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le blog d'Edmée - Page 214

  • Grand écran: "Figlia Mia", émouvant duel de mères sous le soleil de Sardaigne

    4-format43.jpgVittoria, une gracile et timide rouquine de dix ans, vit avec ses parents dans un petit bled reculé de Sardaigne. L’amour débordant de sa maman Tina (Valeria Golino)  la console d’être souvent rejetée par les autres enfants à cause de sa chevelure flamboyante.

    A l'occasion d'une fête, Vittoria (Sara Casu) rencontre Angelica (Alba Rohrwacher). Elle est fascinée par cette blonde fantasque au teint diaphane, une allumeuse provocante à l’esprit libre et au tempérament explosif. Le contraire de sa mère ultra protectrice, conservatrice, responsable et posée. Elle lui rend de plus en plus fréquemment visite dans sa ferme, à quelques kilomètres du village, provoquant l’inquiétude et la jalousie de Tina.

    Le malaise s’installe et Vittoria comprend assez vite qu’un secret liant les deux femmes est à l’origine de leur affrontement croissant. Elle n’est pas la fille de la sage Tina, à qui l’irresponsable Angelica, accumulant les dettes et les hommes, incapable d’élever une enfant, l’avait confiée. Tout en arbitrant ce combat entre la madone et la putain, la fillette, d’abord choquée et ne sachant à quel modèle se vouer, va courageusement finir par trouver sa propre identité.

    Figlia Mia, mélodrame émouvant en forme de chronique féminine avec références à la tragédie grecque, porté par trois comédiennes très convaincantes, est signé de l’Italienne Laura Bispuri. Elle avait séduit avec Vierge sous serment, où Alba Rohrwacher jouait déjà le rôle-titre. Amatrice de contrastes, la réalisatrice a choisi, après le froid de l’Albanie où se déroulait son premier long métrage, la chaleur et la lumière de la Sardaigne, évitant toutefois soigneusement le côté carte postale.

    bispuri.jpgLa complexité de la maternité

    Auteur d’un cinéma physique, elle a longuement sillonné l'’ìle pour découvrir des lieux qui s’accordent avec ses protagonistes. "La Sardaigne a une très forte identité et les paysages fonctionnent comme un miroir des personnages", nous dit-elle lors d’une rencontre à Genève. "Et j’avais besoin de cette lumière chaude pour créer l’atmosphère".

    Laura Bispuri évoque la maternité à travers le duel que se livrent mère adoptive et mère biologique, si radicalement opposées que cela peut paraître caricatural. "Il ne s’agit pas seulement de cela. D’autant qu’en fait, chacune a son côté noir et blanc. La madone n’est pas un ange et la vamp n’est pas qu’un démon. En plus elles se rapprochent au fur et à mesure du développement du récit".

    Par ailleurs, ce dont elle parle surtout, c’est de la complexité de la maternité, en posant la question de la vraie mère. "Moi, je les place au même niveau. Pendant le film, Vittoria apprend quelque chose d’important à propos d’Angelica, qui elle comprend que sa fille peut l’aimer autant que Tina".

    Un cordon ombilical entre les personnages

    Laura Bispuri a corsé les choses en écrivant trois partitions égales. "C’est très difficile pour tout, le scénario, la mise en scène, l’action. Mais je voulais qu’il y ait un mouvement émotionnel, un cordon ombilical entre mes comédiennes et c’était le seul moyen".

    Si le choix d’Alba Rohrwacher et de Valeria Golino semblait évident, il n’en allait pas de même de Sara Casu.«J’ai mis huit mois à la trouver, en cherchant notamment dans les écoles. Je dois avoir vu un millier de gamines. Je la trouve extraordinaire. Elle n’avait jamais joué, ne serait-ce qu’un minuscule rôle dans un spectacle de fin d’année. Et là, elle se révèle. C’est la plus forte des trois. Au début elle est perçue comme une porcelaine fragile et à la fin, c’est une super héroïne… »

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 12 septembre

     

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  • Grand écran: "McQueen", portrait passionnant du fascinant génie britannique de la mode

    McQueen_ImageArticle02.jpgJe fais défiler les horreurs de mon âme sur les podiums…. Une phrase choc mais qui n’étonne guère de la part d’Alexander McQueen, le célèbre, fascinant et provoquant couturier britannique gay, descendu en flammes, haï ou adulé, mort à 40 ans il y a huit ans. Un visionnaire à qui le Genevois Ian Bonhôte et Peter Ettedgui ont consacré un passionnant et émouvant portrait.

    Il débute au Saint-Martin’s College Of Art And Design, pépinière de talents où il est repéré  par la journaliste de  mode Isabella Blow. Elle va le propulser vers les sommets. L’ascension est même fulgurante pour ce bad boy avant-gardiste, né dans un milieu modeste, d’un père chauffeur de taxi et d’une mère enseignante qu’il vénérait.

    260px-Alexander_McQueen_by_FashionWirePress.jpgSans un sou en poche, le «hooligan» de la fringue débarque à Paris et intègre la maison Givenchy dont il devient le directeur artistique. Le contraste avec son monde et son approche de la mode est saisissant. Mais il garde son propre label où il donne libre cours à sa créativité, son inventivité au sein d’un univers trouble, glauque, puisant son inspiration dans l’histoire, la danse, la peinture, la musique, la littérature et le cinéma.

    Défilés extravagants destinés à choquer

    Amoureux du drame et du scandale, désireux de choquer, le concepteur de vêtements déments imagine des défilés extravagants où il déploie son sens du spectacle, de la théâtralité, de la chorégraphie. A l’image de sa collection Le viol de l’Ecosse en 1995, proposant des  habits déchirés, lacérés au niveau des seins, avec des traces d’urine à l’entrejambe…  La presse se déchaîne.

    Toujours sulfureuses, ses collections avaient un thème, comme son utilisation de robots qui aspergeaient de peinture un mannequin en robe blanche, son  époustouflant hologramme de Kate Moss, son hommage à Hitchcock, sa mise en scène dans un asile psychiatrique, sa  dénonciation de la société de consommation dans Horn Of Plenty, ou sa dernière présentation, Plato’s Atlantis, filmée par des drones. Elle raconte un monde sous-marin hostile, avec des robes-méduses, des corps recouverts d’écailles, de corail…

    Images d'archives, vidéos et témoignages 

    Le documentaire tente ainsi de percer la personnalité complexe d’Alexander McQueen, homosexuel déclaré, abusé dans son enfance, grassouillet avant de se faire poser un anneau gastrique. Entre les shows extraordinaires, les réalisateurs proposent des images d’archives, de surprenantes vidéos intimes et inédites.

    Tous ces témoignages, dont ceux (un peu trop nombreux et répétitifs) des siens et de son entourage, évoquent l’excessif artiste de génie en symbiose avec la nature, mais aussi un homme obsessionnel, triste, torturé, miné par la drogue et l’alcool. Séropositif, il s’est pendu le 11 février 2010, la veille de l’enterrement de sa mère.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 5 septembre.

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  • Grand écran: avec "De chaque instant", Nicolas Philibert suit le difficile parcours de stagiaires infirmiers

    de-chaque-instant.jpgTrès intéressé par l’apprentissage, l’auteur du célèbre Etre et avoir (2002), tourné dans une école à classe unique en milieu rural, Nicolas Philibert propose De chaque instant. Le réalisateur français a décidé de suivre, sur trois ans, les élèves d’un institut de formation en soins infirmiers.

    Filles (une grande majorité) et garçons vont partager leur temps entre cours théoriques, exercices pratiques et stages sur le terrain. Un parcours difficile et intense qui leur permettra d’acquérir un grand nombre de connaissances, de maîtriser les gestes cruciaux, tout en se préparant à endosser de lourdes responsabilités.

    Souvent très jeunes, ils sont confrontés tôt à la fragilité humaine, aux fêlures des corps et des âmes, à la souffrance, à la maladie, à la mort. C’est ce que retrace l’opus divisé en trois parties. Chacune d’entre elles a une tonalité différente, la troisième rassemblant les témoignages des stagiaires qui expriment leur ressenti aux formateurs.

    Un film instructif, émouvant, non dénué d'un certain humour, qui vous laisse découvrir, en même temps que les protagonistes, le stress, les tensions, la réalité économique, la multiplication des tâches, l’obligation du rendement.

    Nicolas Philibert pensait traiter ce sujet depuis quelque temps. «Et puis j’ai fait une embolie en 2016, qui m’a expédié aux urgences et aux soins intensifs. Ce fut le déclic et ma volonté de rendre hommage à ce métier discrédité, déconsidéré, méprisé, mal payé, à des jeunes ou moins jeunes engagés, mobilisés. Un besoin de dire qu’il y a un savoir infirmier comme il y a un savoir médical. Et que ce n’est pas le même». Voir l’entier de l’article avec l’interview de Nicolas Philibert réalisé lors du Festival de Locarno dans notre note du 4 août dernier.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 29 août.

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