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  • Cinéma: "Prisoners", un thriller psychologique haletant

    PC_130922_mw82r_prisoners-prisonniers_sn635[1].jpgLe drame se noue très vite dans une petite ville de Pennsylvanie, lorsque les Dover se rendent avec leurs deux enfants chez leurs amis Birch, eux aussi parents de gosses du même âge, pour fêter Thanksgiving. Parties s'amuser à l'extérieur, la petite Anna et son amie Joy, six ans, s'évanouisent dans la nature. 

    C’est l’affolement dans les deux familles, tandis que le détective Loki (Jake Gyllenhaal) est chargé de l’affaire. Il ne dispose que d’une seule piste, une camionnette blanche aperçue dans les parages au mement de la disparition. Son propriétaire Alex Jones, un attardé mental, est rapidement localisé, arrêté, interrogé, puis relâché faute de preuves.

    Mais Keller Dover (Hugh Jackman) le père d’Anna, est convaincu qu’il sait où sont les fillettes. Jouant les justiciers (photo), il l’enlève et le séquestre pensant lui faire avouer son crime et révéler où il a caché ses victimes vivantes ou mortes... Pendant ce temps Loki, qui lui ne croit pas à la culpabilité de Jones, continue d’enquêter sur les circonstances troubles du mystérieux rapt.

    Ce thriller psychologique signé du Québécois Denis Villeneuve, à qui l’on doit notamment l’ambitieux Incendies (2011)), n’est pas loin d’être parfait dans le genre, qu’il s’agisse de la mise en scène ou du scénario d’Aaron Guzikowski. D’une histoire de kidnapping a priori simple, le réalisateur construit un suspense complexe et haletant, où l’intrigue ne cesse de rebondir à chaque fois qu’on croit s’approcher du dénouement.

    Pour autant rien de forcé, d’exagéré ou de caricatural dans cette sombre tragédie sous tension extrême qui confine à l’insoutenable dans certaines scènes et où les éléments s’emboîtent de façon crédible. En même temps, surfant sur l’ambiguïté morale et brassant des thèmes qui lui tiennent à cœur, Villeneuve oblige pose des questions dérangeantes sur la justice, la vengeance aveugle, la violence et sa justification qui transforment l’être humain en tortionnaire.

    Dans leurs rôles de prisonniers de la peur et de l'angoissse, les comédiens ne sont évidemment pas étrangers à la grande qualité de l’opus. A commencer par Hugh Jackman, excellent en père désespéré prêt au piure pour sauver sa fille, ou Jake Gyllenhaal, en flic décalé, pas comme les autres et passant par tous les états d’âme.

    Cette première incursion hollywoodienne n’a en tout cas pas laissé le public américain et canadien indifférent, Prisoners occupant la tête du box-office dès la fin de sa première semaine en salles. On évoque même un Oscar.

    Film à l'affiche dans les salles romandes dès mercredi 9 octobre. 

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  • Cinéma: "La Vie d'Adèle", un chef d'oeuvre entaché d'une vaine polémique

    3417754_6_f9d6_le-realisateur-franco-tunisien-abdellatif_7707ae00f353d4f4b8aaae343cddd052-530x353[1].jpgJe vous le disais déjà à l’issue de sa projection à Cannes, La vie d’Adèle-Chapitres 1 et 2 est un pur bonheur cinématographique, allié à l’émotion rare que procurent un auteur unique, Abellatif Kechiche, ainsi que des actrices sublimes, Léa Seydoux et Adèle Exarchopoulos. Cette dernière, la vraie star du film, s’était imposée comme la révélation de la Croisette en mai dernier.

    En osmose totale, elles nous racontent la plus belle et la plus bouleversante des histoires d’amour au féminin, nous emportant par leur spontanéité et leur naturel. Il n’est pas dès lors étonnant qu’elles aient partagé la Palme d’Or avec leur réalisateur. Du jamais vu pourtant.

    Mais ce chef d’œuvre est entaché d'une vaine polémique soulevée par les deux comédiennes. "Il ne devrait pas sortir, il a été trop sali. Je me suis senti déshonoré, humilié j’ai senti un rejet de ma personne que je vois comme une malédiction…"

    Il y a deux semaines, le 24 septembre, Abdellatif Kechiche répondait ainsi dans Télérama aux griefs et jérémiades de Léa Seydoux et Adèle Exarchopoulos. S’en prenant plutôt durement à la première, "née dans le coton", "pas capable d’entrer dans le rôle".

    Tout et son contraire de la part des "victimes"... 

    Et pour cause. Les deux actrices, plus particulièrement Léa Seydoux qui affirmait catégoriquement ne plus jamais vouloir travailler avec lui, dénonçaient dans un entretien au site américain Daily Beast les méthodes du "colérique" et "tyrannique" réalisateur, ses "cris", son "manque d’égards"  notamment dans les très difficiles scènes de sexe, bref des conditions "horribles" de tournage. A l’image des techniciens qui eux n’avaient pas attendus pour s’en ouvrir pareillement dans la presse dès le 23 mai.

    3416501_6_3639_le-realisateur-abdellatif-kechiche-et-l-actrice_57b161ad0fcfb5f916d75f6e25fb2619[1].jpgCertes les jeunes femmes n’ont pas eu l'outrecuidance de nier le talent de Kechiche, mais leurs récents propos contrastent singulièrement non seulement avec leur joie immense d’être couronnées le 26 mai, mais surtout leurs louanges envers le cinéaste lors de la conférence de presse à Cannes. Elles déclaraient alors lui avoir fait don total de leur personne, lui témoignant une confiance aveugle et une grosse envie de collaborer avec lui…

    Aujourd’hui elles tentent d’atténuer la portée de la controverse. Surtout Adèle Exarchopoulos. Ne voyant dans tout ça que des "conneries", elle prend désormais la défense de Kechiche, répétant en gros que c’est un génie. A l’instar de l’interview qu’elle a accordée au Journal du Dimanche le 6 octobre ou de ses commentaires dans l'émission Au Field de la nuit le lendemain.  

    La découverte de la passion

    C’est le moins qu’elle puisse faire, lorsqu’on considère l’excellence de La vie d’Adèle qui leur a permis en plus de décrocher cette Palme d’or tant convoitée. L’œuvre vous prend dès les premières images et ne vous lâche plus pendant trois heures filant à la vitesse de l’éclair.

    Kechiche-Exarchopoulos-Seydoux. Un trio magique pour ce film librement inspiré de la bande dessinée de Julie Maroh, "Le bleu est une couleur chaude". On y suit Adèle, une jolie lycéenne de 17 ans, rêvant d’être institutrice. Férue de littérature, elle est exaltée par la lecture de La vie de Marianne, roman inachevé de Marivaux évoquant un déterminisme amoureux contre lequel on ne peut lutter.


    La%20Vie%20d'Adèle_0[1].jpgAdèle flirte avec une camarade décomplexée, sort avec des garçons mais n’est pas très emballée par une brève aventure avec l’un d’eux. Sa vie bascule lorsqu’elle s’aventure dans un bar lesbien et rencontre Emma, une fille un peu plus âgée qu’elle. Etudiante aux Beaux-Arts, elle veut devenir une peintre connue. Adèle succombe follement à cette belle femme aux cheveux bleus qui lui fait découvrir la passion.


    Terrassées, toutes deux se laissent emporter par l’ivresse et la violence irrépressible du désir qui culminent dans de sulfureuses et longues scènes de sexe filmées sans tabou ni pudeur au plus près de corps magnifiés, dont le côté sculptural fait oublier la nudité.

    Coup de foudre, liaison, rupture

    Que la relation soit homosexuelle n’est pas fondamental. Kechiche est plutôt dans l’interrogation des rapports amoureux. Par ailleurs, même si elles sont primordiales pour expliquer 'amour, l’erreur serait de ne retenir de l’histoire que les séquences puissamment excitantes.

    Car ce coup de foudre qui se mue en liaison finit en rupture, Adèle dévastée provoquant son propre malheur par une trahison et un manque d’ambition. Une rupture qui est à la fois une fin et un commencement, une souffrance et un espoir, une expérience de vie, une façon de continuer à se construire et de s’affirmer pour cette adolescente ardente qui se cherche, se perd et se trouve.

    Du Kechiche pur sucre

    Un film purement kéchichien, toujours juste, vrai, sous tension érotique extrême, mais traitant également d’éducation, de savoir, de transmission, de vocation, de regard des autres, de choix de vie. Et de différence sociale générant une différence d’aspiration personnelle menant plus sûrement à la séparation qu’une homosexualité plus ou moins comprise ou tolérée par l’entourage.

    A cet égard, l’opus réserve quelques moments joyeux, sinon irrésistibles, par exemple chez les parents de l’une ou de l’autre. Bobos intellos et affranchis pour Emma, prolétaires et pas au courant pour Adèle, obligée de présenter Emma comme une bonne copine lui faisant bosser sa philo…

    Une raison supplémentaire pour aller voir ce bijou qui aurait pu rapporter un nouvel Oscar au cinéma français. Malheureusement, il ne pourra concourir dans la catégorie étrangère. Ce n’est pas dû à la pudibonderie de l’Académie mais à sa sortie trop tardive. On peut en revanche déjà lui promettre une pluie de Césars, meilleur film, meilleur réalisateur, meilleures actrices et peut-être même davantage...  

    Pour Julie Maroh, il manquait des lesbiennes sur le plateau

    Julie-Maroh-008[1].jpgLéa, Adèle et les ouvriers n'ont pas été les seuls à récriminer. Julie Maroh, L’auteur de la BD qui a inspiré le film a certes aimé ce "coup de maître". Mais si elle respecte la démarche "cohérente, justifiée, fluide" du réalisateur, elle lui reproche en revanche via son blog de n’avoir pas rendu les scènes de sexe assez réalistes.

    Il lui semble clair qu’il manquait des lesbiennes sur le plateau. "Je ne connais pas les sources d'information du réalisateur et des actrices (qui jusqu'à preuve du contraire sont tous des hétéros) et je n'ai pas été consultée en amont... Excepté quelques passages, cela m’évoque un étalage brutal et chirurgical, démonstratif et froid de sexe dit lesbien qui tourne au porn et m’a mise très mal à l’aise… ", écrit-elle notamment. 
     
    Le sexe au cinéma, un trucage comme les autres

    On a beaucoup glosé sur les scènes "hot". Mais brisant le secret à Cannes, les deux protagonistes ont révélé qu’elles avaient des prothèses. Comme expliqué dans les Inrocks, il s’agit de minces tulles en silicone, obtenus à partir de moulages en plâtre du sexe recouverts de faux poils pubiens, puis repeints en différents tons de couleur chair pour que l’illusion soit la plus parfaite possible.

    Comme quoi, pénis en latex ou doublés, vagin en silicone, le sexe au cinéma est un trucage comme les autres, relève le magazine. Reste qu’en l’occurrence, pour Adèle et Léa, il s’agissait d’une toute petite protection ne changeant rien à l’intensité de l’action.

    Film à l'affiche dans les salles romandes dès mercredi 9 octobre.

     

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  • Cinéma: "La bataille de Solférino", un chaudron sous tension

    LA-BATAILLE-DE-SOLFERINO-laffiche-super-hardcore-du-film-de-Justine-Triet-39773[1].jpgDimanche 6 mai 2012, deuxième tour de l’élection  présidentielle française, qui a vu la victoire de François Hollande. Alors qu’une foule de militants de plus en plus dense et surchauffée se masse rue de Solférino devant le siège du PS et aux alentours en attendant les résultats, c’est le chaos chez Laetitia.

    Ses deux petites filles poussent des hurlements stridents ininterrompus, son amant ne sait pas trop où se poser, Vincent son ex plutôt barge juste sorti de l’hôpital psychiatrique la harcèle en réclamant son droit de visite, elle le lui refuse, donnant des consignes strictes dans ce sens au baby-sitter lunaire déjà débordé. Tout cela en s’habillant pour aller au boulot. Car Laetitia, journaliste à i-Télé doit couvrir l’événement en direct.

    Au fil du récit, fiction et réalité documentaire ne cessent de s’entremêler, chacune servant de pendant ou d’illustration à l’autre. Laetitia fait son job en tentant maladroitement de gérer son conflit personnel, dont les enfants sont devenues l’enjeu principal. On nage en pleine hystérie. Sinon à l’extrême-bord du gros pétage de plombs dans cette furieuse bataille qui évoque l’impossibilité de communiquer normalement. Mettant en parallèle le fossé entre les parents et la fracture nationale.

    La bataille de Solférino, premier film sous tension constante, plein de bruit et de fureur, d’excitation et d’insultes est signé Justine Triet, réalisatrice issue des Beaux-Arts. Porté par de bons acteurs dont les deux principaux, Laetitia Dosch et Vincent Macaigne, il est quasi unanimement salué par la critique. On ferait de même si seulement ces deux insupportables gamines pouvaient arrêter de brailler cinq minutes. Surtout dans la première partie. Je sais cela fait partie de l’infernale cacophonie ambiante. Mais quand même, c’est à croire qu’on les maltraite…

    Film à l’affiche aux Cinémas du Grütli à Genève dès mercredi 2 octobre. 

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