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  • Grand écran: Golshifteh Faharani, psy hors du commun dans "Un divan à Tunis"

    phpThumb_generated_thumbnail.jpgPsychanalyste à Paris pendant dix ans, Selma (magnifique Golshifteh Faharani) décide de rentrer à Tunis et ouvre un cabinet dans une banlieue populaire. Après des décennies d’une dictature qui avait plongé le pays dans le chaos entre crise économique, islamisme et terrorisme, la révolution a rendu le pays bavard. Et la demande de libérer la parole est désormais forte.

    La cigarette au bec, Selma détone avec son abondante chevelure bouclée et ses tatouages. Aux prises avec certains de ses proches qui tentent de la décourager, elle connaît des débuts épiques, tandis que s’allongent sur le divan des personnages pour le moins excentriques.

    Ils vont du parano certain d’être surveillé par le Mossad au gay inquiet de voir Poutine dans des rêves érotiques dominés jusque-là par des dictateurs arabes, en passant par le client confondant une séance sérieuse sur canapé avec une prestation tarifée.

    Selma ne commence pas moins à trouver ses marques entre une mère de famille voilée et un iman qui doute. Mais, catastrophe, découvre qu’il lui manque une autorisation indispensable pour continuer à rester à l’écoute de ses patients en souffrance. Elle se trouve alors en butte à de redoutables problèmes administratifs et doit en plus affronter un policier aussi tatillon que sensible à son charme.

    Portrait d’une femme et d'un pays en reconstruction

    Un divan à Tunis est signé Manele Labidi, qui explore ainsi la psyché des Tunisiens. Désireuse d’offrir un regard différent, elle propose, dans son premier long métrage où elle dessine à la fois le portrait d’une femme et d’un pays en reconstruction, une comédie à l’italienne bien rythmée, attachante. En dépit de quelques maladresses scénaristiques, de situations parfois caricaturales, la réalisatrice séduit par sa manière de traiter de sujets socio-politiques graves avec humour et impertinence.

    Mais la réussite du film tient surtout à son interprète principale, cette psy hors du commun incarnée par la sublime et solaire Golshifteh Faharani. La charismatique Iranienne exilée en France porte non seulement le divan sur ses épaules si l’on ose dire, mais alimente et enrichit son personnage par son propre parcours de vie.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 12 février.

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  • Grand écran: "Adoration", l'éloge de l'amour fou

    hq720.jpgAvec Adoration, le Belge Fabrice du Welz conclut une trilogie ardennaise commencée avec Calvaire en 2004 et poursuivie avec Alleluia en 2014. Dans ce dernier volet, conte initiatique noir et cruel flirtant avec le thriller psychologique et le fantastique, on découvre tout d'abord Paul, garçon solitaire, timide et un rien simplet. Passionné par les oiseaux, il les recueille et les soigne quand ils sont blessés.

    Un jour, près de la clinique psychiatrique isolée où travaille sa mère, jalouse et possessive, il rencontre Gloria, une fille de son âge récemment internée par son oncle. Il tombe follement amoureux au premier regard de cette adolescente étrange et solaire, au comportement schizophrène.

    Elle est déterminée à quitter cet hôpital où elle se sent prisonnière. Influençable, sous emprise, envahi d’émotions et de sentiments inconnus, Paul décide de s’enfuir avec elle, loin du monde, pour eux perverti, des adultes. Mais leur échappée ne tarde pas à virer à la cavale fatale, la maladie de Gloria reprenant le dessus.

    Pour incarner ces deux êtres, il fallait des comédiens à la hauteur. Le formidable Thomas Gioria, découvert dans Jusqu’à de la garde se révèle à nouveau parfait, tout comme Fantine Harduin, aussi remarquable qu’imprévisible, troublante et dangereuse dans cet éloge déroutant de l’amour fou, quête de l’absolu empreinte de violence, de sensibilité, d’onirisme, de cauchemar et de poésie. A signaler la présence d’un touchant et désabusé Benoît Poelvoorde dans le dernier tiers du métrage.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 5 février.

     

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  • Grand écran: film à procès intrigant, "La fille au bracelet" révèle une actrice, Melissa Guers

    1148017.jpgLise, une adolescente de 16 ans, passe l’après-midi à la plage avec son père, sa mère et son petit frère. Un moment troublé par le débarquement de trois hommes, dont deux gendarmes qui emmènent Lise après une curieuse discussion qu’on n’entend pas.

    On s'interroge avant de la retrouver deux ans plus tard. Elle vit dans un quartier résidentiel, vient d'avoir son bac. Mais elle est en liberté surveillée et porte un bracelet électronique, car elle est accusée d'avoir assassiné sa meilleure amie.

    Son procès va commencer et c’est au cours de celui-ci que seront énoncés les faits du crime, sordide. Tout semble accabler Lise. Sa nuit passée chez la victime après une fête, la seule présence de ses empreintes génétiques sur le corps de cette dernière, l’absence de l’arme. Mais ce n'est pas l'essentiel...

    Pour La fille au bracelet, Stéphane Demoustier, s’inspire du scénario d’Acusada, de l’Argentin Gonzalo Tobal. La comparaison s'arrête là. Au spectaculaire et aux effets de manches, le réalisateur français privilégie l’épure, les joutes verbales entre la procureure et l’avocat de la défense.

    Contrairement à son collègue sud-américain, il adopte le point de vue de ceux qui entourent Lise et ses proches, évoquant les conséquences du procès sur la famille, dont le noyau sera brisé. A travers ce fait divers où il aborde par ailleurs les mœurs de la jeunesse actuelle, le sexe "pour se faire du bien", sans émotions ou sentiments, le passage banalisé d’un partenaire à un autre, il montre surtout le fossé entre les générations. C’est ici que se situe l’enjeu principal.

    L'incompréhension, la méconnaissance qui mènent à la complexité des relations entre parents et enfants sont symbolisées par le mystère qui entoure Lise, coupable ou non, son mutisme, son visage impénétrable, son manque de justification et d’implication, en dépit de ce que cela pourrait lui coûter.

    En choisissant Melissa Guers pour incarner l’adolescente, Stéphane Demoustier révèle une actrice. Elle est à la fois secrète, intense, intrigante, déconcertante de naturel. Ses parents sont incarnés par Roschdy Zem et Chiara Mastroianni. La sœur du réalisateur, Anaïs Demoustier, a elle enfilé le costume de la jeune procureure. Elle est en-dessous de l’excellente prestation d’Annie Mercier, dans le rôle de l’avocate nettement plus âgée. Mais c’est paradoxalement d’elle que Lise se sent le plus proche.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès le 5 février.

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