joueurs. Eh bien, à mon avis, les fringues ça vous raconte également quelque chose.
Je m’explique. D’un côté vous avez Sa Grâce et son petit maillot rose layette sur un short brun-beige. De l’autre, le pitbull de Manacor, arborant lui aussi un T-shirt rose, mais fluo pétant sur un bermuda d’un blanc éblouissant, le tout en jetant un max. Du coup le Bâlois, imprudemment qualifié de prédateur par certains , (pourquoi pas de panthère tant qu’ils y sont!), a l’air délavé face à l’Ibère plus flamboyant que jamais. Même s’il a curieusement mis un temps fou à se débarrasser du Vaudois Wawrinka dans son premier set du tournoi canadien.
Bref, je me demande avec angoisse la durée de cette reprise pour Rodgeur après trois semaines. Qui a donné un deuxième début de rèponse un s'imposant également contre le Français Llodra. Rien d'étonnannt en somme. Mais dans la mesure où le maestro en délicatesse se laisse aujourd’hui terrasser par à peu près n’importe qui, c’était un peu la panique.
Et je ne sais pas si le succès des footeux suisses m’aurait apporté une grande consolation en cas de revers sévère de mon tennisman préféré au troisième tour. Il paraît pourtant que leur résultat étriqué contre les Autrichiens en match amical est de bon augure pour la campagne de l’Euro 2012. J'en doute, mais il est vrai que c’est toujours mieux que la France qui, comme je le pressentais dans ma précédente chronique a trouvé moyen d’aller perdre contre la Norvège à Oslo. Replongeant les supporters dans un désespoir qu’ils venaient à peine de surmonter après la débâcle sud-africaine.
Cela n’empêche pas d’optimistes spécialistes tricolores du crampon de voir du plus volontaire et du plus frais dans cet échec annoncé aux couleurs du drapeau national : le bleu des joueurs, le blanc de Laurent et le rouge de la honte. C’est ce brave Domenech qui doit prendre son pied !