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La griffe du léopard - Page 41

  • Qui va mettre les léopards en cage?

    Et voilà. La chasse aux fauves se termine. Il reste un seul film en course, à découvrir demain, «La chanteuse de tango» de l’Argentin Diego Martinez Vignatti. Ses confrères, eux, se rongent déjà les ongles. La compétition, où se mesurent trois réalisatrices et où on découvre six premières œuvres, divise naturellement les festivaliers. «Je n’ai rien vu d’aussi mauvais depuis longtemps», critiquent les uns avec violence. D’autres se montrent indifférents, trouvent pas mal, ou plutôt bien. En tout cas mieux que l’an dernier…

     

    Rien de nouveau sous le soleil. Ce refrain, on l’entend à chaque édition. En fait, sur les dix-huit longs métrages qui nous ont emmenés de Suisse en Chine en passant par le Japon, la Russie, l’Afrique du Sud ou la France, qui domine la sélection avec deux productions et quatre co-productions, une demi-douzaine sortent plus ou moins du lot. Comme d’habitude.  

     

    Mon préféré reste «Summer Wars», le film d’animation virtuose et inventif du Japonais Mamoru Hosoda, qui mêle réel et virtuel, traditions et technologie, en affirmant la toute puissance du réseau familial sur le système high-tech d‘internet. En ce qui concerne l’argent et le bronze, il y a «The Search», du Tibétain Pema Tseden, «Complices» du Suisse Frédéric Mermoud, «L’insurgée» du Français Laurent Perreau, ou encore «She a Chinese» de la Chinoise Xiaolu Guo.

     

    Il faut aussi se méfier de «A religiosa portuguesa» de l’Americano-Français Engène Green, qui en a plongé plus d’un dans l’extase. Et de… En réalité, il faut se méfier de tous ici, à commencer par le méritant et l’improbable. Non seulement on n’est pas à Cannes où le meilleur de la création mondiale permet quelques certitudes, à l’image des deux principaux gagnants de mai dernier Michael Haneke et Jacques Audiard. Mais les jurés locarnais nous ont habitués aux lauréats les plus farfelus.

     

    Pareil avec les prix d’interprétation féminin et masculin, où les comédiens des films cités plus haut ont évidemment leur chance. Je me contenterai donc de vous livrer mes favoris à ces deux médailles, Nina Meurisse et Cyril Descours, le jeune couple aussi crédible qu’attachant de «Complices». Verdict demain soir sur la Piazza Grande.

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  • Sale temps pour les pique-assiette!

    Peu folichonne, la journée du cinéma suisse. Côté pellicule il y avait certes foule, mais on n’en a pas moins oscillé entre le dégoulinant de bons sentiments avec «Baba’s Song», le conte musical de Wolfgang Panzer, et «La valle delle ombre» du Tessinois Mihàli Györik, une fable noire carrément calamiteuse, proposée en guise d’apothéose sur la Piazza Grande. Un ratage à l’image de la fête aux Bains de Locarno qui a suivi. Car «fête», il faut le dire très vite. Si l’on excepte le décor naturel, forcément sublime, je ne vous raconte pas l’aspect frugal de la chose. On se serait cru rue des Granges!.

     

    Vous me rétorquerez que c’est la crise. D’accord, mais dans ce cas on s’abstient, au lieu de tomber dans le misérabilisme souffreteux. J’exagère à peine. Tout retournés et criant famine, les pique-assiette en sont restés bouche bée. Pas le moindre canapé ou petit-four à l’horizon. Même pas un buffet pain et fromage. Rien, la disette, l’indigence, le dénuement.

     

    Partant de l’idée que des festivaliers normalement constitués ne mangent plus après 23 heures, il n’était pas question, pour les organisateurs de ce raout, de les nourrir. A part avec quelques olives et amandes parcimonieusement disposées dans des coupelles. Ou alors, il fallait casquer. Douze francs le chili con carne pour ceux qui s’étaient imprudemment risqués dans ces lieux inhospitaliers sans se sustenter.

     

    De l’extorsion de fonds! Mais à mon avis, c’était encore plus miteux côté boissons, avec une carte indiquant «A nos frais» et «A vos frais» Inutile de préciser que tout ce qui dépassait en degrés d’alcool un méchant vin blanc tiède et le prosecco était pour le cochon de payant. Plus chiche, on te demande d’apporter ton sandwich et ta gourde!

     

    Bref, à se cacher dans un trou de souris ou à changer de nationalité. Parce que question image, c’était franchement la honte!

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  • Il faut sauver la Piazza Grande!

     

    Une chose est claire, la Piazza Grande est l’âme du festival et Locarno n’existerait pas sans elle. D’accord, elle n’est pas aussi menacée que le gorille des montagnes ou le requin pèlerin. Mais tout de même, elle se dépeuple drôlement cette année. Une moyenne pitoyable de 5000 spectateurs par soir depuis le début, alors qu’il y a  parfois deux séances. Avec un pic à 7200 samedi dernier, une banalité dans la mesure où elle en absorbe plus de 8000, et un creux catastrophique à 2500, lundi soir. Sans compter que la météo n’est pas en cause.

     

    Si les choses continuent de cette façon, les chiffres ne risquent pas d’exploser lors du bilan final ! Question de programmation peu alléchante évidemment. La faute en revient à Frédéric Maire. Il n’exige, paraît-il, que des premières mondiales. La belle affaire. Qu’importe un inédit  planétaire s’il est mauvais ? Bien sûr, on n’a pas toujours vu des merveilles en plein air par le passé, bien au contraire. Sauf que pour booster l’endroit, Marco Muller et Irene Bignardi, les directeurs précédents, n’hésitaient pas à programmer quelques perles cannoises en guise d’avant-premières suisses.

     

    Il est vrai que certains critiques le leur reprochaient, mais les fans n’en avaient cure. Mieux, le  déjà vu mille fois ne les avait pas empêchés de se ruer à 10.000, quitte à s’asseoir par terre, pour ne pas manquer « Les oiseaux » du grand Hitchcock. Surtout en présence de Tippi Hedren…Bref,  pour ne rien vous cacher, je m’étonne que Frédéric Maire fasse aussi peu de cas de ce lieu magique.  

     

    Enfin, heureusement qu’il nous a déniché quelques films convenables en compétition, dont une pépite. Je crois vous avoir raconté que je ne raffole pas des mangas. Mais s’ils étaient tous comme « Summer Wars », j’en redemanderais. Parce qu’il a de quoi faire sacrément de l’ombre, un euphémisme, à la désormais traditionnelle journée du Cinéma suisse, pour laquelle on a même peint le léopard en rouge et blanc.

    Le virtuel et le réel se mêlent et se confrontent génialement dans ce long métrage d’animation de Mamoru Hosada, qu’on verrait bien quitter le Tessin cousu d’or. Un film extraordinairement foisonnant et incroyablement inventif, où les membres d’une famille nippone ordinaire s’unissent autour d’un petit génie en mathématiques pour sauver le monde. Faisant ainsi échec à la guerre totale qui se prépare dans la cité d’Oz, créée sur internet pour le fun, le business et la vie en général. Un chef d’œuvre du genre que nous offre le réalisateur japonais, avec cette captivante aventure en forme de victoire de la tradition et des liens familiaux sur la technologie la plus pointue.

     

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