Je veux parler de « Looking for Eric », signé Ken Loach. C’est l’histoire d’Eric Bishop, un postier de Manchester profondément dépressif, qui pense avoir raté sa vie. Il faut dire qu’il vit un petit enfer avec ses deux beaux-fils voyous et traficoteurs, et qu’il ne se remet pas d’une séparation avec la femme qu’il adorait. Même ses collègues n’arrivent pas à le dérider. Alors un soir, le petit Eric s’adresse, par poster géant interposé, à Cantona, son idole. Et lui demande ce que ferait à sa place l’ex-coqueluche de Manchester United.
Cannes dans Chassé-Croisette - Page 31
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"Je ne suis pas un homme, je suis Cantona"
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Lars von Trier fait flotter une odeur de scandale sur la Croisette avec « Antichrist »
« Il a perdu les pédales… Cette fois, il a franchi la limite… Il faut être un pervers pour aimer ça…L’art n’excuse pas tout… » Il flottait comme une odeur de scandale à l’issue de la projection d’ «Antichrist », pendant laquelle les rires nerveux le disputaient aux sifflets. Ce qui n’empêche pas certains de crier au chef-d’œuvre, évidemment. Ca aurait pu être le cas d’ailleurs, un sublime prologue ouvrant l’œuvre divisée en chapitres. Avec des gros plans au ralenti et en noir et blanc sur un couple (Charlotte Gainsbourg et Willem Dafoe, uniques protagonistes ) faisant l’amour. Et puis, alors qu’ils atteignent la jouissance, leur enfant tombe par la fenêtre.
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Vous avez dit jubilatoire? Vous avez raison.
Heureusement, côté film noir, j’ai vu beaucoup mieux avec Jacques Audiard et «Un prophète», qui se passe dans le milieu pénitentiaire et raconte l’ascension criminelle de Malik, un jeune Arabe orphelin et analphabète, condamné à six ans. Tombé sous la coupe du vieux César, redoutable parrain corse qui règne sur les lieux avec potes, Malik a le choix entre plier, crever, ou faire marcher ses petites cellules grises…
Film transgenre aux accents oniriques «Un prophète» traite l’univers carcéral comme une métaphore de la société. «Dehors, dedans, finalement c’est pareil» remarque le réalisateur. «On apprend aussi à l’intérieur des choses qui peuvent vous servir à l’extérieur». Jacques Audiard, saute avec talent tous les obstacles. Il évite les clichés, la dénonciation, le côté documentaire en allant vers le fait de société et l’image de la prison créée par la série américaine.