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  • Grand écran: "Speak No Evil", rencontre dangereuse sous le soleil de Toscane...

    L’intrigue, à combustion lente, débute par des vacances en Toscane. Ben et Louise (Mackenzie Davis et Scoot McNairy), Américains vivant à Londres avec leur fillette Agnès (Alix West Lefler) rencontrent une famille britannique composée de  Paddy, Ciara (James McAvoy, Aisling Franciosi) et leur jeune fils Ant (Dan Hough) 

    Les premiers traversent une crise conjugale, les second, ’exhibent sans complexes leur relation amoureuse. sans nuage.  Tout ce petit monde se réunit autour de dîners et de balades sous le chaud soleil italien. On promet de se revoir…  

    Paroles en l’air? Pas du tout. Après les vacances, Paddy et Ciara invitent Ben et Louise à passer un week-end dans leur maison isolée, à la campagne. Les Américains ne sont pas très chauds, mais finissent par accepter. C’est là que les choses vont dégénérer. 

    Cela commence par des détails dérangeants, des remarques désagréables de la part de Paddy, qui devient de plus en plus grossier et agressif.  La gêne s’installe, la tension ne cesse de monter, au point que les invités décident de partir. Mais Agnès oublie son doudou dont elle est incapable de se séparer. Les parents retournent le chercher et se laissent convaincre de rester encore une nuit, au cours de laquelle Ben, terrorisé, découvre une pièce mansardée recouverte de photographies de vacances terriblement révélatrices.…  

    On bascule alors dans un cauchemar qui culmine dans un troisième acte sanglant, avec gros plans sur tout ce qui fait mal et où l’affreux Paddy, montrant sa vraie nature, se déchaîne. Il donne libre cours à la férocité de sa nature bestiale dans ce film d’horreur qui symbolise les conventions sociales et la violence que les uns peuvent accepter des autres.   

    Speak No Evil, dont on retiendra notamment l’interprétation convaincante des comédiens adultes et enfants  est un remake américain  d’un film danois du même titre de Christian Tafdrup, sorti en 2022. Le réalisateur James Watkins suit en gros l’intrigue scandinave, mais a décidé de livrer un final différent. A noter que certains critiques jugent l’ensemble de l’opus, pourtant très noir, comme une version bisounours de l’original. A méditer pour les fans du genre.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 18 septembre. 

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  • Grand écran: dans "Ni chaînes ni maîtres", les esclaves se révoltent au péril de leur vie

    Le premier long métrage du Franco-Béninois Simon Moutaïrou est basé sur des faits historiques. Abordant de front une terrible réalité. Le réalisateur nous ramène ainsi en 1759 à L’ Isle de France (actuelle Île Maurice), pour nous raconter l’histoire de Massamba (Ibrahima Mbaye)et de sa fille Mati. (Anna Diakhere Thiandoum). Esclaves originaires du Sénégal, ils travaillent dur dans l’enfer de la plantation de canne à sucre d’Eugène Larcenet (Benoît Magimel), personnage d’une rare cruauté sous des dehors paternalistes à l’occasion.  

    Responsable de ses malheureux congénères, parlant aussi bien sa langue, le wolof, que celle des Blancs que lui a enseignée le fils d’Eugène maître, un jeune abolitionniste, Massamba rêve d’être affranchi, ainsi que Mati (photo). Cette dernière n’a pourtant qu’une idée en tête, se sauver pour rejoindre d’autres esclaves qui ont réussi à échapper à leur calvaire.   

    Or le marronage (fuite de la propriété du maître) est atrocement puni en cas d’échec. Marquage au fer à la première tentative, oreilles coupées à la deuxième, mort à la troisième pour ces individus  sans âme», ces «bêtes» auxquelles on peut tout faire subir.. Mais Mati a le courage de s’évader malgré le danger. Le propriétaire fait appel à la redoutable et implacable chasseuse d’esclaves Madame La Victoire (Camille Cottin) pour la traquer sans relâche, en compagnie de deux garçons.  Massamba n’a alors pas d’autre choix que de fuir à son tour et de tenter l'impossible .pour éviter le pire à sa fille.   

    Au sein d’une nature hostile, la lutte est impitoyable entre les marrons prêts à tout risquer pour leur liberté et leurs féroces poursuivants sûrs de leur bon droit. Ce film réaliste teinté de mysticisme et de spiritualité, où se mêlent suspense, violence, action, est principalement et puissamment porté par le charismatique Ibrahima Mbaye, grand acteur du théâtre sénégalais, La jeune débutante Anna Diakhere Thiandoum se montre à la hauteur dans le rôle de Mati. De leur côté Camille Cottin et Benoît Magimel se glissent plutôt bravement dans ce rôle peu enviable d’esclavagistes capables de torturer, écraser, tuer sans scrupule des êtres «inférieurs». 

    Rencontré récemment à Genève, Simon Moutaïru, qui a fait ses premières armes en tant que scénariste ( Boîte noire, Goliath notamment), nous en dévoile plus sur Ni chaînes Ni maîtres, qu’il a également écrit. Un projet qui lui tenait à cœur depuis longtemps, à la fois en raison de son origine béninoise et de la découverte lors d’un séjour à Maurice, d’un haut lieu marronage, l’imposante montagne du Morne Brabant. 

     Il s’agit d’une importante page de l’histoire de France, très peu racontée, que celle de ces vaillants marrons qui se sont enfuis au péril de leur vie pour conquérir leur liberté, reprendre en mains leur destin. Mon film est symbolique de la lutte contre toute oppression ».  

    Beaucoup de  longs métrages ont été tournés sur l’esclavage. Ne craigniez-vous pas qu’on parle  du vôtre comme un de plus sur le sujet? 

    Entre films, téléfilms et séries, il  est vrai que les Américains en ont tourné quelque 70. Les Français seulement trois. Cela dit,  ni les uns ni les autres ne rendent compte du Wolof, peuple de l’actuel Sénégal, comme dans le mien. Bien sûr des Django Unchainend ou Twlelve Years A Slave m’intimidaient. Mais j’ai choisi ma propre voie.

    J’imagine que vous vous êtes livré à de nombreuses recherches. 

    Absolument. Je me suis documenté pendant deux ans. J’ai travaillé avec des historiens, des ethnologues. Tout en mêlant des histoires vraies et mon imagination d’auteur, Je voulais rendre compte d’une réalité en étant le plus précis possible. J’ai écrit la fin de l’intrigue à l’Île Maurice.

    Parlez-nous des comédiens

    Ibrahima s’est tout de suite imposé. Il fallait de l‘expérience, de la justesse. C’était dur quand même pour un Black de jouer un esclave. En ce qui concerne Anna, je l’ai choisie dans un casting de 500 filles. Elle a surnagé et a immédiatement fait sien son personnage.

    Et en ce qui concerne Camille Cottin et Benoît Magimel ? Ont-ils tout de suite accepté cette incarnation de barbares commettant des actes monstrueux?

    J’avais suivi Camille en tant que spectateur. Je lui trouvais un regard qui pouvait donner un personnage vénéneux, sombre. Elle a du mystère. J’ai mis un petit temps à la convaincre. Elle est venue à la lecture du scénario et ça s’est bien passé. Elle a senti que j’étais dans la sensibilité. Benoît a aussi eu besoin de comprendre le personnage. Ensuite, il s’est totalement investi en jouant les extrêmes, se montrant plus paternaliste et plus violent selon les circonstances. 

    On retrouvera Simon Moutaïru avec une série sur les pharaons. « J’adore autant lhistoire que le cinéma » 

    Ni chaînes ni maîtres à l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 18 septembre.

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  • Grand écran: "Les graines du figuier sauvage", charge haletante contre le régime de l'Iranien Mohammad Rasoulof

    Condamné à huit ans de prison début mai dernier, le réalisateur Mohammad Rasoulof avait fui son pays quelque temps auparavant de manière à pouvoir présenter en personne son film à Cannes. Vu l’accueil délirant reçu, la voie semblait toute tracée vers une Palme d’or. Mais l’Iranien a dû se contenter d’un Prix Spécial du jury. Projeté sur la Piazza Grande en août dernier, The Seeds Of The Sacred Fig, (Les graines du figuier sauvage) a sans surprise fait l’événement.

    Tourné clandestinement, entrecoupé d’images réelles de manifestation et de violences policières prises au portable, le film renvoie à "Femme, Vie, Liberté", large mouvement de protestation qui a culminé à la fin 2022, suite à la mort de la jeune Mahsa Amini. Avec un art consommé du récit, l’auteur propose un thriller politique et familial captivant, , où il se livre à une charge contre le régime. 

    Une inquiétante promotion

    L’histoire est simple, Marié ä Najmeh et père de deux filles étudiantes, Rezvan et Sana, Iman est nommé juge d’instruction au tribunal révolutionnaire de Téhéran, alors que le pays est secoué par une vaste contestation populaire. La promotion inquiète sa famille, qui se sent en danger. Vite désabusé, complètement dépassé par les événements, Iman décide de se conformer à l’absurdité, aux injustices et à la cruauté du système. Il approuve des condamnations à mort à la chaîne, sans se préoccuper de preuves.  

    L’Etat lui remet un pistolet qu’il range chez lui et qui, un jour, disparaît mystérieusement. Envahi par la méfiance et la paranoïa avec la vie qu’il est obligé de mener, Iman soupçonne de l’avoir subtilisé sa femme, ainsi que ses filles qui, contrairement à leur mère refusant de prendre position pour les protéger,, n’hésitent pas à soutenir le mouvement. 

    On arrive ainsi dans une dernière partie construite à la fois comme un film de genre et une métaphore d’un régime au bord de la chute. Imaginant que des opposants le traquent, Iman décide d’emmener Najmeh, Rezvan et Sana à la campagne dans une maison isolée, pour leur faire avouer le vol de son arme, en usant de brutalité. Il n’y parviendra pas, ce qui provoque un final à la fois symbolique et  extravagant…. 

    Un idée née en prison

    Lors de sa conférence de presse, à Locarno, le réalisateur, longuement applaudi, a raconté que son film a commencé quand il était en prison avec Jafar Panahi, autre cinéaste. « On essayait de voir ce qui se passait dans la rue. A ma sortie, j’ai fait beaucoup de recherches, pour en savoir le plus possible ». 

    Par la suite Rasoulof précise que l’idée lui est venue lors d’une rencontre alors qu’il aidait  un co-détenu en grève de la faim. "Un gardien est venu vérifier sa santé. Puis il s’est approché de moi et m’a donné un stylo. Au début je n’avais pas confiance. On a parlé quelques minutes et il m’a dit qu’il regardait toutes les portes de la prison pour savoir où il allait se pendre. Toute sa famille lui demandait pourquoi il faisait un travail aussi horrible".

    Il ajoute: "Il  s’est passé beaucoup de choses depuis ma sortie de prison, Je devais absolument commencer mon film  car je savais que je devrai retourner bientôt. Donc j’avais très peu de temps et le tournage a été extrêmement compliqué. J’ai réuni des personnes qui pensent comme moi, sans se soucier de la censure". 

    Mohammad Rasoulof ne cache toutefois pas que demeuraient la peur, la tension, les incertitudes,,  qui se retrouvent toutes dans l‘œuvre.. "En même temps, il n’était pas question que je la raccourcisse, que je la change à cause de la pression. Je devais montrer toute cette réalité. Avec tout ce que je voulais, toutes les émotions. J’ignore encore comment j’y suis arrivé face à tant de difficultés, pas assez de lumière, d’acteurs, de matériel... En plus j’ai eu le covid. je n’osais pas aller à l’hôpital de peur d’être reconnu… Mais finalement, j’ai réussi. Nous avons réussi, car  j’ai la chance d’avoir des collaborateurs extrêmement courageux, une équipe absolument fantastique à qui j’ai demandé de terminer le film."

    En effet, la postproduction avait à peine débuté que l'auteur apprend qu'il était condamné à huit ans. "Je n’avais plus le choix. Je suis parti car je voulais continuer à faire du cinéma".

    Les graines du figuier sauvage , à l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 18 septembre  

     

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