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Sorties de la Semaine - Page 264

  • Grand écran: "Selma", la longue marche historique de Martin Luther king

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    "La marche n’est pas terminée", lançait Barack Obama samedi dernier dans son discours à Selma, Alabama, où il s’était rendu avec sa femme et ses deux filles, pour  commémorer le 50e anniversaire des grandes marches qui ont contribué à l’adoption, par le Congrès, de la loi garantissant le droit de vote aux minorités.

    Le premier président noir des États-Unis a rappelé que plusieurs efforts restaient à faire pour atteindre l’égalité, mais que les choses s’amélioraient.

    C’était loin d’être le cas en 1965. Alors que le 15e amendement permet en théorie à tous les Noirs américains de voter depuis 1870, près de 100 ans après certains états du Sud, dont l’Alabama et son gouverneur George Wallace, refusent toujours d’appliquer la loi. Du gâteau pour les petits fonctionnaires locaux, qui en profitent pour humilier ou menacer les citoyens noirs.

    Ainsi à Selma, seuls 2% d’entre eux sont inscrits sur les listes électorales. Martin Luther King, auréolé du Nobel de la paix reçu en 1964 à Oslo (c’est par ces images que débute le film), a l’intention de faire plier Lyndon B. Johnson, hôte de la Maison Blanche depuis l’assassinat du président Kennedy, en le contraignant à signer le Voting Rights Act.

    Terrible répression policière

    Le dimanche 7 mars 1965, en compagnie de collègues pasteurs non-violents, il organise une longue marche entre Selma et Montgomery, la capitale de l’Etat. Les choses tournent au chaos et donnent lieu à une répression policière meurtrière sans précédent sur l’Edmund Pettus Bridge, qui traverse la rivière Alabama.
     
    Les images de ce qui fut appelé le "Bloody Sunday" choquent l’Amérique. Pour apaiser les tensions, Johnson intervient auprès du Dr King qui, dans le doute, accepte de faire stopper une deuxième marche au pied du pont au risque de mécontenter ses adeptes. Mais le 25 mars, il ouvre un cortège de quelque 4000 personnes. Ils sont 25.000 à l’arrivée. Le 6 août, le président paraphe le Voting Rights Act. 

    Le grand intérêt de Selma de la cinéaste afro-américaine Ava DuVernay, c’est de ne pas se lancer dans le biopic traditionnel et hyper classique. Renonçant à se  pencher sur toute la vie de Martin Luther King, elle a choisi de se concentrer sur cette période-clé de son existence. 

    Dans cette optique, tout en évitant l’hagiographie, elle laisse dans l’ombre des aspects de la personnalité du leader charismatique, ne faisant qu’effleurer des sujets tabous comme par exemple ses nombreuses et scabreuses aventures extra-conjugales. Qui lui ont valu un chantage de la part de FBI alors dirigé par le tout-puissant J. Edgar Hoover.

    Certains grincent des dents, regrettant un trop grand respect de l’icône. Mais on ne le lui reprochera pas trop. En l’occurrence, le but n’est  pas de mesurer le degré de sainteté du pasteur, mais d’évoquer un homme porté par son incessant combat pour l’égalité raciale, un visionnaire et un fin politicien doublé d’un redoutable négociateur.

    images19C245Q7.jpgDonnant libre cours à son sens de la dramaturgie et à sa connaissance du sujet, la réalisatrice a ancré son film dans un passé qui fait écho au présent. Les antagonismes entre communautés noire et blanche demeurant vifs, comme nous l’ont rappelé les récentes émeutes de Ferguson. De ce fait Ava DuVernay livre un drame politique à la fois spectaculaire, poignant, édifiant et instructif. Un pan d’histoire en forme de rappel absolument nécessaire.

    Une réussite à laquelle contribuent les comédiens, à commencer par  David Oyelowo (photo), qui enfile avec talent le costume de son impressionnant personnage. A ses côtés, Tom Wilkinson se révèle parfait dans le rôle d'un Johnson au comportement dominateur, à l’image de Tim Roth, dans celui de Wallace, le très agressif gouverneur raciste. On n'en dira pas autant d’Oprah Winfrey, qui ne peut s’empêcher, comme toujours ou presque, de tomber dans la caricature. 

    Film à l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 11 mars.

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  • Grand écran: "Still Alice", avec Julianne Moore oscarisée pour son rôle de victime d'Alzheimer

    NExfzWhlijhrAB_1_b[1].jpgLes mots qui s’envolent, l’intense frustration de les voir mais de ne pouvoir les attraper, la mémoire qui se trouble, les souvenirs qui s’évanouissent, la sensation que le sol se dérobe sous ses pieds, celles de ne pas savoir où elle se trouve, de disparaître en quelque sorte petit à petit sous ses propres yeux.

    C’est la tragédie que commence à vivre Alice Howland. Heureusement mariée, mère de trois enfants adultes, professeur de linguistique admirée de ses pairs, cette brillante quinquagénaire apprend qu’elle est atteinte d’un Alzheimer précoce. Comment faire face à cette terrible maladie, qui va évidemment affecter également la vie de toute sa famille?

    Pour incarner cette femme, les réalisateurs Richard Glatzer et Wash Westmoreland, qui ont adapté le roman éponyme de Lisa Genova, ont fait appel à Julianne Moore, oscarisée pour le rôle et sacrée meilleure actrice au dernier festival de Cannes pour Maps To The Stars de David Cronenberg.

    Un excellent choix. La comédienne, qui s‘est astreinte à de nombreuses recherches se pliant notamment à un test de mémoire avec un neuropsychiatre pour mieux se mettre dans la peau du personnage, se montre très convaincante.

    Jouant avec les expressions de son visage, de son regard de plus en plus vide, elle a une façon à la fois sobre et bouleversante d’interpréter les ravages de cette lente et inexorable dégénérescence des neurones. Terrible pour tous ceux qui en sont victimes, mais davantage encore pour une intello dotée d’un langage choisi et d’une grande facilité d’élocution.

    La performance de Julianne Moore, de tous les plans, est en fait la raison essentielle, sinon la seule, d’aller voir le film qui ne brille ni par son scénario convenu, ni par sa mise en scène bien plate. On n’est pas non plus subjugué par les partenaires de l'actrice, dont Alec Baldwin, le mari, ainsi que ses trois enfants, Kristen Stewart, Kate Bosworth et Hunter Parrish.  

    Film à l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 11 mars.

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  • Grand écran: "Red Army", l'extraordinaire aventure de "l'invincible armada" du patin soviétique

    images[4].jpgCCCP, le sigle gagnant sur des maillots rouges. Avec ses huit médailles d’or olympiques et ses dix-neuf couronnes mondiales, la Red Army qui a transformé le hockey en redoutable arme de propagande, était le symbole du socialisme triomphant, la preuve vivante que le système fonctionnait…

    Dans un documentaire passionnant, l’Américain Gabe Polsky, lui-même fervent adepte du palet, nous replonge au temps de la Guerre froide, sur glace et en-dehors, en racontant l’extraordinaire aventure de la célèbre dominatrice des compétitions internationales entre 1976 et 1991.

    Le destin de cette dynastie unique dans l’histoire du sport est intimement lié à celui de l’URSS d’alors, mue par une volonté obsessionnelle de puissance et dont l’auteur brosse un portrait très critique, sinon accablant. Comme son pays, la Red Army connaît la grandeur et la décadence, avant d’être secouée par l’éclatement du bloc soviétique.

    Dépendante de l’armée, cette véritable machine à gagner sélectionnait les meilleurs au berceau ou presque. Formés à l’esprit d’équipe, ils étaient aussi biberonnés au sacrifice patriotique face au capitalisme. 

    RedArmy[1].jpgParlant non sans arrogance face caméra, l’atout maître de Red Army, mettant constamment en parallèle la crosse et le pays, tout en insistant sur les antagonismes Est-Ouest, c’est  l’ancien capitaine légendaire Slava Fetisov (photo). 

    Avec ses quatre coéquipiers Alexei Kasatonov, Vladimir Krutov, Sergei Makarov et Igor Larionov, il formait le quintet mythique d’un team adulé à domicile, craint, admiré et respecté par les grands clubs étrangers, à commencer par les Etats-Unis et dont le parcours hors du commun lui a valu sa quasi invincibilité pendant des années. 

    A la base du succès, une cohésion sans faille, la primauté de l’intérêt commun sur les exploits individuels, et un jeu particulièrement créatif, tout en vitesse, finesse, légèreté et contrôle, prôné par un entraîneur s'inspirant du Bolchoï et les échecs. Résultat, une suprématie tactique et sportive totale, peaufinée dès 1977 à coups de serrages drastiques de boulons par l’homme du KGB, le terrible coach Viktor Tikhonov.

    Ces forçats du patin broyés par l’autorité politique étaient entraînés à la dure dans un camp spécial dédié à une épuisante préparation physique. Ils vivaient en autarcie loin de leurs proches onze mois sur douze, constamment sous surveillance et sous pression psychologique. Un régime draconien qui ne les a pourtant pas empêchés d’aligner les victoires jusqu’à l’effondrement de l’URSS.

    RedArmy1[1].jpgVers la fin des années 80, perestroïka oblige, Fetisov manifeste, à l’instar de ses camarades, l’envie d’aller jouer dans les grands clubs américains. Auréolé du statut de héros national il est bientôt condamné comme ennemi politique.

    Moscou lui met des bâtons dans les roues mais il tient tête au Kremlin et, malgré les intimidations, les menaces et les violences, finira par jouer aux Etats-Unis. Un exil allant d’abord de pair avec des performances moyennes pour lui et lees autres  génies russes, avant la formation d'un fameux  "Russian Five" au sein du club de Detroit. 

    Rentré au pays, Fetisov a pris sa revanche. Ministre des Sports de Poutine entre 2002 et 2008, il est aujourd’hui sénateur et continue à évoluer dans les cercles du pouvoir. Il fut aussi l’un des principaux  artisans des jeux de Sotchi en 2014. 

    Allant au-delà du sport, la force du film de Gabe Polsky réside dans des images d’archives saisissantes, des entretiens parfois sidérants de joueurs et autres protagonistes de l’époque, des témoignages émouvants et de brillantes séquences de jeu .Du coup il parle à tout le monde.

    Si les mordus de la rondelle prendront leur pied en retrouvant leurs idoles, nul besoin pourtant de connaître le hockey, ses règles et son histoire pour s’intéresser à ce documentaire aussi fascinant qu’instructif. Divertisant de surcroît, il ne manque pas d’ironie.  

    Film à l’affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 4 mars.  

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