Sortie cinéma: "Au-delà des collines" laisse entrer le diable au couvent... (27/11/2012)

28c669c4-3303-11e2-8b8c-bebc0bbc3090-493x328[1].jpgEn 2007 Cristian Mungiu décrochait la Palme d’Or pour 4 mois, 3 semaines, 2 jours. En mai dernier, il revenait sur la Croisette avec Au-delà des collines pour nous plonger, pendant 2h30, dans le rude quotidien d’un couvent orthodoxe. Séduisant à nouveau le jury, il  remportait le prix du scénario, tandis que ses deux héroïnes principales, Cosmina Stratan (à droite sur la photo) et Cristina Flutur étaient sacrées meilleures actrices.
 
Alina, une jeune Roumaine de 25 ans, vient voir Voichita, son amie d'enfance avec qui elle a eu une petite relation amoureuse à l'orphelinat. Elle la supplie de rentrer avec elle en Allemagne. Mais la vie de Voichita a bifurqué sous l’influence d’un pope hirsute, ultra rigoriste, aux méthodes d’un autre âge. Depuis leur séparation, c’est à Dieu qu’elle s’est donnée. Un rival de taille. Alina décide quand même de rester un peu, dans  l’espoir de convaincre son amie de changer d’avis. En vain. 

Entre prières et corvées domestiques, la jeune femme a du mal à se plier aux règles dans ce monde clos, silencieux, sans électricité, perdu dans un paysage hivernal, désolé, désert.

De plus en plus minée par le désespoir, la frustration et la rage, Alina profane le mausolée, jette l’icone par terre, critique violemment le rituel. Des comportements violents qui laissent penser au prêtre qu’elle est possédée par le diable. Il s’agit dès lors de protéger la communauté. Sous le regard impuissant d’une Alina désemparée et la complicité servile des autres membres, l’intruse est séquestrée, bâillonnée, attachée à une croix…

L’histoire, brutale, se base sur des faits authentiques qui s’étaient déroulés en Moldavie en 2005 et où une jeune nonne schizophrène fut retrouvée morte suite à un exorcisme. Cristian Mungiu dépasse ce fait divers tragique pour parler de la pratique de la religion, d’amour, de libre arbitre, et de tous ces éléments qui déterminent notre destin, comme l’endroit où l’on est né, le milieu où on évolue, l’éducation qu’on a reçue.

Avec ce film magnifiquement porté par Cosmina Stratan et Cristina Fultur, le cinéaste roumain livre une œuvre dense, originale, sous tension, à la mise en scène à la fois simple, sobre et puissante.

Film à l'affiche dans les salles romandes dès mercredi 28 novembre.

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