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  • Grand écran: Isabelle Huppert traque son violeur dans "Elle"

    ahuppert.jpgAbsent des écrans depuis The Black Book, en 2006, le réalisateur de Basic Instinct, qui avait mythifié Sharon Stone il y a vingt-quatre ans, revient donc avec Elle, son quinzième long-métrage, porté par une grande Isabelle Huppert.

    Adaptation de Oh, de Philippe Djian, il raconte l’histoire de Michèle, chef d’entreprise de jeux vidéo. Sans états d’âme, autoritaire, elle gère sa vie sentimentale et ses affaires d’une poigne de fer.

    Et puis un jour, elle se fait violer dans sa maison par un mystérieux agresseur cagoulé. Mais pas question de s'effondrer. Chassant le traumatisme, elle refuse résolument de subir. Après avoir commandé des sushis au lieu d’appeler la police, elle décide plus tard de traquer son violeur en retour. Un jeu glauque et dangereux va alors s’installer entre eux.

    De victime à prédatrice

    Pour incarner Michèle, une héroïne dont il aime la force et la personnalité complexe, Paul Verhoeven ne pouvait pas mieux choisir qu’Isabelle Huppert. Comme d’habitude elle est parfaite en bourgeoise mère d’un jeune home immature soumis à sa petite amie, divorcée d’un auteur raté, fille d’un assassin et d’une nymphomane à gigolo. Inébranlable, glaçante, vénéneuse, Michèle prend le contrôle, passant d’objet à sujet, de victime à prédatrice.

    Pour incarner Michèle, une héroïne dont il aime la force et la personnalité complexe, Paul Verhoeven ne pouvait pas mieux choisir qu’Isabelle Huppert. Comme d’habitude elle est parfaite en bourgeoise mère d’un jeune homme immature soumis à sa petite amie, divorcée d’un auteur raté, fille d’un assassin et d’une nymphomann

    Travaillant pour la première fois en France, le cinéaste a réuni un casting entièrement hexagonal. Autour de la grande Isabelle, on trouve Laurent Lafitte, Anne Consigny, Charles Berling. Sans oublier Virginie Efira dans un petit rôle, mais bluffante de crédibilité en grenouille de bénitier pas très catholique, se dissimulant derrière un sourire de façade.

    Un thriller noir peuplé de pervers névrosés

    Provocant, sulfureux, transgressif, attiré par la violence, l’amoralité et l’ambiguïté, Paul Verhoeven nous plonge dans une réalité dingue, malsaine, tordue, avec ce thriller noir, féroce, audacieux, où règnent sado-masochisme, vengeance et paranoïa de personnages pervers et névrosés.

    En compétition à Cannes, le réalisateur qui avait reçu une belle ovation de la presse et du public, n'a pas réussi à convaincre le jury. A l'image de beaucoup d'autres concurrents qui, comme lui auraient pu se retrouver au palmarès. De son côté Isabelle Huppert n'a pas eu l'occasion de remporter un troisième prix d'interprétation, écartée, comme quelques célèbres consoeurs, au profit de la Philippine Jaclyn Jose, héroine du film de Brillante Mendoza.

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 25 mai.

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  • Festival de Cannes: le militant Ken Loach remporte la Palme d'or avec "Moi, Daniel Blake"

    akenloach.jpgAlors que la critique unanime plébiscitait Toni Erdman, sa réalisatrice allemande Maren Ade est repartie les mains vides. Le jury présidé par George Miller a décerné la Palme d’or à Ken Loach pour Moi, Daniel Blake. Une deuxième après celle obtenue avec Le vent se lève en 2006.

    Un choix convenu qui n’étonne pas pour ce film militant. Beau, émouvant mais peu novateur, il se penche à son habitude sur la misère sociale, en suivant un menuisier chômeur et son parcours kafkaïen dans les arcanes de l’administration, pour obtenir l’aide sociale. Un choix politique qui se retrouve dans d’autres films primés.

    Dans son discours de remerciement, le réalisateur qui va fêter ses 80 printemps a notamment dit: "Ce monde dans lequel nous vivons se trouve dans une situation dangereuse.  Nous sommes à l‘orée d’un projet d’austérité conduit par des idées néolibérales qui risquent de nous mener à la catastrophe". Un autre monde est possible et même nécesssaire, a ajouté le cinéaste en mettant en garde contre le retour de l'extrême-droite.


    dolan.jpgLes larmes de Xavier Dolan

    Le Grand prix du jury est lui revenu à Xavier Dolan pour Juste la fin du monde, adapté d’une pièce de Jean-Luc Lagarce, mort du sida en 1995. Un jeune auteur à succès revient dans sa famille après 12 ans d’absence pour annoncer à ses proches qu’il va mourir.

    Aussi ému qu’il y a deux ans, l’enfant chéri de Cannes qui espérait sans doute toucher cette fois le Graal s’est laissé aller à verser quelques larmes. "Tout ce qu’on fait dans la vie, on le fait pour être aimé, pour être accepté. Toute ma vie je tournerai des films, aimé ou  non", a-il déclaré.

    Des prix d’interprétation dans le ton de la Palme

    Oubliant les Kristen Stewart, Isabelle Huppert, Marion Cotillard ou autres stars, le jury, restant dans le ton de la Palme, a choisi de donner son prix d’interprétation féminine à la Philippine Jaclin Jose, héroïne de Ma’Rosa de Brillante Mendoza. Mère de quatre enfants dans un quartier pauvre, elle est arrêtée par des policiers corrompus pour la revente de narcotiques divers.

    bhosseini.jpgPareil en ce qui concerne les garçons, alors qu'on imaginait Fabrice Luchini, Gaspard Ulliel, Shia LaBeouf, voire Adam Driver dans le rôle du meilleur acteur. Eh  bien c’est l’Iranien Shabah Hosseini qui a décroché la timbale dans Le client. Et son réalisateur a fait coup double en raflant le prix du scénario, en montrant un couple qui tente de retrouver une vie normale, après une agression subie par la jeune femme.

    Le prix du jury est allé à la Britannique Andrea Arnold pour l’électrique American Honey, brillant mais qui aurait gagné à être raccourci. Star, une adolescente quitte sa famille et rejoint une équipe qui fait du porte à porte en vendant des magazines.

    Enfin deux cinéastes se partagent ex-aequo le prix de la mise en sène , le Français Olivier Assayas avec Personal Shopper et le Roumain Cristian Mungiu avec Baccalauréat. Chez le premier Kristen Stewart fait les courses pour une vedette en attendant que se manifeste l’esprit de son frère récemment décédé. Le second se penche sur la corruption en Roumanie à travers les petites magouilles d’un médecin pour aider sa fille.

    Une excellente édition 2016

    Les  choix du jury sont évidemment déjà encensés ou décriés à mort.  Les réseaux sociaux s’en donnent en tout cas à  cœur joie dans un sens ou dans l’autre. Reste que dans cette compétition d’un excellent niveau, nettement plus élevé que celle de l’an dernier, il était difficile de dégager une incontestable Palme d’or, comme ce fut par exemple le cas il  a trois ans avec La vie d’Adèle.

    Prouvant une vitalité du cinéma qui s’est manifestée dans les sections parallèles, de nombreux concurrents pouvaient ainsi y prétendre. Outre Toni Erdmann, de Maren Ade, on pense à Elle de Paul Verhoeven, au sensuel Mademoiselle de Park Chan-Wook,  à l’irrésistible Ma Loute de Bruno Dumont , au radical Rester vertical d’Alain Guiraudie, à Paterson de Jim Jarmush. Et si Pedro Allmodovar (Julieta) ou Les frères Dardenne (La fille inconnue) étaient un poil en-dessous, il  n’y a eu qu’un seul véritable couac, le grotesque The Last Face de Sean Penn unanimement considéré comme le pire film du festival.

    acamdiv.jpgDivines remporte la caméra d’or

    Ce prix réservé à un premier film toutes sections confondues est allé à Divines de la Franco-Marocaine Houda Benyamina proposé à la Quinzaine des réalisateurs. Ce qui a poussé son auteur survolté à se lancer dans un show féministe peu banal, tout en remerciant le délégué général de la Quinzaine Edouard Waintrop qui l’a sélectionnée d’un "Je te dis Waintrop, t’as du clito!"

    Jean-Pierre Léaud à l'honneur

    On gardera pour la fin la Palme d'or d'honneur décernée à Jean-Pierre Léaud "né à Cannes en 1959", où il était venu pour la première fois avec Les quatre cents coups de François Truffaut. Cet acteur qui a tout donné au cinéma et à qui le public a réservé une longue standing ovation, était cette année à l'affiche de La Mort de Louis XIV. Un remarquable opus présenté hors compétition, mais qui aurait dû y être.

     

     

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  • Festival de Cannes: "Toni Erdmann" de l'Allemande Maren Ade a fait craquer les critiques, tous pays confondus

    erdmann.jpegDepuis sa projection, dans les premiers jours du festival, Toni Erdmann de l’Allemande Maren Ade est le grand favori de la critique, tous pays confondus. Et si sa réalisatrice gagnait la Palme d’or, pour cet opus formidablement interprété par Sandra Hüller et Peter Simonischek, ce serait la première fois qu’une femme la remporterait sans avoir à la partager.
     
    Cette comédie évoque l’intrusion d’un père, le farceur Winfried, alias Toni Erdmann, dans la vie très réglée de sa fille Inès. Femme d’affaires psychorigide de 37 ans travaillant dans une grande société allemande basée à Bucarest, sacrifiant tout à son boulot, elle ne supporte pas le moindre désordre.
     
    Autant dire que la working girl toujours impeccable dans ses tailleurs stricts, apprécie très moyennement la visite de ce paternel sexagénaire encombrant, adepte de coussins péteurs, prof de musique et clown dans des maisons de retraite. Et qui de surcroît déboule dans son univers de cols blancs affublé d’une horrible perruque et d’un dégoûtant dentier. Elle en a honte et le courant passe mal entre eux.  
     
    Toni prétend alors repartir pour l’Allemagne, mais en réalité il s’incruste et squatte des cocktails où se rend sa fille. Se prétendant consultant, à tu et à toi avec les grands de ce petit monde capitaliste, il donne la mesure de ses talents de guignol en multipliant les blagues douteuses, lourdes et ringardes. Non seulement ça marche, mais il exerce une curieuse fascination sur ceux qu’il mystifie. 
     
    Maren Ade se sert de ce bouffon déchaîné pour livrer une farce grinçante, très originale, mêlant à la satire sociale où elle se moque du pouvoir et de ses jeux vulgaires, un émouvant rapport père-fille. Elle imagine aussi des scènes irrésistibles. Dont celle déjà culte d’un brunch censé ressouder l’équipe d'Inès et où tout le monde doit arriver complètement nu. En dépit de toutes ses qualités faisant souffler un vent de renouveau sur le cinéma allemand  on reprochera à Maren Ade une tendance à la répétition, allongeant inutilement la durée de son film.  
     
     

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