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  • Grand écran: "Gaspard va au mariage", une comédie joyeusement zinzin, à l'image de ses comédiens

    0778673.jpgAprès l’avoir fuie pendant des années, Gaspard (Félix Moati), 25 ans renoue avec sa famille à l’occasion du remariage de son père. Il est accompagné de la fantasque Laura (Laetitia Dosch) qu’il vient de rencontrer dans des circonstances loufoques augurant bien de la suite. Contre une modique rémunération, elle accepte de jouer sa petite amie le temps de la noce.

    Gaspard retrouve donc le zoo paternel où il a grandi, entre une mère disparue trop tôt, un père cavaleur, sa sœur Coline (Christa Théret) dont il est amoureux. Et vice-versa, une relation ambiguë, qui ne paraît pas poser de problème. Sans oublier un frère (Guillaume Gouix) si sérieux et responsable qu’il en paraît lui aussi hors norme.

    Antony Cordier propose un film barré découpé en quatre parties (La petite amie imaginaire, L’homme d’une seule femme, Celle qui mange des racines, Épilogue), permettant ainsi de donner à chacun des protagonistes principaux une partition égale, en évoquant les jours qui précèdent le mariage.

    A commencer par Laura qui découvre ces curieux bipèdes évoluant parmi les animaux. A l’image de l’excentrique Coline recouverte d’une peau d’ours, et qui se fie avant tout à son odorat pour reconnaître celle sur le point de lui prendre son frère adoré.

    Tout cela donne une comédie romantique chorale atypique, farfelue, fantaisiste, sensuelle mélancolique, joyeusement zinzin. A l’image des différents personnages extravagants qui composent cette famille au fonctionnement équivoque, bizarroïde.

    Il nous vaut des scènes cocasses, dont l'une à vocation quasiment culte, où Max (Johan Heldenbergh), le père de famille, alias le roi des animaux, a une façon des plus singulières de soigner son eczéma prénuptial en s’immergeant tout nu dans un aquarium peuplé de petits poissons suceurs de peaux mortes…

    Un univers tenant de la bulle magique

    Antony Cordier nous brosse leur portrait à l’intérieur du zoo, un univers tenant de la bulle magique protégeant ses habitants de l'extérieur, qu’ils ne quittent pratiquement pas durant tout le film. Mais leur rêve finit par se heurter à une réalité financièrement dramatique, dans ce conte en forme de récit d’apprentissage qui raconte le temps qui passe, la fin d’un monde, l’arrachement à la famille, l’adieu au paradis perdu, à l’enfance.

    Le film est porté par une brochette d’excellents acteurs déjà cités à laquelle on ajoutera Marina Fois en future éventuelle mariée... On regrettera juste un peu une Laetitia Dosch (trop) fidèle à elle-même en nous livrant presque un copié-collé de son rôle dans Jeune femme. Mais c’est une réserve mineure.

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 2 mai.

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  • Grand écran: "Otages à Entebbe", laborieux remake avec Rosamund Pike et Daniel Brühl

    60cfec97da84ec3379815b1405169.jpgA l’époque l’affaire avait tenu la planète en haleine. On ne peut pas en dire autant de son adaptation à l’écran par le Brésilien José Padiha, spécialisé dans le cinéma d’action, Ours d’or à Berlin en 2007 pour Troupe d’élite et notamment auteur d’un remake de Robocop.

    Le 27 juin 1976, un avion d’Air France devant relier Tel-Aviv à Paris est pris en otages avec ses 239 passagers dont 83 Israéliens par deux terroristes allemands, Brigitte Kuhlmann et Wilfried Böse et deux complices palestiniens voulant exposer leur lutte au monde.

    L’appareil est d’abord détourné sur la Libye pour faire le plein de carburant, puis sur l’ancien terminal d’Entebbe en Ouganda. Les pirates sont de mèche avec le dictateur sanguinaire Idi Amine Dada, qui espère se refaire une beauté sur la scène internationale en cas d’une intervention d’urgence.

    Les ravisseurs sont prêts à tuer pour récupérer des révolutionnaires et des prisonniers pro-palestiniens. Le gouvernement israélien présidé par Yitzak Rabin mais poussé par Shimon Peres ministre de la Défense, organise alors, dans la nuit du 3 au 4 juillet, la libération des otages encore retenus. Tous les ravisseurs sont tués dans ce qui deviendra Le Raid d’Entebbe aussi connu sous le nom d’Opération Tonnerre. Une prouesse de l’Etat hébreu  saluée par la plupart des pays occidentaux.

    Il y a déjà eu quatre versions cinématographiques et télévisuelles à chaud, mettant en scène cette célèbre intervention. Même si le terrorisme est toujours d’actualité et que le conflit israélo-palestinien n’est toujours pas réglé, on ne voit guère l’intérêt de cette nouvelle reconstitution. Car à moins de vouloir éventuellement faire connaître la réalité de cet événement guerrier spectaculaire à ceux qui l’ignoreraient, le film pèche à tous les étages.

    Avec Otages à Entebbe, Jose Padiha livre une réalisation plate, sans perspective, sans regard, sans innovation. Se penchant sur des cas de conscience et des états d’âmes des protagonistes, il se contente de relayer les faits dans une approche consensuelle de son sujet avec une vision schématique des terroristes et où on ne sent guère le poids de l’Histoire. Qu’il a de surcroît tendance à réécrire.

    Des séquences de danse plombantes

    Mais surtout, entre les demandes de rançon au sein du cabinet israélien, le débat entre Rabin et Peres, les scènes d’action, l’auteur a cru bon d’insérer une chorégraphie du fameux Ohad Naharin, sur laquelle s’ouvre d’ailleurs l’opus, et que ponctuent des extraits jusqu’au final. Un ajout artistique en forme de grand écart plombant, incongru et particulièrement malvenu, surtout lorsque des spectateurs applaudissent follement «la danse des chaises» au cours de l’assaut !

    Restent les comédiens qui font ce qu’ils peuvent. Daniel Brühl (alias Böse qui mérite bien son nom...) ne s’en sort pas trop mal, mais on est moins convaincu par Rosamund Pike, sorte d’Ulrike Meinhof impitoyable made in England en l'occurrence. On passe sur les interprètes fadasses de Rabin et Peres. Quant à Nonso Anozie, il campe un Amin Dada d’opérette, sinon de BD, parfaitement ridicule. Enfin on préfère Denis Menochet en père inquiétant réclamant la garde de son fils, qu’en réconfortant et serein mécanicien de bord. Même doté d'un sang-froid et d'un courage à toute épreuve. 

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 2 mai.

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  • Grand écran: "Lean On Pete", l'errance d'un ado en quête hasardeuse d'un foyer. Emouvant

    leononpete.jpg.jpgCharley Thompson (Charlie Plummer) est un garçon de quinze ans qui vit seul avec  un père inconstant, immature et négligent. Il a besoin d’argent,  trouve un petit boulot temporaire chez un vieil entraîneur de chevaux revêche et se  prend d’affection pour Lean On Pete, un pur-sang fourbu promis à l’abattoir. Comme il ne peut pas l’admettre, il l’enlève et s’enfuit avec lui à la recherche d’une tante dont il garde un assez lointain souvenir. 

    S’aventurant hors des sentiers battus hollywoodiens, le cinéaste britannique Andrew Haigh filme avec sensibilité, justesse, délicatesse et sobriété l’errance d’un ado. Complètement livré à lui-même à la mort de son père, il est singulièrement déterminé dans la quête d’un nouveau foyer en compagnie de son cheval. Une quête hasardeuse dans la mesure où plane constamment sur eux la menace diffuse du danger. Rendant presque paradoxalement haletant cet opus lent et contemplatif. 

    Fidèlement adaptée d’un roman, la balade se révèle aussi cruelle et mélancolique sur fonds de grands espaces. Un cheminement au cours duquel le jeune Charley rencontre des oubliés de l’Amérique, des laissés pour compte, des êtres en marge, des âmes perdues. Mais en évitant tout pathos,

    En dépit de quelques petites incohérences dans ce récit initiatique à la Gus Van Sant,  Lean On Pete (La route sauvage en français) séduit par l’émotion, la poésie qui se dégage du portrait de ce doux adolescent à fleur de peau parfois sujet à la violence, et sur qui se concentre principalement l’auteur.

    Oscillant entre l’attente et le découragement, l’optimisme et la douleur, il est formidablement interprété par le charismatique Charlie Plummer, 18 ans, qui nous communique son obstination à s’en sortir. Croisement entre Leonardo Di Caprio et River Phoenix, il avait logiquement reçu le prix du meilleur espoir à la Mostra de Venise

    On signalera dans les rôles se secondaires Steve Buscemi, excellent en entraîneur ronchon, coriace, voire impitoyable. Et dans celui du jockey, Chloe Sevigny  aussi dure à cuire et ambiguë que le boss. Apparemment, du moins.

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 2 mai.

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