Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

le blog d'Edmée - Page 171

  • Festival de Locarno: c'est parti pour le cru 2019 de Lili Hinstin, sa nouvelle directrice

    Locarno, un festival mondial qui s’autorise de gros risques, qui secoue, surprend, dérange, interroge... Un festival où, après avoir été découverts, les artistes entament régulièrement une carrière internationale... Un festival hors norme avec l’écran géant de la Piazza Grande, la liberté de sa programmation, le mélange de stars, de grands auteurs et de jeunes cinéastes assumant avec détermination son rôle de phare et de tête chercheuse…

    C’est par ces mots que la nouvelle directrice, la Française Lili Hinstin, successeure de Carlo Chatrian parti s’occuper de la Berlinale, a présenté la 72 édition locarnaise. Elle est dédiée à Freddy Buache, le cofondateur de la Cinémathèque suisse disparu en mai dernier, avec notamment la projection .du court-métrage Lettre à Freddy Buache (1981) de Jean-Luc Godard.

    Magari de la réalisatrice italienne Ginevra Elkann (photo ci-dessus) ouvrira les feux mercredi 7 août sur la Piazza Grande, l’un des piliers de la manifestation tessinoise. Elle se terminera le 17, toujours sous les étoiles, avec To The End Of The Earth du Japonais Kiyoshi Kurisawa. Entre les deux se succèderont action, thriller, comédie romantique, dont deux films de Cannes, Once Upon a Time… in Hollywood de Quentin Tarantino avec Leonardo DiCaprio et Brad Pitt au top, ainsi que le passionnant documentaire d’Asif Kapadia, Diego Maradona.

    Innovation sur la célèbre place avec Crazy Midnight, une sélection d’une demi-douzaine de films montrés en deuxième partie de soirée. En fait partie Die Fruchtbaren Jahre sind vorbei, une comédie absurde de la Suissesse Natasha Beller.

    Compétition et rétrospective

    Deuxième point fort de ce cru 2019, la compétition comptant 17 longs métrages en provenance du Brésil, de Syrie, d’Allemagne, de France, des Etats-Unis, d’Islande, d’Italie, d’Espagne, de Suisse... Ils se disputeront le Léopard d’or sous l’oeil du jury présidé par la réalisatrice Catherine Breillat. Le concours, qui marque le retour du Portugais Pedro Costa, verra comme d’habitude alterner réalisateurs confirmés et débutants.

    Importantes aussi les autres sections du festival, dont Cinéastes du présent. Moving Ahead (volet expérimental), Léopards de demain, Histoire(s) du cinéma, Open Doors Screenings. Sans oublier bien sûr la traditionnelle rétrospective. Intitulée Black Light, elle reflète le cinéma noir international du XXe siècle, tout en allant au-delà des frontières déjà connues et dépassant le problème identitaire ou social.

    Touchant l’Europe, l’Amérique du Nord, du Sud ou les Caraïbes, elle se compose de 47 métrages réalisés par Zozimo Bulbul, Sidney Poitier, Ousmane Sembene, Med Hondo… Premier rendez-vous le 6 juillet avec Do The Right Thing de Spike Lee à l’occasion de la soirée pré-festival. 

    Artistes à l’honneur

    Le Léopard d’honneur sera décerné à John Waters, auteur de Pink Flamingos, Hairspray, Cry Baby, Serial Mother, mais surtout de Polyester que les spectateurs auront l’occasion de (re)découvrir. Ainsi que Female Trouble et Dirty Shame, dernière fiction en date du cinéaste de Baltimore.

    Hilary Swank, grande invitée de la soirée du vendredi 9 août sur la Piazza Grande recevra elle le Leopard Club Award. L'hommage sera accompagné de la projection de Boys don't Cry de Kimberly Peirce (1999) et de Million Dollar Baby de Clint Eastwood (2004). Deux films qui lui ont valu l’Oscar de la meilleure actrice,

    Egalement honorés Fredi M. Murer, réalisateur, scénariste, photographe, dessinateur suisse, avec le Pardo alla carriera, et son compatriote l'acteur l’acteur Bruno Ganz décédé en février dernier.

    Locarno du 7 au 17 août.

    Lien permanent Catégories : La griffe du léopard
  • Grand écran: Quentin Dupieux filme un fou dans "Le daim". Avec un excellent Jean Dujardin

    jean-dujardin-le-daim-1.jpgDans ce film de fêlés, le Français Quentin Dupieux, qui inaugurait en mai dernier avec succès la Quinzaine des Réalisateurs à Cannes, fait à nouveau d’un objet banal un personnage de cinéma. Après le pneu tueur de Rubber, on découvre un blouson diabolique que déniche Georges (Jean Dujardin). Au bout du rouleau, ce quadra dépressif a tout plaqué du jour au lendemain pour l’acquérir et se retrouve dans un bled de montagne qui fout les boules….

    L’achat vire à l’obsession. Tout tourne désormais autour de ce ridicule blouson moche à franges trop court 100% daim, sous l’emprise duquel Georges ne tarde pas à tomber. Il est non seulement possédé par l’esprit de ce vêtement avec qui il dialogue, mais ils ont chacun un rêve. Le blouson d’être seul au monde et Georges la seule personne au monde à en porter un. Cela finit par le plonger dans un délire criminel.

    «Le dialogue entre les deux est très écrit. Je suis assez rigide sur le texte, l’impro est réservée à l’interprétation», explique Quentin Dupieux, qui précise par ailleurs avoir eu envie de filmer un fou plutôt que de faire un film dingue. «Je ne m’étais jamais vraiment confronté à un personnage qui débloque. C’est donc mon premier film réaliste».

    Réaliste peut-être, mais surtout un métrage absurde et jubilatoire à l’humour noir. Il repose presque intégralement sur la performance de Jean Dujardin. Il excelle dans son rôle (l’un de ses meilleurs) de sociopathe fétichiste autodestructeur, se prétendant metteur en scène, le vendeur du blouson lui ayant par la même occasion refilé une caméscope.

    Chacun y a mis ses névroses et ils sont tous givrés, à l’image d’Adèle Haenel en serveuse de bar cinéphile, qui a exigé d’être au moins aussi folle que son partenaire, manipulateur... manipulé. Objectif atteint!

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 10 juillet

    Lien permanent Catégories : Sorties de la Semaine
  • Grand écran: avec "Parasite", le Sud-Coréen Bong Joon-ho revisite la lutte des classes. Brillant

    cinema_-_coree_du_sud_-_parasite_-_bong_joon-ho_-_2019.jpgLe cinéma asiatique continue à atteindre les sommets. L’an dernier, le Japonais HIrokazu décrochait la Palme d’or avec Une affaire de famille qui évoquait des laissés pour compte, vivotant de petites arnaques. En mai dernier, le jury la remettait à Bong Joon-ho pour Parasite, où le Sud-Coréen traite du même sujet en se penchant sur le sort des oubliés de la société capitaliste.

    Il suit un couple de chômeurs habitant un sous-sol sordide à Séoul avec ses deux enfants recalés à l’examen d’entrée à l’université. Jusqu’au jour où le fils décroche un boulot chez des bourgeois nageant dans le luxe en donnant des cours d’anglais à leur fille aînée.

    Violence des rapports sociaux

    A coups de subterfuges, il fait embaucher sa sœur pour apprendre le dessin au petit dernier, puis son père et sa mère comme chauffeur et gouvernante. Alors que le quatuor squatte les lieux en l'absence des propriétaires (photo), les choses ne vont pas tarder à se gâter…

    Avec cette satire féroce et grinçante où il revisite la lutte des classes entre maîtres nigauds et valets finauds, le réalisateur continue à condamner la violence des rapports sociaux dans son pays, en brossant le portrait d’un monde d’injustices et d’inégalités. Un monde où les pauvres n’ont d’autre choix que de voler les riches pour subsister.

    Une mise en scène virtuose 

    Il s’y prend de telle façon que non seulement on s’attache a ses arnaqueurs sans scrupule, mais qu’ils nous gagnent carrément à leur cause. Car les parasites ne sont évidemment pas seulement ceux qu’on écrase négligemment, mais aussi ceux qui les exploitent sans se rendre compte de leur indécence. Une constatation sans le moindre propos moralisateur, tous les protagonistes, remarquables, se voyant pris dans un engrenage dont ils ne sortiront pas indemnes.

    Le réalisateur de Memories Of Murder, The Host ou Snowpierce les y entraîne à l’aide d’une mise en scène virtuose et d’un récit qui l’est tout autant. Oscillant, le tout étant parfaitement maîtrisé, entre la satire, la comédie noire, le drame, le polar, le thriller cruel qui confine à l’horreur, Bong Joon-ho propose un film à la fois drôle, sombre, burlesque, brutal, inquiétant, complexe. C’est brillant.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 19 juin.

    Lien permanent Catégories : Sorties de la Semaine