Nanni Moretti, l’icône du cinéma italien
A Locarno, n’importe quel cinéaste italien fait l’effet d’une cape rouge sur les festivaliers, qui rappliquent aussi sec dès que les Transalpins pointent le bout de leur nez. Alors vous pensez si le célèbre Nanni Moretti a rameuté la foule des grands jours lors de sa conférence de presse. D’autant que l’icône squatte les écrans avec une rétrospective intégrale et tient la vedette dans Caos Calmo, le dernier long métrage d’Antonello Grimald, également projeté ici.
Inutile de préciser qu’il faut s’y prendre tôt pour s’assurer d’un siège. Le jeu consiste donc à venir en masse écouter le metteur en scène précédent évoquer son œuvre. Quitte à ne l’avoir pas vue. Du coup, les questions sont rares, sinon inexistantes. Charge au meneur des débats de patauger pendant une demi-heure en meublant les silences. De quoi plomber le moral de l’intéressé, certes content de voir du monde, mais se demandant bien pourquoi il n’intéresse personne… En l’occurrence, ce fut le triste sort de Garth Jennings, réalisateur britannique de Son of Rambow, comédie décapante et rocambolesque où deux ados se mêlent de tourner un remake farfelu des aventures de Sylvester Stallone.
Plutôt inélégante, l’attitude. Remarquez, il y a pire dans le genre. Notamment à l’égard de la Suissesse Dominique de Rivaz, victime d’un des bouche- à-oreille les plus négatifs depuis la naissance du septième art ou presque. Y compris de la part de son producteur. Vous me rétorquerez qu’on n’est jamais mieux trahi que par les siens.
Mais voilà qui n’a pas empêché une cohue indescriptible à l’entrée de la salle. Avec des fans de pellicule qui s’écrasaient sauvagement les petons pour tenter d’assister à la projection de Luftbusiness. Cette fable contemporaine raconte l’histoire de trois jeunes gens dans la dèche, qui se vendent au plus offrant sur un site d’enchères en ligne. Plutôt réussi, le film permet décidément aux Romands de s’illustrer dans toutes les sections du festival.