En soi, le remake n’est pas la meilleure des idées cinématographiques. D’autant moins quand l’original ne soulève pas l’enthousiasme. Toujours est-il que Brian de Palma a cru bon de s’inspirer de Crime d’amour, le dernier film d’Alain Corneau pour réaliser Passion.
Travaillant dans une multinationale, la brune Isabelle apparemment sage et sans éclat, est fascinée par sa supérieure, la glamourissime et blondissime Christine. Celle-ci profite de son pouvoir pour entraîner son employée, entre domination et servitude, dans un jeu de séduction et de manipulation.
Résultat, un thriller psychologique mâtiné de fantastique qui se veut sulfureux, sur fond de romance lesbienne où Rachel McAdams et Noomi Rapace (photo) s’entredéchirent dans l’univers impitoyable de la finance. Possession, ambition, angoisse, en principe tous les ingrédients du genre étaient là sont là pour scotcher le spectateur à son fauteuil.
Hélas, peu inspiré, l’ héritier hitchcockien revendiqué se contente d’un polar à l’ancienne, sorte de retour aux sources décevant où tout sonne faux, à commencer par l’affrontement pervers entre les deux femmes et la sensualité prétendument débordante qui s’en dégage.
Multipliant les rebondissements, abusant de ses penchants pour les doubles et le voyeurisme, Brian de Palma propose une intrigue inutilement tarabiscotée, aux frontières du rêve et de la réalité. Avec une mise en scène qui agace par un excès de sophistication, de maniérisme, ainsi qu’un recours sans intérêt au gadget du split-screen. Du coup il perd de vue cette passion meurtrière, censée être le moteur de l’histoire… Dommage
Araf, quelque part où l'espoir l'emporte
En turc, Araf signifie purgatoire ou limbes. Une sorte d’entre eux, d’attente, d'univers parallèle, que symbolise cette station-service sur l’autoroute où travaillent deux jeunes gens à peine sortis de l’adolescence: Zehra magnifiquement interprétée par la ravissante Neslihan Atagul (photo) et Olgun.
Joyeux, rêvant de devenir riche, Olgun est amoureux de Zehra. Mais tout en redoutant de la quitter, celle-ci imagine une autre vie avec Mahul, un chauffeur routier habitué à s’arrêter pour manger un morceau à la cafeteria. Il est plus âgé, grisonnant, peu bavard, constamment agrippé à son chapelet. Mais contrairement à Olgun qu’elle considère comme un compagnon de jeu, Mahul est l’homme qui pourrait l’emmener ailleurs, loin de cette bourgade désolée où sévit le sombre hiver anatolien...
Film d’atmosphère parfois sublimé par de belles scènes d'amour pudiques et quelques plans superbes, Araf évoque un quotidien rude où l’espoir l’emporte sur le froid et la tristesse. Il est signé de la réalisatrice turque Yesim Usaotoglu, qui avait remporté un joli succès à la dernière Mostra de Venise.
Nouveaux films à l'affiche dans les salles de Suisse romande.
Lion d’or à la dernière Mostra de Venise pour Somewhere, Sofia Coppola revient avec The Bling Ring, son cinquième long-métrage qui avait ouvert en mai dernier la section d’Un Certain Regard à Cannes. Le thème a de quoi intéresser. Inspiré de faits réels qui se sont déroulés entre 2008 et 2009, le film raconte les cambriolages répétés, chez les stars de Beverly Hills, d’un gang de cinq ados, quatre filles et un garçon, surnommé par les médias "The Bling Ring".
Sofia Coppola a eu l’idée du film en découvrant un article dans Vanity Fair. "Plus j’en apprenais et plus j’étais passionnée par cette histoire d’ados proches du monde hollywoodien glamour et qui tournent mal en voulant en faire partie. J’ai rencontré l’auteur du papier, la journaliste Nancy Joe Sales. Nous avons longuement discuté et elle m’a beaucoup aidée. J’ai lu d’autres récits de journaux, des rapports de police, consulté des avocats. J’ai aussi vu deux de ces teen-agers incriminés. Ils ne pensaient pas avoir mal agi et ne s’intéressaient qu’à la gloire que les vols leur avaient apportée."Observatrice du phénomène, tout en se plaçant d’abord du côté de ses protagonistes, la réalisatrice ne juge ni n’excuse.
Comédie en noir et blanc sur fond de jazz qui lui donne un côté rétro, Oh Boy suit pendant vingt-quatre heures Niko, étudiant quasi trentenaire qui traîne son spleen dans les rues de Berlin. Sa copine n’en peut plus de de son indécision et de ses rêveries, son père lui coupe les vivres et son psy le déclare émotionnellement instable. Comble de tout, il ne peut même pas s’offrir la tasse de café à laquelle il aspire désespérément. Ce jus inaccessible devient le fil rouge de l’histoire.
On le voit ensuite beaucoup dans des séries télévisées, dont Tatort. Et Il y a quatre ans, Jan Ole Gerster (photo)lui envoie le scénario de Oh Boy. «Il était intéressé par mon avis et moi passionné par le personnage. Non seulement, c’était le meilleur script que j’aie lu jusque là , mais j’ai tout de suite senti que le caractère principal me correspondait. Mais il devait être plus âgé.