Comédie en noir et blanc sur fond de jazz qui lui donne un côté rétro, Oh Boy suit pendant vingt-quatre heures Niko, étudiant quasi trentenaire qui traîne son spleen dans les rues de Berlin. Sa copine n’en peut plus de de son indécision et de ses rêveries, son père lui coupe les vivres et son psy le déclare émotionnellement instable. Comble de tout, il ne peut même pas s’offrir la tasse de café à laquelle il aspire désespérément. Ce jus inaccessible devient le fil rouge de l’histoire.
Signé du très prometteur Jan Ole Gerster, révélation du cinéma allemand, ce premier long-métrage aux accents jarmushiens surfe surl’ironie et l’autodérision. Inspiré de François Truffaut et nous promenant dans des décors urbains à la Woody Allen, il doit aussi beaucoup à son acteur principal, Tom Schilling (photo), Il est craquant dans son rôle d’anti-héros en proie a une crise existentielle, contemplatif, désabusé, proche de la déprime, déconnecté du quotidien, incapable de s’intégrer.
Un rôle que Tom Schilling, grand ami du réalisateur a considéré sien dès qu’il a lu le scénario il y a quatre ans, comme il nous le raconte lors d’une rencontre à Genève. Le comédien est né à Berlin-Est en 1982 dans une famille de cartographes. « Ma mère a senti que je pouvais m’exprimer d’une artistiquement et m’a envoyé à une audition. J’avais six ans. A douze, j’ai commencé au théâtre dans une pièce de Berthold Brecht. J’avoue que je ne savais pas trop bien ce que je faisais, C’était un grand rôle pour un gamin».
Pendant les années qu’il passe sur les planches tout en préparant son diplôme de sciences en art, Tom Schilling rencontre des cinéastes. A dix-sept ans, il obtient un gros succès avec son deuxième film Schlaraffenland. «Tout le monde parlait de moi. C’était flatteur, mais je n’aimais pas trop. On peut vite retomber dans l’anonymat».
On le voit ensuite beaucoup dans des séries télévisées, dont Tatort. Et Il y a quatre ans, Jan Ole Gerster (photo)lui envoie le scénario de Oh Boy. «Il était intéressé par mon avis et moi passionné par le personnage. Non seulement, c’était le meilleur script que j’aie lu jusque là , mais j’ai tout de suite senti que le caractère principal me correspondait. Mais il devait être plus âgé.
De toutes façons, face aux difficultés de financement, il a fallu attendre. Le temps notamment que Tom Schilling devienne père. «Et puis je lui ai écrit une lettre car j’ai appris qu’il faisait des auditions pour Niko. Quelque part, je suis très proche de lui. Je suis plein de doutes, contemplatif, pas très confiant en mes capacités. Je me pose plein de questions sur moi, la vie, l’avenir».
Le tournage a été très détendu. Presque comme des vacances. «Ce n'est pas très étonnant. Jan Ole Gerster a l’art du farniente. Il a failli être viré de l’école de cinéma parce qu’il ne produisait rien Rétrospectivement je me dis qu’il avait besoin de cette période paresseuse ».
On souhaite la même ambiance cool à Tom Schilling pour son prochain film Suite française de Saul Gibb, où il va retrouver dans une semaine la belle Michelle Williams.
Film à l'affiche dans les salles romandes dès mercredi 12 juin.