Pour son troisième long métrage, Yvan Attal a accepté une commande de producteur, le remake de Humpday, une comédie de l'Américaine Lynn Shelton. Elle surfe sur une idée inspirée par le festival du film de Hump, spécialisé dans le porno amateur homo aux prétentions artistiques.
Avec Do not disturb, le compagnon de Charlotte Gainsbourg oeuvre dans le copié-collé avec quelques ajouts personnels dont une scène grotesque avec JoeyStarr. Il raconte le débarquement inopiné de Jeff, artiste bourlingueur douvblé d'une sorte d'ado péniblement attardé chez son vieux copain Ben. Ce dernier mène une vie rangée et tranquille auprès de sa jolie femme qui manifeste une forte envie de maternité.
Pour fêter leurs retrouvailles, les deux potes se retrouvent dans une fête branchée et très arrosée. Vient alors sur le tapis le fameux festival porno et le pari que font nos hétéros, histoire d’innover dans le genre: coucher ensemble devant la caméra. Mais attention, rien de graveleux, c'est juste pour l’amour de l’Art…
Malheureusement on en est très loin, de l’art, dans cette triste pochade qui se veut grinçante et anticonformiste. Ambitionnant de confronter deux mondes, deux milieux sociaux, elle révèle la beaufitude des deux protagonistes Yvan Attal et François Cluzet (photo), velléitaires pathétiques et empêtrés dans une partition laborieuse. Singulièrement, Laetitia Casta est la seule à s'en sortir en jouant la destabilisatrice, bien décidée à s’immiscer dans l’histoire pour faire échouer le plan.
Voilà pourtant qui n’empêche pas Yvan Attal, joint par téléphone, d’être content de lui. "J’ai trouvé l’idée aussi intéressante qu’amusante. Le remake est un exercice assez rare et je me suis vraiment senti réalisateur en m'attelant à quelque chose qui ne vient pas de moi mais que j’essaie de m’approprier".
En ce qui concerne le défi ridicule que se lancent ses héros, il évoque des moments où, jeune acteur, il fallait tout expérimenter. "Là, ce sont des frustrés qui veulent le faire de la façon la plus grotesque. Mais en réalité, sous des dehors comiques, il s'agit surtout d'un prétexte pour parler d’autre chose. De la virilité trouble de deux copains se plaçant dans une situation ambiguë qui les met plus mal à l’aise qu’ils ne veulent l’admettre, du jeu autour du désir, des hétéros qui ont la trouille des homos…"
Yvan Atal dit aussi vouloir parler des failles et des faiblesses des gens, de la mise en péril d’un couple où l’un des conjoints a envie de pimenter un quotidien qu’il trouve trop sage ou trop terne. Que de belles intentions en somme. Dommage que cela se voie si peu à l’écran.
Film à l’affiche dans les salles romandes dès mercredi 3 octobre.