Le jury va-t-il ou non briser le cœur de Pedro Almodovar? (20/05/2009)
Il y en a qui prédisaient un Cannes beaucoup moins paillettes que d’habitude. De quoi enfin bronzer sur un transat pour prouver en rentrant que j’y étais vraiment allée, sur la Croisette! Que dalle. Les stars se bousculent, rendant chaque jour plus dure la vie du festivalier, qui court comme un dératé.
Ce qui le fait en plus grossir, vu qu’il enfourne sur le pouce des sandwiches et autres cochonneries pleines de gras, entre les articles, les projections, les interviews et des conférences de presse plus courues que le marathon de New York.
Comme celle de Pedro Almodovar de retour à Cannes avec «Etreintes brisées». Un brillant mélodrame noir, qui navigue entre un passé vieux d’une quinzaine d’années et le présent. Révélant, au fil d’une intrigue à suspense, dans quelles circonstances un réalisateur, Mateo Blanco, tombé éperdument amoureux de son héroïne, en l’occurrence la maîtresse de son producteur millionnaire, est devenu aveugle. La punition surprême pour le cinéaste, qui vit et écrit désormais sous son pseudonyme, Harry Caine. Un personnage qui peut d’ailleurs refléter les propres angoisses d’Almodovar. (photo EPA/IAN LANGSDON)
Mais au-delà du symbole, «Etreintes brisées», porté par la lumineuse Penélope Cruz, raconte surtout l’histoire d’une folle passion, sur fond de fatalité, de jalousie, de trahison. A la manière des Sirk, Bunuel, Hitchcock ou Rossellini, des maîtres auxquels l’Espagnol rend hommage. Sans oublier de s’autociter avec un film dans le film, où il reprend une séquence entière de Femmes au bord de la crise de nerfs. Et du moment que j’en parle, j’en profite pour vous confirmer que la Fox développe actuellement un pilote pour une série autour de la chose. Et le 10 juin, Pedro part à New York pour assister à une adaptation musicale à Broadway.
Mais revenons-en aux étreintes. Les fans dont je suis adorent. Les esprits chagrins, eux, chipotent, reprochant au metteur en scène espagnol de tourner en rond dans son univers alors qu’il avait promis d’en conquérir de nouveaux. Et de continuer à trop privilégier les rôles de femmes, fortes de surcroît, au détriment de ceux des mâles, souvent faibles par ailleurs. «Cette fois-ci je trouve qu’il y a beaucoup plus de parité que dans mes autres films», a rétorqué le metteur en scène. Ajoutant que les choses allaient encore changer. «Jusqu’ici les personnages masculins m’intimidaient. Ce n’est plus le cas et vous en verrez davantage à l’avenir.»
A suivre...
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