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  • Grand écran: "You Will Die At 20", Grand Prix du Festival de Fribourg

    And_when_do_I_sleep_Film_banner_1558x867-1200x668.jpgCoronavirus oblige, la 34e édition du Festival international de films de Fribourg (FIFF) a été annulée. Le FIFF a néanmoins pu maintenir, grâce à l’engagement de tous ceux qui oeuvrent chaque année à sa réussite, l’attribution de ses trois prix principaux. Après visionnement et délibération par vidéo conférence des jurys confinés aux quatre coins du monde, le palmarès a été dévoilé dimanche 29 mars. Il célèbre un cinéma révélant une jeunesse porteuse d’espoir et de changement.

    Les jurés ont ainsi décerné leur Grand Prix à You Will Die at 20 (Tu mourras à 20 ans) du Soudanais Amjad Abu Alala, leur Prix Spécial à Los Lobos du Mexicain Samuel Kishi Leopo et le Prix du meilleur court métrage à Asho de l’Iranien Jafar Najafi.

    Grand vainqueur, You Will Die At 20, qui avait déjà gagné le Lion du futur à la Mostra de Venise en septembre 2019, est un premier long métrage. C’est lors de la cérémonie de baptème de son fils, Mozamil, que la terrible prédiction s’abat sur les parents, Sakina et Alnoor. Leur enfant mourra à 20 ans. Terrassé le père s’exile pour de longues années, tandis que la mère, portant tout le poids de ce funeste augure, surprotège Mozamil en le gardant jalousement à la maison.

    Il finira par sortir de cet isolement en fréquentant l’école coranique. « Fils de la mort », il est souvent harcelé et tyrannisé par certains de ses petits camarades. Une situation semblant aller de pair avec un destin qu’il accepte avec une docilité entretenue par le refus des autorités religieuses d’annuler la prédiction. Jusqu’au jour où, approchant de la date fatidique, il rencontre un ancien cameraman rentré au village et tombe amoureux de la jolie Naîma…

    Un film prometteur en forme de conte de fées à suspense au sous-texte politique, mêlant le rêve et la réalité. En dépit d’une indéniable qualité d’images et de bons acteurs, on regrettera le manque de rythme, même s’il traduit en quelque sorte l’absence de révolte de Mozamil.

    Le festival se poursuit à la maison pour les intéressés. Plusieurs films de la sélection sont proposés en streaming. You Will Die At 20 peut se louer sur la plateforme suisse de trigon-film, filmingo.ch, tandis qu’un métrage kazakh Atbal’s Fight est disponible sur cinefile.ch. De son côté Festival Scope donne à voir une dizaine de longs et courts métrages des compétitions internationales, dès aujourd’hui et jusqu’au 19 avril. Enfin, des séances spéciales lors d’autres festivals et événements ponctuels auront lieu d’ici à la 35e édition, qui se tiendra du 19 au 27 mars 20121.

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  • Grand écran: "La bonne épouse", laborieuse comédie féministe aux couleurs pop

    labonneepouse.jpgTenir sa maison avec abnégation, se plier au devoir conjugal sans moufter, ne jamais se laisser aller, veiller à l’économie, bref respecter les piliers indispensables pour devenir des épouses et des mères parfaitement soumises, le rêve de l’homme: c’est ce qu’enseigne Paulette Van der Beck (Juliette Binoche) dans l’école ménagère qu’elle dirige avec son mari (François Berléand) en Alsace.

    Mais on approche de Mai 68. L’école est moins fréquentée, les mœurs changent, les jeunes filles s’émancipent, se montrant moins enthousiastes à l’idée de devenir d’irréprochables femmes au foyer cantonnées dans des situations subalternes, sans ressources financières, totalement dépendantes du bon vouloir de leur mari. Avec cette révolution qui s'annonce, les certitudes de Paulette vacillent. D’autant plus lorsque veuve et ruinée, elle s’abandonnera tardivement à un amour de jeunesse (Edouard Baer) longtemps éconduit. Des scènes qui confinent au pathétique.

    A l’image du film dans son ensemble, malheureusement. Car Martin Provost, réalisateur si apprécié et délicat de Séraphine et Violette, se complaît, en voulant rendre hommage aux femmes, dans une comédie caricaturale pour rappeler laborieusement l’histoire de leur émancipation. Grossissant outrancièrement le trait, il enfile dès lors les clichés comme des perles, tout en évoquant quelques stars d’alors, Adamo, Guy Lux, ou Joe Dassin pour nous mettre dans l’ambiance.

    On oublie aussi les ridicules François Berléand et Edouard Baer. C'est un peu mieux côté comédiennes, mais on n’atteint pas des sommets. Dans cet univers aux couleurs pop, Martin Provost a confié le rôle principal à Juliette Binoche, qu’on retrouve , dans les deux tiers de l'opus, en bourgeoise coincée faussement chic, boudinée dans son tailleur rose.

    Elle est secondée par sa belle-soeur (Yolande Moreau), vieille fille brindezingue qui rêve au prince charmant et découpe brutalement les volailles façon Maïté dans la fameuse émission télévisée que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître: La cuisine des mousquetaires, Ainsi que par une religieuse (Noémie Lvovsky), acerbe et autoritaire avant de céder elle aussi au vent de liberté qui souffle en ce printemps prometteur...

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 11 mars.

     

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  • Grand écran: "Benni", portrait saisissant d'une petite fille violente et sauvage

    illustration-cine-debat-benni_1-1572348682.jpgBlonde, les yeux bleus, la peau diaphane, elle  aurait pu avoir tout d'un ange.  Mais Benni (Helena Zengel) est une fille de neuf ans sauvage, dangereuse. Elle se bat violemment avec les enfants qui ne la comprennent pas et elle fait peur aux adultes. Traumatisée toute petite, ne supportant pas qu’on lui touche le visage, elle est sujette à des crises de panique qui la mettent dans des colères noires et la rendent terriblement agressive. Elle devient alors ingérable.

    Benni est prise en charge par les services sociaux et médicaux, mais tout ce qu’elle veut, c’est retourner vivre chez sa mère, célibataire, qu’elle adore. Fragile, instable avec deux enfants plus jeunes à élever de surcroît, celle-ci, incapable de s’occuper de Benni, se voit forcée de l’abandonner. Ce qui n’est pas de nature à calmer la rage de sa fille.

    Madame Bafané, directrice de centre et Micha, éducateur spécialisé dans les ados à problèmes, tous deux manifestant une rare bienveillance doublée d’une patience à toute épreuve, prêts même à enfreindre le protocole pour le bien de Benni, tentent de lui trouver un cadre bénéfique.

    En vain. Refusée par de nombreuses familles d’accueil, la gamine se voit également expulsée de tous les foyers où elle est placée, personne ne résistant à ses explosions de fureur. Benni a besoin de beaucoup plus de soutien que le système actuel a à lui offrir. Le titre original, System Crasher/Systemspenger, exprime parfaitement cette impuissance, cette désolante absence de solution à long terme.

    Au-delà du portrait saisissant de la fillette irrécupérable, le premier long métrage de Nora Fingscheidt est aussi un hommage au dévouement et l’empathie sans faille des travailleurs sociaux, symbolisés par Madame Bafané et Micha.

    La réalisatrice allemande met par ailleurs les nerfs et les oreilles des spectateurs à rude épreuve pendant deux heures. A chaque fois qu’un élément positif semble se dessiner, comme la belle relation qui s’installe entre Benni et Micha, c’est un nouvel échec avec un brutal et frustrant retour en arrière.

    Ce drame social pédagogique, émouvant, au scénario intelligent, très éclairant sur la pathologie dont souffre Benni, est porté de bout en bout par la jeune Helena Zengler, qui livre une prestation impressionnante. Les rôles secondaires de l’assistante sociale, de l’éducateur et de la mère sont eux aussi très convaincants.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 11 mars.

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