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  • Sorties cinéma: "More Than Honey" pour sauver les abeilles

    more-than-honey-poster-fr-180[1].jpgCinéaste suisse-alémanique, Markus Imhoof s’est largement fait connaître en 1981 grâce à son film majeur La barque est pleine (Das Boot ist voll), évoquant la douloureuse histoire de réfugiés qui avaient réussi à passer la frontière suisse pendant la Deuxième Guerre mondiale. Après une assez longue absence, il revient avec More Than Honey, un documentaire sur la mort des abeilles qui a fait un tabac sur la Piazza grande, où il a conclu en août dernier le Festival de Locarno.

    Beaucoup de scientifiques, de chercheurs et d'experts se sont penchés sur la disparition mystérieuse de millions d’abeilles depuis une dizaine d’années. Une énigme d’autant plus urgente à résoudre qu’elles constituent un rouage irremplaçable de l'agriculture, un tiers de notre nourriture dépendant directement de la pollinisation de nos aliments.

    Dans une tentative d’explication de ce phénomène d’effondrement des colonies hypothéquant l’avenir de l’espèce humaine, Markus  Imhoof, commençant par son propre passé, a fait pendant cinq ans deux fois le tour du globe. Il s'est rendu en Californie, en Australie et en Chine, l'un des pays le plus touché, particulièrement dans la province du Sichuan où les abeilles ont déjà disparu, forçant les ouvriers à féconder eux-mêmes à la main les fleurs des poiriers.   

    Les raisons de ce déclin angoissant sont multiples. Il y a les pesticides, les insecticides, les maladies, les virus, les acariens varroas, la pollution, la déprédation de l'environnement. Sans compter la rupture, par l’homme âpre au gain, du lien qui unit l’abeille à la fleur. Par interférence manuelle, mécanique ou génétique.

    Il y a aussi la consanguinité. Sélectionnées de manière à ne plus piquer, domestiquées, les abeilles ont perdu de leurs capacités de résistance. Mais tout espoir n’est pas perdu. On peut les sauver, les rendre plus fortes et moins malades, en améliorant leur patrimoine avec des insectes mellifères sauvages existant encore en Australie. On compte aussi beaucoup sur l’abeille tueuse d’origine africaine, dont des essaims formés de spécimens très agressifs et robustes, échappés des laboratoires, sont en train de coloniser l’Amérique du Nord.

    Tout en tirant la sonnette d'alarme, l’enquêteur Markus Imhoof propose un grand documentaire aux images saisissantes, nous emmenant au coeur des ruches. Il a pour thème central l'éternel conflit entre l’évolution et la civilisation, le rapport de l’homme avec la nature et son côté apprenti-sorcier. Passionnant.


    The Rise Of The Guardians

    37136.thumb[1].jpgDeux mots sur le traditionnel film de Noël pour enfants sorti des studios DreamWorks. Emmenés par Jack Frost, gamin ingénieux et rebelle mais fatigué d’être invisible aux yeux des autres, le Père Noël, le Lapin de Pâques, le Marchand de sable et la Bonne Fée s’unissent contre le Croquemitaine.

    Esprit maléfique, le méchant Pitch veut régner par la peur sur un monde voué aux ténèbres. Les gentils vont donc oublier leur ego et jouer les héros pour protéger les espoirs, les rêves, l’univers merveilleux et l’imaginaire des gosses.

    Rien à dire sur les qualités techniques et certaines superbes scènes de The Rise Of The Guardians (Cinq légendes), animation par ordinateur qui bénéficie d’un budget colossal. Beaucoup moins convaincants en revanche l’histoire et les messages sirupeusement moralisateurs quelle renvoie. A qui d’ailleurs? Ce genre de super-héros n’est pas franchement la tasse de thé des ados. Quant aux petits, ils vont avoir du mal à comprendre une intrigue parfois inutilement tarabiscotée. En 3 D, évidemment.

    Films à l’affiche dans les salles romandes dès mercredi 28 novembre.

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  • Sortie cinéma: "The Artist Is Present", époustouflante performance

    20320370.jpg-r_160_240-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxx[1].jpgDeux simples chaises face à face au milieu d’une vaste pièce. Sur l’une une femme, immobile, silencieuse, sur l’autre une personne du public en relayant une autre, puis une autre et encore une autre se regardent sans parler. Au début aussi longtemps qu'elles le souhaitent. Ou le supportent. Plus brièvement ensuite, en raison de l'allongement des files et du nombre des candidats...

    Drôle d'idée, pas très affriolante a priori. Et pourtant, 750.000 visiteurs se sont rués au MoMA de mars à fin mai 2010, pour participer à l’incroyable performance imaginée par la reine du genre, Marina Abramovic (photo). C’était le sujet principal de la rétrospective, occupoant plusieurs étages, qui lui était consacrée par le célèbre musée newyorkais. 

    Certains ont attendu toute la nuit, d’autres plus de dix heures. Se précipitant dès l’ouverture des portes, pour dénicher un ticket, précieux sésame qui leur permettrait d’occuper la chaise vide tant convoitée et d’engager un échange muet, les yeux dans les yeux, avec l’artiste. 

    Trois mois, six jours par semaine, sept heures et demie par jour

    Inimaginable en sachant que la majorité des gens passent rarement plus de 30 secondes devant un tableau, aussi célèbre soit-il. Plus incroyable l’exploit physique et mental de l’artiste, 63 ans alors, vêtue d’une très longue robe rouge sang ou blanche comme neige, restée assise sous le feu des projecteurs et de la foule sans boire, manger, ou bouger pendant trois mois, six jours par semaine, sept heures et demie par jour.

    L’oeuvre et l’artiste, 63 ans alors, figurent au centre de The Artist Is Present, un premier film signé Matthew Akers. Après s’être documenté pendant dix mois sur les moindres faits et gestes de l'existence de Marina Abramovic, il dresse un portrait intimiste et inédit. L'accompagnant avant, pendant et après la rétrospective, s’appuyant sur des entretiens avec elle, ses collaborateurs, ses amis et ses fans, il nous laisse découvrir une icône glamour venue de Belgrade.

    Provocante, séduisante, produisant un travail hors norme depuis quarante ans, elle est connue pour utiliser sans limite son propre corps comme moyen d’expression et se livrer à des mises en scène audacieuses, voire choquantes, où domine la nudité. Très controversée, qualifiée d’alternative, elle rejette cette étiquette et veut que la performance soit une véritable forme artistique.

    Extraordinaire, sinon concluante, celle menée au MoMA s’est pour le moins révélée surprenante en regard de l'étonnant nivellement social qu’elle a provoqué, mêlant des gens de tous genres, de tous âges, de tous milieux et de toutes origines.

    Radical, hynotique, dérangeant, ce "dialogue direct des énergies" a par ailleurs déclenché des émotions rares chez beaucoup des vis-à-vis de Marina Abramovic, allant du sourire lumineux aux larmes, tout en passant par d'autres manifestations de sldération, de souffrance, de bonheur, de plaisir, d’apaisement. Montrant par là que le public était partie intégrante de l’accomplissement d'une oeuvre qui ne se distingue pas de sa vie.  

    Film à l’affiche dans les salles romandes dès le 28 novembre.

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  • Sortie cinéma: "Au-delà des collines" laisse entrer le diable au couvent...

    28c669c4-3303-11e2-8b8c-bebc0bbc3090-493x328[1].jpgEn 2007 Cristian Mungiu décrochait la Palme d’Or pour 4 mois, 3 semaines, 2 jours. En mai dernier, il revenait sur la Croisette avec Au-delà des collines pour nous plonger, pendant 2h30, dans le rude quotidien d’un couvent orthodoxe. Séduisant à nouveau le jury, il  remportait le prix du scénario, tandis que ses deux héroïnes principales, Cosmina Stratan (à droite sur la photo) et Cristina Flutur étaient sacrées meilleures actrices.
     
    Alina, une jeune Roumaine de 25 ans, vient voir Voichita, son amie d'enfance avec qui elle a eu une petite relation amoureuse à l'orphelinat. Elle la supplie de rentrer avec elle en Allemagne. Mais la vie de Voichita a bifurqué sous l’influence d’un pope hirsute, ultra rigoriste, aux méthodes d’un autre âge. Depuis leur séparation, c’est à Dieu qu’elle s’est donnée. Un rival de taille. Alina décide quand même de rester un peu, dans  l’espoir de convaincre son amie de changer d’avis. En vain. 

    Entre prières et corvées domestiques, la jeune femme a du mal à se plier aux règles dans ce monde clos, silencieux, sans électricité, perdu dans un paysage hivernal, désolé, désert.

    De plus en plus minée par le désespoir, la frustration et la rage, Alina profane le mausolée, jette l’icone par terre, critique violemment le rituel. Des comportements violents qui laissent penser au prêtre qu’elle est possédée par le diable. Il s’agit dès lors de protéger la communauté. Sous le regard impuissant d’une Alina désemparée et la complicité servile des autres membres, l’intruse est séquestrée, bâillonnée, attachée à une croix…

    L’histoire, brutale, se base sur des faits authentiques qui s’étaient déroulés en Moldavie en 2005 et où une jeune nonne schizophrène fut retrouvée morte suite à un exorcisme. Cristian Mungiu dépasse ce fait divers tragique pour parler de la pratique de la religion, d’amour, de libre arbitre, et de tous ces éléments qui déterminent notre destin, comme l’endroit où l’on est né, le milieu où on évolue, l’éducation qu’on a reçue.

    Avec ce film magnifiquement porté par Cosmina Stratan et Cristina Fultur, le cinéaste roumain livre une œuvre dense, originale, sous tension, à la mise en scène à la fois simple, sobre et puissante.

    Film à l'affiche dans les salles romandes dès mercredi 28 novembre.

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