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Cinéfil - Page 9

  • Jean-Paul Belmondo, l'un des derniers monstres sacrés du cinéma français, est mort

    On  l’a aimé dans des oeuvres aussi différentes qu’A bout de souffle de Jean-Luc Godard qui a fait de lui une icône,  Moderato Cantabile de Peter Brook, Léon Morin prêtre de Jean-Pierre Melville, Le professionnel de Georges Lautner ou L’homme de Rio de Philippe de Broca. Et on l’a trouvé bluffant dans Le Magnifique, pastiche de James Bond, également signé de Broca, où un écrivain complexé s’invente un double littéraire, un  agent secret qui possède la séduction et le courage qui lui manquent.

    Le Magnifique, Jean-Paul Belmondo le restera pour les Français, qui l’ont adoré au cours de six décennies, toutes générations confondues. Né le 3 avril 1933, fils du sculpteur Paul Belmondo et de l’artiste peintre  Sarah Rainaud, acteur talentueux parmi les plus populaires du cinéma français en attirant quelque 30 millions de spectateurs entre les années 60 et 80, il est mort lundi 6 septembre. Il avait 88 ans et plus de 80 longs métrages à son actif. Le monde du cinéma, Alain Delon dévasté en tête, de la politique, dont Emmanuel Macron, du sport, à commencer par le PSG qu'il avait contribué à créer, lui rend un vibrant hommage, tandis que les télévisions bousculent leurs programmes pour passer ses meilleurs films. Par ailleurs, un hommage national lui sera rendu jeudi 9 septembre aux Invalides et ses obsèques auront lieu le lendemain à l’église de Saint-Germain-des-Prés.

    En 1952, Jean-Paul Belmondo est admis au Conservatoire supérieur d’art dramatique où il forme la fameuse bande avec Jean Rochefort, Jean-Pierre Marielle et Bruno Cremer. Il débute au théâtre en jouant Musset, Molière et Anouilh avant de se lancer dans le cinéma en 1958. On le voit dans Les tricheurs de Marcel Carné et Un drôle dimanche de Marc Allégret.  Si ce film est massacré par Godard dans les Cahiers du Cinéma, le réalisateur aime le jeu de Belmondo. Qu'il engage pour son court-métrage Charlotte et son Jules, puis dans A bout de souffle, où il joue un voyou en fuite tombé amoureux de Jean Seberg, avec qui il forme un couple mythique et emblématique de la «Nouvelle Vague». Le film fait un tabac et la carrière de Bébel est définitivement lancée. 

    Il retrouve Godard pour Une femme est une femme l'année d'après puis pour Pierrot le fou, quatre ans plus tard.  Ce sera leur dernière collaboration, le comédien privilégiant le genre policier et un cinéma à grand spectacle, où passionné de sport, il peut montrer ses muscles et réaliser en vrai les cascades les plus démentes. Il devient l’acteur fétiche d’Henri Verneuil avec qui il a tourné huit films, Philippe de Broca (six), Georges Lautner (cinq) et Jacques Deray quatre, dont le fameux Borsalino sorti en 1970. Il y partage l’affiche avec l’autre super pointure de la pellicule hexagonale, Alain Delon, dont il est l’ami depuis 1957. 

    Héros de L'itinéraire d'un enfant gâté, il refuse le César 

    Alors que ses films continuent à séduire, mais que le filon commence à s’épuiser, Jean-Paul Belmondo, qui est remonté sur scène en 1987 pour jouer Kean de Jean-Paul Sartre,  est contacté par Claude Lelouch qui lui propose le rôle de Sam Lion dans Itinéraire d’un enfant gâté. Cela lui vaudra, en 1989, le César du meilleur acteur, qu’il va refuser parce qu’il estimait que "les récompenses il faut les donner quand on est jeune. Et qu’il avait trop attendu".

    Suivent une dizaine de longs métrages dont Une chance sur deux de Patrice Leconte en 1998, où il retrouve  son ami Alain Delon, tous deux étant les géniteurs potentiels d’une voleuse de voiture enlevée par la mafia russe. C’est loin d’être un chef d'oeuvre. En 2001 le comédien est victime d’un AVC dont il met huit ans à se remettre et revient devant la caméra pour Un homme et son chien de Francis Huster. Un fiasco, autant pour l’auteur que pour son héros qui, en 2017, recevait  (et acceptait cette fois)  un César d’honneur pour l’ensemble de sa carrière.  

    Bébel et ses femmes 

    Lors de son entrée à 19 ans au Conservatoire, son professeur Pierre Dux déclarait qu’avec la tête qu’il avait, il ne pourrait jamais prendre une femme dans ses bras.. Une sacrée erreur pour celui qui s’est notamment retrouvé, sur grand écran, dans ceux de Sophia Loren, Gina Lollobrigida  et Claudia Cardinale. 

    Avec son charme, son humour, sa gouaille et son célèbre sourire, Belmondo a également joué les séducteurs dans la vie. Sa première passion fut la danseuse professionnelle Elodie Constantin avec qui il s’est marié et eu trois enfants, dont Patricia, morte à 40 ans dans l’incendie de son appartement. Puis il a succombé à la sculpturale Ursula Andress, à l’actrice italienne Laura Antonelli, à la chanteuse brésilienne Carlos Sotto Mayor. A Roland Garros, en 1989, cet amoureux du tennis (à qui, pour l’anecdote, Marc Rosset avait  six ans plus tard offert sa raquette), rencontrait Natty Tardivel, une chanteuse de 32 ans sa cadette. Il l’a épousée et ils ont eu une fille, Stella. La dernière compagne de Bébel fut Barbara Gandolfi, une ancienne mannequin belge, de 42 ans plus jeune que lui. Leur relation s’est terminée au tribunal.  

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  • Festival de Cannes: de la Suède au Japon en passant par l'Italie

    Un couple de cinéastes américains, Chris et Tony (Vicky Krieps/Tim Roth) débarque sur l’île de Farö en Suède où vécut Bergman. Elle est devenue un lieu de culte pour les amoureux du cinéma et plus particulièrement pour les inconditionnels du maestro aux 60 films et aux neuf enfants de six femmes différentes… 

    Chris et Tony qui s’aiment depuis longtemps mais vivent plutôt comme des amis, voir des rivaux, s’installent pour écrire un scénario, chacun de leur côté. Ils dorment même dans la chambre où fut tourné Scènes de la vie conjugale, «le film qui a fait divorcer des millions de personnes...»

    Alors que leur histoire respective avance. Chris décide de raconter la sienne à Tony, une comédie romantique contrariée, qui prend forme à l’écran. Réalité du couple et fiction se mêlent, l’héroïne de Chris étant hantée par un premier amour qu’elle n’a jamais pu oublier. 

    On aurait pu craindre que ce film dans le film nuise à la fluidité du récit. Il n’en est rien, Avec Bergman Island, Mia Hansen-Love propose un magnifique opus limpide et plein de grâce. Il est en plus éclairé par la joyeuse et irrésistible Vicky Krieps, qui donne la réplique à un Tim Roth parfait dans le rôle du mari à l'air calme, désinvolte,  toujours maître de lui.  Un candidat sérieux au palmarès.

    Avec Tre Piani, Nanni Moretti déçoit un peu

    Si Mia Hansen-Love a sans doute signé son meilleur film, ce n’est pas le cas de Nanni Moretti, de retour en compétition avec Tre Piani, mélodrame choral, adapté d’un romande l’israélien Eshkol Nevo. On y suit la vie des habitants d’un immeuble romain, transformée de différentes façons par une série d’événements, à commencer par un accident de voiture mortel.
    En trois chapitres se déroulant sur dix ans, Nanni Moretti brasse plusieurs thèmes, une justice à deux vitesses, le deuil, la réparation, un soupçon d’abus sexuel. Si le réalisateur italien est une valeur sûre, on est quand même déçu. Il serait étonnant qu’il parvienne à décrocher une deuxième Palme d’or, vingt ans après La chambre du fils. 

    Drive my car, road movie envoûtant, romanesque et mystérieux

    Oto est scénariste. Elle invente des histoires, Yusuke Kafuku, acteur et metteur en scène de théâtre les transforme. Le couple apparaît indiscutablement et profondément lié. Un jour pourtant, l'homme surprend sa femme faisant l’amour avec un autre. Elle ne le voit pas, il garde la chose pour lui. Jusqu’au drame...  

    Alors qu'il n'arrive toujours pas à s’en remettre, Yusuke accepte de monter Oncle Vania dans un festival, à Hiroshima. Il y fait la connaissance de Misaki, une jeune femme modeste et réservée qu'on lui a assignée comme chauffeure. Entre Yusuke tourmenté en quête de vérité, de rédemption et Misaki, victime d'une enfance douloureuse, l'amitié naît au fil des trajets. Elle leur permettra de faire face ensemble à leur passé. . 

    Drive my car de Ryusuke Hamaguchi est adapté d’une novelle éponyme d’Haruki Murakami. Poursuivant sa quête esthétique, le réalisateur japonais nous emmène dans un voyage de trois heures qu'on sent à peine passer. Un road movie envoûtant à la fois romanesque et mystérieux qu’on souhaite voir remporter un prix.

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  • Oscars 2021: la razzia de Chloé Zhao, l'"Attila" de la pellicule, avec "Nomadland"

    Partout où elle passe, Chloé Zhao, réalisatrice  chinoise installée aux Etats-Unis, rafle le pactole et la plupart des autres prétendants n’ont que les yeux pour pleurer. Après le Lion d'Or à Venise, les Golden Globes et les Bafta, la messe était dite. Nomadland a de nouveau été plébiscité lors de la cérémonie des Oscars, qui s’est exceptionnellement déroulée cette année dans une gare historique de Los Angeles.  Notamment nommé dans les trois catégories les plus prestigieuses : meilleur film, meilleure réalisatrice et meilleure actrice, l’opus les a toutes remportées. 

    Son auteure est devenue la première cinéaste non blanche  à recevoir la récompense suprême pour ce road movie entre fiction et documentaire sur de vieux Américains victimes de la crise financière. Avant elle seule une autre femme, Kathryn Bigelow. avait été sacrée en 2010 pour  en 2010 pour Démineurs. 

    Nomadland suit une voyageuse veuve et âgée, jetée sur les routes après avoir tout perdu. Au cours de son errance, en mini-van, elle rencontre d’autres gens se déplaçant sans cesse, comme elle. Frances McDormand (photo), l'une des rares comédiennes professionnelles (la plupart des acteurs jouent leur propre rôle de trimardeurs) de ce film, a décroché la statuette  de la meilleure actrice. Le troisième de sa carrière. Elle suit de près Katherine Hepburn, qui en a reçu quatre. 

    Ce cru 2021 a par ailleurs vu un Français, Florian Zeller, récompensé par deux Oscars. Celui du meilleur scénario adapté  (de sa propre pièce) pour The Father. Anthony Hopkins y incarne un vieil homme sombrant dans la démence. Il a été oscarisé pour son interprétation de ce rôle écrit pour lui.

    D’autres longs métrages sont été récompensés par deux Oscars (moins importants) à l’image de Judas And The Black Messiah (meilleur second rôle masculin pour Danial Kayulaa et meilleure chanson), ainsi que Mank, (décor et photo), et Le Blues de Ma Rainey (costumes et maquillage). Ces deux derniers sont des films Netflix. La plateforme a par ailleurs fait un flop avec Les Sept de Chicago, grand loser de la soirée en dépit de six nominations.. 

    Un mot encore sur l’Oscar du meilleur film étranger, attribué à Drunk, du Danois Thomas Vinterberg. Il met en scène quatre professeurs de lycée un rien déprimés qui décident de mettre  en pratique une théorie selon laquelle un taux d’alcool maintenu à 0,5g par litre améliore la vie. Sauf que comme on le sait, l’abus finit par nuire à la santé... Avec un excellent Mads Mikkelsen dans cette tragi-comédie. 

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