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  • Grand écran: dans "Le regard de Charles", Aznavour se dévoile, homme derrière la star

    image.jpg«Vous m’avez beaucoup vu. C’est votre regard qui m’a fait. Mais ce que vous ne savez pas c’est que moi aussi je vous ai regardés et ça m’a fait quelque chose. Ma caméra m’a ramené vers vous …. »  

    Ces mots, Charles Aznavour les prononce au début du documentaire émouvant et singulier réalisé par Marc Di Domenico et qui sort à l’occasion du premier anniversaire de la mort du célèbre chanteur-acteur le 1er octobre 1918. Il réunit des images que l’artiste aux 1000 chansons, aux 180 millions d’albums et à la soixantaine de rôles, a lui-même filmées au fil des ans. Elles sont entrecoupées d'archives télévisuelles. 

    Quelques mois avant sa disparition, Aznavour décide d’en faire un film, Le regard de Charles et donne à Marc Di Domenico accès à une masse de matériel, entreposé depuis des décennies dans une pièce de sa résidence provençale et immortalisé par une petite caméra offerte par Edith Piaf en 1948.

    Un regard multiple

    Jusqu’en 1982, elle ne quittera plus le chanteur, légende mondiale, qui posait sur son existence et celle des autres un oeil de cinéaste. Il l’emportait partout avec lui, filmant son quotidien, ses voyages, ses succès, enregistrant des instants de vie, les lieux qu’il traverse, les gens qu'il rencontre et, comme dit sa chanson, ses amis, ses amours, ses emmerdes.

    Le-Regard-de-Charles-11-950x520.jpgCar le regard de Charles est multiple. Il y a celui qu’il portait sur le monde lors de ses voyages en Afrique, en Asie, en Amérique latine, où il filmait le peuple, les anonymes, qu'il préférait aux monuments. Il y a le regard de l’amoureux sur Micheline, Edith ses deux premières épouses et évidemment sur Ulla (photo), la femme de sa vie qu’il a épousée en 1967.

    Il y a aussi son regard sur ses parents, émigrants arméniens dont il est si fier. Ou encore celui heureux du père comblé de quatre enfants et celui, douloureux, du père tourmenté par la mort de son fils Patrick d’une overdose à 25 ans.
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    En découvrant ce que Charles a filmé, Marc Di Domenico tombe sous le charme, comme il nous le dit lors d’une récente rencontre à Genève en compagnie de Mischa, le cadet de la famille. «J’ai trouvé des choses inattendues, non conventionnelles, un parcours initiatique, la vision d’un homme sur l’altérité, sa volonté de réussir sa vie, Par ailleurs, les images n’étaient pas celles d’un simple touriste, elles étaient composées. Ce qui n’a rien d’étonnant, Charles ayant toujours voulu être réalisateur».

    Construit comme un album

    L’opus, dont le texte est dit par le comédien Romain Duris, un excellent choix, est construit comme un album avec des chansons qui structurent un texte évoquant les voyages, les femmes, la carrière. «J’avais envie de relater un journal à la fois intime et universel. Une traversée du siècle et en même temps des choses qui sont communes à beaucoup de gens».

    Tous les aspects de la personnalité de Charles sont abordés, dont son goût pour les relations dévastatrices, pour l’argent. «J’ai joui d’une totale liberté à cet égard. Par exemple de qu’il y a eu avant Ulla n’a pas été censuré. Comme l’abandon de sa première femme quand il part au Canada, la mort de Patrick, le fait qu’il aimait l’argent. J’en avais, j’étais content de moi, dit-il. Pour moi, cela ne fait qu’humaniser davantage un homme qui a dû se battre pour imposer son physique et sa voix. Il a construit sa formidable relation avec le public contre les médias».

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande depuis le 27 novembre.

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  • Grand écran: "A couteaux tirés", comédie policière à la Agatha Christie. Avec Daniel Craig

    479897-a-couteaux-tires-de-rian-johnson-bande-annonce.jpgCélèbre et richissime auteur de polars, Harlan Thrombey est retrouvé mort dans son lit la gorge tranchée, le soir de ses 85 ans.  La thèse du suicide est esquissée en dépit de la violence du geste, mais les spectateurs, contrairement aux proches du patriarche, sont rapidement informés qu’il n’en est rien.

    C’est alors que débarque dans le somptueux manoir des Thrombey le détective Benoit Blanc, engagé par un commanditaire anonyme afin d’élucider l’affaire. Tandis que la famille complètement tordue du vieil Harlan, plus préoccupée par l’ouverture de son testament que par la cause de sa mort, se déchire, Blanc se lance dans une enquête mouvementée, où se multiplient rebondissements, mensonges, révélations, indices probants, pistes douteuses et faux semblants.

    Cette malicieuse et jubilatoire comédie policière à suspense en forme de whodunit renouvelé, huis-clos burlesque très divertissant au rythme soutenu, à la mise en scène astucieuse, aux dialogues caustiques et à l’humour noir, donne un parfum très british à ce film américain.
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    Entre deux productions Star Wars, son auteur Rian Johnson s’offre ainsi une petite balade récréative avec ce cluedo géant. Sophistiquée, l’intrigue oscille entre Agatha Christie et Hitchcock. avec un détective façon Hercule Poirot mâtiné de Columbo. Il est incarné par un irrésistible Daniel Craig à l’accent sudiste, qui révèle son talent comique.

    Chris Evans, Jamie Lee Curtis, Toni Colette, Michael Shannon, Don Johnson ou encore Ana de Armas, qui sera du nouveau James Bond, complètent ce casting cinq étoiles. Tous sont soupçonnés d'avoir assassiné Harlan (Christopher Plummer), ce qui n’est pas étonnant chacun, hypocrite, intéresse, détestable, méprisable, hautain ou arrogant ayant quelque chose à cacher. Y compris Ana de Armas, infirmière dévouée mais peut-être pas si blanche colombe que ça. Même si Daniel Craig la prend sous son aile pour jouer les Watson.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 27 novembre.

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  • Grand écran: l'homme face à la nature dans "Viendra le feu"

    cinema_-_espagne_-_oliver_laxe_-_viendra_le_feu_-_2019.jpgL’ouverture, dans une nuit éclairée par un halo de lumière, est saisissante. D’énormes engins détruisent des eucalyptus considérés par certains comme nuisibles. Ils s’écroulent les uns après les autres. Et puis soudain un arbre immense se dresse contre les bulldozers comme pour échapper à sa funeste destinée. Un affrontement mystique lourd de menace entre les hommes et la nature, qui donne le ton à Viendra le feu.

    Le réalisateur Olivier Laxe s’intéresse ensuite à Amador Coro, un supposé pyromane ascétique au visage émacié, aux épaules tombantes et à l’expression morne. Un taiseux dur au travail, brimé, buté, un pestiféré apparemment rongé par un feu intérieur. On n’en saura pas beaucoup plus sur ce personnage énigmatique. Tout juste sorti de prison, il va se réfugier chez sa mère Benedicta dans les montagnes galiciennes.

    Sur la petite exploitation agricole, leur modeste quotidien se déroule au rythme des saisons, se limitant à allumer la gazinière ou à conduire leurs trois vaches aux champs. Jusqu’au gigantesque incendie annoncé par le titre et qui va tout détruire. Des scènes filmées au plus près des flammes, un exploit, symbolisent une nature qui se venge..

    Troisième long métrage de l’auteur, cette singulière parabole rurale minimaliste, contemplative, à la mise en scène sèche, qu’illuminent parfois des images d’une rare beauté, avait décroché prix du jury dans la section cannoise Un Certain Regard. Elle se révèle à la fois dépouillée, spectaculaire et ardente. Dommage pourtant qu'en dehors des magnifiques séquences inaugurale et finale, l’incandescence ne se propage pas à tout le récit.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès le mercredi 27 novembre.

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