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le blog d'Edmée - Page 217

  • Grand écran: Joaquin Phoenix bluffant en fauteuil roulant chez Gus Van Sant

    2911319.jpgEreinté par la critique au Festival de Cannes 2015 pour The Sea Of Trees, évoquant la rencontre entre deux hommes partis se suicider dans une forêt japonaise, Gus Van Sant revient avec son dix-septième long métrage Don’t Worry He Won’t Get Far On Foot (Ne vous inquiétez pas, il n’ira pas loin à pied). Il est basé sur l’autobiographie éponyme du caricaturiste américain controversé John Callahan, natif de Portland dans l’Oregon, qui est aussi la ville du cinéaste.

    A la suite d’un grave accident de voiture lors d’une nuit de beuverie, le jeune homme de 21 ans, alcoolique depuis l’adolescence, restera paralysé. Même en fauteuil roulant, il n’a pas l’intention d’arrêter de boire. Il finit toutefois par décider de suivre une cure de désintoxication.

    Soutenu par sa compagne Annu (Rooney Mara) et son mentor Donnie (Jonah Hill à la fois méconnaissable et irrésistible en animateur gay à l’allure christique), il se découvre un talent inattendu pour le dessin. Son humour noir, trash, féroce, cinglant, politiquement incorrect lui vaudra la notoriété et la publication aux Etats-Unis dans des journaux aussi célèbres que The New Yorker ou Playboy. Il est mort en 2010, à 59 ans.

    Le film est porté de bout en bout par Joaquin Phoenix, qui retrouve le cinéaste vingt ans après Prête à tout. Sacré meilleur acteur à Cannes l’an dernier pour A Beautiful Day, il nous refait, en dépit d’une petite tendance au cabotinage, un grand numéro chez Gus Van Sant, se coulant de façon bluffante dans le rôle de ce provocateur à la sensibilité exacerbée, qui finit par accepter sa condition, en rire et s’en moquer.

    Cartonniste iconoclaste méconnu en Europe

    Cette force a fait de lui un cartooniste iconoclaste, n’hésitant pas à s’attaquer avec une rare insolence à de délicats sujets comme le racisme et le handicap. Gus Van Sant n’exploite pas assez cet aspect de la personnalité de son héros méconnu en Europe, préférant se concentrer sur la rédemption de l’alcoolique tétraplégique. Avec  une (trop) large place laissée aux réunions d’alcooliques anonymes et à la douloureuse enfance de l’artiste aux cheveux roux, marquée par l’abandon de sa mère. Un traumatisme en principe à l’origine de son addiction. «Tout ce que je me rappelle, c’est qu’elle était irlandaise, enseignante et ne voulait pas de moi», répète-t-il lors de thérapies de groupe.

    On glisse ainsi au fil de l’histoire vers une forme de bien-pensance et de sentimentalisme dans ce biopic qui certes se laisse voir, mais où le réalisateur peine de nouveau à retrouver cette patte de touche-à-tout virtuose, aussi à l’aise dans le cinéma indépendant que dans les films hollywoodiens. A cet égard on citera outre l’excellent Prête à tout déjà mentionné ou My Own Private Idaho, les plus récents comme Harvey Milk, Elephant, Palme d’or en 2003, ou encore Gerry, une merveille devenue culte. Sans oublier le triomphe populaire de Will Hunting.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 4 avril.

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  • Grand écran: "Hostiles", un western sous haute tension avec le remarquable Christian Bale

    Hostiles.jpgPendant toute leur vie, ils se sont affrontés. En 1892, après des années de sang versé, le capitaine de cavalerie Joseph Blocker (Christian Bale), ancien héros de guerre devenu gardien de prison, est forcé contre son gré d’escorter Yellow Hawk( Wes Studi), célèbre chef de guerre Cheyenne mourant, sur ses anciennes terres tribales.

    Peu après leur départ du Nouveau-Mexique vers le Montana, ils rencontrent Rosalee Quaid (Rosamund Pike), seule rescapée du massacre de sa famille par les Comanches. Traumatisée, la jeune femme se joint à eux.

    Au cours de leur périlleux périple à travers une Amérique ou règnent vengeance impitoyable et cruauté, les deux hommes, qui n’ont pas épuisé leur réserve de colère et de méfiance, vont pourtant devoir oublier un passé de violence et de haine, lutter contre eux-mêmes et se montrer solidaires. Autrement dit tuer ensemble, pour survivre à l’environnement, aux redoutables tribus qu’ils rencontrent.

    Avec Hostiles, Scott Cooper, à qui l’on doit Crazy Heart, Les brasiers de la colère et Strictly Criminal, nous propose un western en forme d’hommage au martyre des Amérindiens. Lent, sombre, sous haute tension, taiseux, brutal, grave, mélancolique, humaniste, lyrique, il se déroule dans des paysages d’une beauté sauvage. Récit de rédemption, il fait déjà figure de grand classique dans la lignée des Impitoyable, Little Big Man ou Danse avec les loups.

    Une réussite que l’on doit aussi bien sûr aux comédiens. A commencer par le remarquable Christian Bale dans le rôle taillé pour lui de ce revenant amer, austère, meurtri. Un soldat usé par les batailles, hanté par ses actes. A ses côtés, Rosamund Pike et Wes Studi se montrent à la hauteur.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 28 mars.b

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  • Grand écran: "Ready Player One", l'hommage foisonnant de Spielberg à la culture pop

    player.jpgDeux mois après son ode au journalisme d’investigation dans Pentagone Papers, Steven Spielberg, renouant avec la science-fiction, se déchaîne dans un hymne à la culture pop avec Ready Player One, adapté d’un best-seller d’Ernest Cline publié en 2011.

    Nous sommes en 2045 dans une Amérique ravagée par la pollution, la surpopulation, la crise énergétique, les problèmes politiques. Un univers chaotique, misérable, dont s’échappent des millions de pauvres gens pour se réfugier dans l’OASIS, un gigantesque jeu de réalité virtuelle. Il a été inventé par feu l’excentrique milliardaire James Halliday, un génie de l’informatique incarné par Mark Rylance. Steven Spielberg dit beaucoup s’identifier à ce créateur, le considérant comme le plus proche de sa vie et de sa vérité.

    Avant de mourir, le mogul iconoclaste a décidé de léguer son immense fortune à quiconque découvrira l'œuf de Pâques numérique, dissimulé dans son jeu. C’est parti pour une chasse au trésor planétaire avec l’espoir, pour les candidats, de toucher le jackpot. Parmi eux le jeune joueur prolétaire Wade Watts et l’odieux magnat Nolan Sorrento, rêvant de posséder l’OASIS pour régner sur le monde.

    Multipliant les effets spéciaux, mêlant le virtuel et le réel, l'inventif réalisateur propose un film de SF rétro  à grand spectacle, qui va surtout ravir les geeks et les fans de jeux vidéo. Rendant hommage à la culture des années 80, à ses objets, à ses fétiches, à sa musique et aux films qu’il aime, le cinéaste se livre à une débauche de clins d’œil et de références (la Delorean de Retour vers le futur, le Rubik’s Cube, Akira, King-Kong, Star Wars). Une surabondance qui culmine dans une séquence revisitée du célébrissime Shining de Stanley Kubrick.

    Mais s’il est visuellement foisonnant et spectaculaire, le film pèche par son côté répétitif, son scénario sommaire, son discours politico-économique superficiel, son absence de vrai questionnement sur l’addiction au virtuel, dans la mesure où Spielberg tient à nous rappeler que le jeu c’est bien, mais que la réalité c’est mieux. Enfin, on lui reprochera de mettre en scène des personnages et leurs avatars peu attachants.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 28 mars.

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