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  • Grand écran: avec "Une vie", Stéphane Brizé revisite Maupassant

    aaabrize.jpgNous sommes en Normandie, en 1819. Après ses études au couvent, Jeanne Le Perthuis des Vauds, revient dans le château familial avec des rêves plein la tête. Insouciante elle passe ses journées à lire ou à s'occuper du jardin en compagnie de son père, rousseauiste à l'esprit libre et ouvert, tout comme sa mère.

    Mais le baron et la baronne sont aussi très protecteurs. Jeanne, réticente à quitter l’enfance, n’est donc guère préparée à une existence d’adulte quand elle tombe amoureuse de Julien Lamare, le beau vicomte du coin, qui semble partager ses sentiments.

    Hélas, après une nuit de noces désastreuse, le prince charmant ne tarde pas à révéler sa vraie personnalité. Impénitent coureur de jupons, ce vil séducteur est aussi avare, brutal et vaniteux. Les illusions de la jeune femme bafouée, incapable de faire face à la réalité, laissent peu à peu place à la souffrance qui l'envahit. Elle se cloître dans la solitude... 

    Une vie, mélodrame subtil adapté du premier roman de Guy de Maupassant, est signé Stéphane Brizé qui, avec La loi du marché avait permis à Vincent Lindon d’être sacré meilleur acteur à Cannes l’an dernier. Présenté en format carré pour mieux traduire l’enfermement de son héroïne, il a été tourné sur plusieurs saisons.

    Il montre la métamorphose de la nature et le vieillissement des corps, donnant ainsi une sensation plus forte du temps, constitutif du roman et auquel le réalisateur se confronte. Il utilise également beaucoup l’ellipse, pour traduire un présent continuellement habité, nourri par le passé.

    abrize.jpgRencontré à Genève, Stéphane Brizé avoue que son désir de faire le film datait de plus de 20 ans. "Je relisais régulièrement le livre, en me disant parfois qu’il ne fallait pas satisfaire mes fantasmes". Jusqu’en 2012 où, à l’issue de Quelques heures de printemps évoquant le choix de mettre fin à ses jours, il s’attaque avec audace à ce monument de la littérature française. Avec l’impression que Maupassant le défiait. "Tu voulais faire le malin, regarde comme c’est dur…"

    Le difficile deuil du paradis de l'enfance

    Le cinéaste avoue une attirance particulière pour le personnage de Jeanne dans la mesure où, à son image, il a éprouvé du mal à faire le deuil du paradis de l’enfance. "Elle y reste attachée, comme à son rapport simple au monde. L'idée trop idéale qu’elle en a ne peut cohabiter avec la tragédie. De plus il y a quelque chose de perturbant dans son immense foi en l’homme, ressemblant à celle qu’elle éprouve envers la nature".

    Pour l’incarner, Stéphane Brizé a choisi la lumineuse Judith Chemla. "Je voulais un être intense croyant à la beauté, à la vérité, à la pureté". Elle est notamment entourée de Jean-Pierre Darroussin et Yolande Moreau, a priori peu évidents en baron et baronne. A priori seulement, car selon Stéphane Brizé ils portent en eux un raffinement bien qu’issus de milieux modestes. "Ils forment certes là un couple singulier, mais cohérent et en avance sur son époque".

    A l’affiche sans les salles de Suisse romande dès mercredi 23 novembre.

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  • Masters de Londres: et dire qu'il suffisait à Wawrinka de battre Murray en deux sets!!!

    awaw.jpgOpposé d’entrée de jeu au Japonais Nishikori à Londres, Wawrinka avait concocté un plan en trois points pour le terrasser: le faire reculer, se montrer offensif et lui imposer une vraie bataille physique. D'enfer, la stratégie. C’était compter sans la résistance de l’opiniâtre Nippon qui, plus agressif que jamais, balayait impitoyablement le Suisse en deux petits sets.

    Celui-ci n’en faisait pas moins le coq au sein de sa poule. Ce n’est pas la première fois que je perds mon premier match, plastronnait-il, rappelant qu’il s’était incliné sur un score semblable face à Nadal l’an dernier, pour se retrouver malgré tout en demi-finale. Et il semblait reparti sur la même voie en se débarrassant de Marin Cilic lors de son second duel.  

    Stan The Man avait donc son destin entre ses mains. Il lui suffisait de battre... Murray en…deux sets pour rallier le dernier carré. Une paille, du moins pour le duo de choc Droz-Rosset qui l’imaginait largement capable de remplir ce mandat, les grandes occasions ayant tendance à le galvaniser. La preuve, n’avait-t-il pas remporté l’US Open haut la main deux mois auparavant?

    Nos comiques oubliaient hélas que l'Helvète n’a rien produit ensuite, à l'inverse de ce brave Murray qui, après s'être un peu emmêlé les pinceaux à New York, a pratiquement tout raflé depuis sa victoire à Wimbledon. Mais nos deux aficionados n'allaient pas se laisser décourager pour si peu. L'espoir chevillé au corps, ils tentaient vaillamment de maintenir un suspense inexistant dès le break fatal de la belette écossaise dans le septième jeu de la manche initiale.

    Et il a fallu que le malheureux Wawrinka soit mené 4-0 dans la deuxième pour que Pascal Droz consente enfin à lâcher d’une voix résignée cette phrase inénarrable: la qualification semble s’échapper pour le Vaudois… Un tel art du pronostic, franchement ça décoiffe! En attendant, le cuisant échec de Stanimal lui a déjà fait perdre sa troisième place au profit du bombardier Raonic. Et il pourrait également paumer la quatrième si d’aventure Nishikori parvenait à éliminer Djokovic.

    afederer.jpgJe ne serais pas contre une défaite de Dracula, notez. Elle l'empêcherait de boucler une nouvelle année sur le trône, freinant un chouïa son implacable marche vers les records de Federer.  D'autant que pour notre gloire nationale, les choses virent au cauchemar avec son futur dix-septième rang, au mieux, à l’entame de l’Open australien. Pire, le phénix risque de pointer au-delà du trentième à la fin janvier, au cas où il raterait sa rentrée. Terrible, une vision pareille. Je suis d’accord, elle est très loin de valoir celle, carrément apocalyptique, de Donald Trump dans le bureau ovale! Mais quand même ça pique les yeux…

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  • Grand écran:"The Man Who Knew Infinity" se penche sur la courte vie d'un génie des maths

    ainfinity.jpgLes mathématiques inspirent décidément les cinéastes. Après Une merveilleuse histoire du temps consacré à Stephen Hawking et Imitation Game évoquant Alan Turing, The Man Who Knew Infinity se penche sur la courte vie d’un génie autodidacte en la matière, Srinivasa Ramanujan, issu d’un milieu pauvre de Madras.

    A 25 ans, incompris dans son pays, sans travail et sans argent en dépit de ses théories révolutionnaires, il attire grâce à une lettre l’attention de Godfrey Harold Hardy, mathématicien de haut vol et professeur à Cambridge qui tombe sur ses calculs avant-gardistes. D’abord sceptique puis impressionné, il invite Ramanujan à le rejoindre en Angleterre pour y poursuivre ses travaux.

    Sacrifiant tout, sa famille et sa culture à son amour des nombres, celui-ci  s’embarque pour le Vieux Continent et y pose le pied alors qu’éclate la Première Guerre mondiale. Il est à la fois victime du racisme de la société anglaise de l’époque et du manque total d'empathie de G.H. Hardy. Athée corseté, ce dernier exige constamment des preuves du fonctionnement de ses formules, tandis que Ramanujan affirme tenir son inspiration de Dieu.

    A force d’acharnement et de persévérance, Ramanujan deviendra un des plus grands mathématiciens de notre temps, une légende qui sera enfin saluée par ses pairs. Tombé malade, il mourra hélas à 32 ans, après avoir regagné l’Inde en 1919.

    The Man Who Knew Infinity, signé du cinéaste britannique Matt Brown, s'inspire de la biographie éponyme de Robert Kanigel. Il est remarquablement interprété par ses deux comédiens principaux. Découvert dans Slumdog Millionaire, Dev Patel (photo), à la fois enfantin, exalté et fiévreux, se révèle parfait dans le rôle du fascinant scientifique. A l’image de Jeremy Irons, dans celui du mentor froid, cérébral et distant. Mais qui finira par laisser percer son humanité sous son flegme british. 

    Tous deux contribuent fortement, un petit exploit, à intéresser à une histoire extraordinaire le pékin ordinaire. Peinant un tantinet à intégrer la substantifique moelle des notions complexes exposées, même vulgarisées selon ceux qui en possèdent de solides dans le domaine, le commun des mortels succombe en effet le plus souvent à l’émotion que dégage le film.

    Quelques bémols toutefois. D’abord en ce qui concerne une mise en scène hyper classique et convenue. Par ailleurs, on regrette une part trop longue laissée aux scènes indiennes mièvres, inutilement mélodramatiques, et du coup loin d’être à la hauteur de ce qui se passe à Cambridge, lieu semé d’embûches pour un héros avide de reconnaissance.

    A l’affiche à Genève, Ciné 17, depuis mercredi 9 novembre.

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